mercredi 15 décembre 2010

Mon ami avait bien raison: "il te faut faire suivre tes lecteurs sur ton blogue sur Ulule". Bon bon... d'accord alors voilà mon nouveau blogue http://fr.ulule.com/north-atlantic-row/news/paris-montreal-311/

Mais je suis certaine que les internautes qui m'ont suivi sur mon Blogger l'ont aussi fait sur Facebook, donc ils sont déjà au courant de mes futurs projets. Je reprendrai la plume de mon petit bateau et dès que mon projet sur Ulule prendra fin pour revenir sur Blogger.

C'est un rdv.

Mylène xx

mardi 23 mars 2010

Je reviens à Montréal

Je sais qu’il a fait très beau à Montréal la semaine dernière mais depuis mon arrivée, c’est plutôt londonien comme climat! Ca me fait sentir un peu plus proche de mes frères malgré l'Atlantique entres nous.

Je suis vraiment triste. Je savais que ca pouvais arriver. Je me sens seule.

C’est étrange que la vie soit si facile ici, j’ai des ustensiles pour manger, un téléphone à fil, internet haute vitesse et des cannes de bouffe dans le garde manger. Personne ne se soucie de l’espace et du poids qu’elles occupent sur ma tablette dans l’armoire, ici c’est complètement dérisoire. La vie sur terre ne sera plus jamais la même pour moi, le sel me manque énormément.

Je lance des appels chez des amis, j’ai quelques retours, je manque de temps. Peu m’appellent, je comprends que mes amies croient que j’ai des appels par milliers. La vie a continué de rouler ici comme si je n’avais jamais quitté. J’ai de la difficulté à savoir si l’hiver s’en vient ou s’en va, si le printemps arrivera.

Je suis bien contente pour toutes les entrevues et conférences qui s’en viennent même si je n’ai pas deux minutes à moi. J’ai parfois le tournis à penser combien les vagues étaient belles et combien la vie était simple sur l’eau. J’ai plus de travail qu’avant mon départ et je manque définitivement d’activité physique. Quand j’entends ‘’Athlète’’ j’ai le gout de tout de suite corriger! Croyez moi, je suis plus ‘’racquée’’ ici à ne rien faire qu’après quelques 120 heures de rame en 10 jours!!! Je vous jure tout est dans la tête. Je veux aller m’enfermer dans un gym ce soir très tard, juste pour aller réveiller tous ces muscles endormis depuis deux semaines et enfin tester mon genou droit. Aller mesurer encore une fois la petite fille qui se cache en moi.

Aujourd’hui, j’attends un appel, TVA en direct.com, 3 heures toute seule pour Québec et hop… mon esprit va enfin s’évader comme à mon poste de nage! J’ai hâte de rouler ma vieille bagnole en pensant à ma grande Sara G.

samedi 20 mars 2010

Terre ferme

Enfin remise de mes émotions une fois sur terre, la procrastination a emporté sur mon devoir de vous faire connaitre le reste de mon épopée!

J'ai, oh combien, pensé à vous, supporters et amis, gens de partout et d'ici, ceux venus à ma rencontre sur les rives de la Barbade et ceux m’encourageant du confort de leurs foyers, je vous dois bien quelques explications!!!

L'arrivée: Après avoir ramé les 2 heures les plus difficiles de toute la traversée, à quelques heures de toucher le sol, tout de suite après avoir accordé mon entrevue au Journal de Montréal, je suis tombée raide morte sur ma couchette. La toute dernière dose de Tramadol a aidé mon esprit à rejoindre les bras de Morphée. Ayant été blessée durant les deux semaines précédentes au genou droit, j'ai du faire un choix en catastrophe le matin du 10 mars: prendre ou ne pas prendre la petite pilule blanche qui m'avait déjà tant donné des comportements étranges mais combien de soulagement? En voyant mon genou presque doubler en superficie ce matin là j'ai tôt fait d'avaler la responsable de ce sommeil de fin de course. Durant que Pedro ramait près de 3 heures d'affilée pour me libérer la tâche; j'ai dormi.

À peine 10 minutes avant de toucher sol, mon skipper se battait pour me réveiller et me prier d'aller aux avirons! À peine assise à mon poste de nage, j'entendais déjà le cri de mes ‘’belles-sœurs’’ anglaises et irlandaises au Port!!!

Tout un mélange d’émotions. Dans ma tête, je ne comprenais pas très bien pourquoi j'avais dormi! Sans remords, puisque je ne sentais plus mon genou enfin, j’ai ramé les derniers coups de rames qui nous ont permis de toucher le quai. Je tentais de comprendre comment placer mes rames dans l’eau pour « déramer » et enfin toucher sol… j’étais confuse. Je me suis retrouvée dans un tourbillon de voix, de cris de joie et de visages heureux. En quelques secondes, mes frères ont quitté notre Sara pour se retrouver dans les bras de leurs douces moitiés. Je me suis retrouvée à m’inquiéter pour Sara, basculée de toute part que mon meilleur ami Denis, m’attendant sur le quai, a tôt fait de stabiliser pour me donner la chance d’embrasser ma grande amie Jen. Ma mère a suivi. Gros câlins au menu. Je cherchais mon père dans la foule.
Aussitôt sur le quai, on me demande mon passeport. Ahww!!! Je retourne dans ma cabine et prend soin de prendre mes drapeaux Québécois et Canadien. Je me retrouve dans un état d’esprit difficile à expliquer. Déchirée de laisser ma Sara mais tellement heureuse de retrouver mes amis et ma famille. Maman me tend un téléphone, dans le combiné ma sœur me dit : « On te voit sur les webcams !!! » après une brève conversation dont je n’ai pas saisi tous les mots, je vois mon papa qui m’attend patiemment. Mon amie Pauline m’embrasse probablement rapidement, j’en ai un vague souvenir. Je suis tellement heureuse de la voir parmi nous puisque son voyage n’étais peut-être plus possible quelques jours plus tôt. Je suis aux anges. Mon amie Sophie, avec qui j’ai appris à ramer il y a à peine 16 mois me serre doucement dans ses bras, elle me présente son cousin Jean-Luc, ils sont venus passer une semaine ici pour voir mon arrivée. Mon Denis me tend enfin une bière que je saisi sans hésitation! Un journaliste me pose des questions dans un anglais barbadien qui sonne tout nouveau pour moi. On me demande qu’est ce que ca fait d’avoir été la seule fille à bord, je m’aperçois que je m’exprime clairement en anglais, drôle de constatation devant les caméras! Une entrevue d’équipe suit. Je vois alors mes frères comme je ne les avais jamais vu rire autant, ca leur va bien!
On me demande comment je veux la cuisson de ma viande… une table nous attend avec 6 couverts. On attend Matt qui se trouve avec les douaniers. Après quelques jours, on apprendra que la responsable de la marina a eu les larmes aux yeux en voyant le respect que nous avons porté à notre capitaine en l’attendant. Un immense cheese-burger frites se trouve dans l’assiette, un verre d’eau et des glaçons, une bière et … des ustensiles!!! Wow des ustensilles que j’observe de près après quoi je mange le tout avec mes doigts!!! Un toast et un discours du capitaine. Je suis la deuxième à parler puisqu’on demande à la fille de l’équipe de partager son expérience. Mes frères suivront de leurs discours respectifs.
Je me retrouve enfin dans les bras de papa, première discussion. Mon papa me dit; « J’ai la chienne » je ne comprends pas et je le rassure en lui disant que j’ai été prudente, que je me suis redu sur la terre ferme et que je ne cours plus aucun danger. Il me répond qu’il a peur que j’y retourne seule!
Mon papa sait! Mon papa a tout deviné, je ne peux rien lui cacher.
Mon grand rêve a moi, c’est une solo, je suis venue ici pour apprendre et pour tester ma personne sur cette grande étendue d’eau, je suis venue guérir ma peur de l’eau, plonger toute seule dans l’océan, ramer des heures durant pour me demander une fois à terre une question toute simple : J’y vais, j’y vais pas? Pour être honnête avec vous; jamais je n’aurais cru que je trouverais ca si facile, je croyais en effet que l’aventure humaine serait mon défi de tous les instants et c’est ce qui s’est produit. L’aventure physique a été beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru, mon corps a reçu quelques coups, bien sur, la fatigue et le stress ont été très mobilisant. C’est de loin, le coté social de l’aventure qui a été la source de mes difficultés. Vivre en groupe m’a beaucoup appris.
Aujourd’hui je monte dans un avion mais c’est à la rame que j’aimerais rentrer. Je regarde le calendrier et je compte les possibilités… dans 14 ou 26 mois?
Tout est à faire. Le courage commence ici ou je suis seule à la Barbade pour prendre ma décision. Deux jours m’ont été nécessaire à réfléchir les 14 prochains mois de ma vie. Je regarde l’horizon, je me demande quelles découvertes je peux aller faire sur cette petite ligne bleue foncée qui brise le ciel bleu pale. Je dois me décider ici et maintenant. Je me sens tout comme juste avant de plonger dans le grand bleu toute seule. Je me sens exactement comme le jour où j’avais reçu un prospectus de course par courriel d’un certain Peter Willliams. J’avais lu cet important document en saisissant seulement 1 phrase sur 4 à cause de mes grandes lacunes en anglais. Tout ce que j’avais compris c’était 2 heures de rame et 2 heures de repos durant plus de 40 jours. J’étais consciente que je m’embarquais dans quelque dont je ne connaissais pas tous les aspects, de prime abord la langue. J’avais gribouillé tous les mots sur le papier, traduis l’ensemble sur internet et surligné les expressions en jaune, les questions en rose… Mon amie Marie-Josée avait été d’une patience exemplaire pour me donner le sens de la majorité du texte. Je me rappelle avoir signé le papier sans même connaitre le taux de change entre la livre sterling et le dollar canadien. Le document disait 15,000 livres sterling et je m’en foutais éperdument! Maintenant c’est pareil. Personne ne peut me dire avec exactitude combien va me couter mon aventure solo; mon embarcation, mes assurances, mes billets d’avions, les réparations, mon éolienne, ma ligne de vie et mon canot de survie… et 5 ipods! Tout ce qui est pertinent pour l’instant c’est de garder le focus sur mon rêve et me demander si je donne rendez-vous à l’Atlantique que j’ai tant aimé.
Je ne peux m’empêcher de répéter encore dans ma tête la même phrase inlassablement si souvent entre mes oreilles durant ma traversée : « Je vais y arriver! »
Si je fais tout dans le bon ordre je peux être certaine d’arriver à bon port et prier l’océan me laisser passer gentiment.
À bientôt Montréal et à bientôt l’océan…

mercredi 10 mars 2010

Jour 57 (10 mars) - Première québécoise à traverser l'Atlantique à la rame !!!

Mettez vos bouteilles de champagne au frigo car il ne reste que quelques heures au périple de Mylène !!!
(déf. de "périple": Navigation d'exploration autour d'une mer)

Je viens de parler à Mylène. Elle est de plus en plus radieuse, fébrile et partagée dans ses émotions. Elle est triste de laisser ses 5 collègues car cette expérience les a littéralement soudés ensemble. Mais combien joyeuse de retrouver ses parents et amis ce soir, de les serrer dans ses bras. Wow...l'émotion était palpable au point que Mylène ne pouvait vraiment me la décrire en mots...

Aucune allusion aux multiples zones de douleurs/irritations... Le focus reste sur la Barbade. Nous avons calculé ensemble l'heure d'arrivée; tentez de refaire l'exercice avec moi et imaginez que vous discutez avec Mylène. Il était 15h00 à Montréal, donc 16h00 heure de la Barbade. Le Sara G file à 2.5 noeud/h. (Rappelez-vous un noeud = 1 mille marin par heure). Il reste 15 miles marins donc divisé par 2.5 cela donne 6 heures qui ajouté à 16h00 donne 22h00 heure de la Barbade et 21h00 heure de Montréal...Pas évident...

Mon ami Michel Renaud a déniché un site (http://www.portstcharles.com/display.php?page=9) qui montre le Port St-Charles via 4 cameras Web. Vous pouvez ouvrir ces 4 plans et voir arriver le Sara G avec tous les drapeaux des pays à bord. Les images sont rafraichies aux 20 secondes.

Il reste à Mylène 1 quart et demi de travail, soit un cycle de 2 heures et un autre d'une heure. Elle m'a promis que chaque coup de rame sera dédié aux enfants malades de Ste-Justine. Ces petits coeurs lui donnent vraiment du courage et de l'énergie. Elle a vraiment ramé pour vous !!!

Je viens de parler à Alexandra Pouliot, la recherchiste de Paul Houde au 98.5FM pour l'émission "Montréal maintenant". Elle va appeler Mylène demain matin pour pré-enregistrer son bout d'émission qui passera en ondes vers 15h30 demain jeudi 11 mars. Vous pourrez donc entendre la voix rayonnante de notre chère Mylène.

Mylène me parlera demain après-midi à partir d'une ligne terrestre...qui ne coupera pas à toutes les 45 secondes et qui sera très facile à décoder.

Nous en sommes donc à 7640$...seulement 360$ du cap des 8000$. Allez donc visiter le www.rameatlantique.com et cliquer 2 fois successivement sur le carré jaune. Démontrons à Mylène notre support face à sa cause !!!

Je termine par une réflexion.

Mylène va réaliser SON rêve, celui de traverser l'Atlantique à la rame.
Au départ, elle avait certains handicaps que je me permet de survoler...
Elle craignait la communication car elle ne parlait pas couramment l’anglais et ses collègues ont un fort accès british ou irlandais...
Elle avait une «peur bleue» de l’eau, que peu de gens connaissaient...
Elle ne se sentait pas de calibre aux «gros gaillards» qui avaient une feuille de route assez éloquente...
Elle était la seule femme avec tous les désavantages d’être différente sur un très petit bateau...

Malgré tous ces handicaps, Mylène a quand même foncé !!!

Et vous ?
Vous en avez des rêves ?
Quels sont vos handicaps ?

Humblement,
Normand Lootzak pour Mylène Paquette

mardi 9 mars 2010

Jours 56 (9mars) - À moins de 100 miles du fil d'arrivé!

Depuis samedi dernier je laisse le téléphone libre et je sorts seulement pendant ses heures de rame; j'attends son appel. Elle me téléphonait chaque jour pour me donner sa "liste d'épicerie" et certaines directives. Parce qu'arrivé à la Barbade elle veut des vêtements propres, des souliers, des crèmes et des petits pots et surtout, techno comme elle est, elle veut son laptop et son vieux i-pod. Dès que je vois sur l'afficheur que le numéro commence par 8816 je réponds feuille et crayon à la main : "Allo Mimi ! Je t'écoute..." Et elle de me répondre : "Dit à maman que je veux.... " Vous comprendrez donc que je suis la grande soeur et que pour la première fois j'emprunte sa plume pour vous donner de ses nouvelles.

Comme je disait donc, j'attendais son appel jusqu'à ce que je sache qu'elle ne peut plus téléphoner : ses précieuses minutes sont épuisées. Ce matin, je lui envoie donc un texto lui annonçant que j'allais la téléphoner. Quelques minutes plus tard nous voilà en pleine conversation, près de 30 minutes de jasette. Il faut dire que la communication a été coupée au moins six fois et qu'il ventait par là.

Contrairement à ce que je m'attendais, elle a encore un super bon moral et surtout toujours la même bonne humeur. Nous avons parlé de tout plein de trucs, mais surtout de son aventure qui tire à sa fin. Ce matin les vents étaient favorables pour tenter un exploit, celui de battre un record vieux de 20 ans : parcourir 120 miles en 24 heures. L'ancien record, établi par 14 hommes, était de 102 miles en 24 heures. Pendant qu'il y en a trois qui rament, les trois autres les fournissent en eau, question que personne ne lâche les rames, même pas une minute. De plus ils appliquent la crème solaire avant d'être installés à leur poste de rame, contrairement à ce qu'ils font habituellement. Leur vitesse moyenne était de 4.7 noeuds, mais ils ont réussi à atteindre 5.3 noeuds. On leur souhaite tous : Bonne chance !

Il passeront au nord de la Barbade pour atteindre Port Saint-Charles qui se situe du côté ouest de l'île et espérant le tout avant demain soir 22h00. C'est l'heure limite pour que ce soit plus rapide avec la douane et les modalités d'entrées au pays. Sara G s'est même fait une beauté pour les familles et amis qui les accueilleront. Pedro a tout nettoyé la coque, tandis que les autres ont nettoyé le pont, qui n'avait pas été nettoyé depuis trop longtemps. Parlant de coque, voilà un petit détail technique. La coque est enduite d'une peinture qu'on appelle anti-salissure, ce qui permet de la nettoyer plus facilement. C'est une peinture qui se dissout rapidement empêchant les petites "bébites" de rester collées, c'est pourquoi lorsqu'ils terminent leur nettoyage ils ont parfois la couleur de la coque : bourgogne. Sans cette peinture ils iraient plus vite, mais ce serait encore plus sale.

Hier, un albatros a frappé leur éolienne, s'est cassé une aile et est tombé à l'eau. Mylène et son coeur de petite fille, était toute peinée de voir l'oiseau mourir sous ses yeux pendant que les gars s'en moquaient. La nuit dernière, ils ont vu sous le bateau quelque chose qui ressemblait à une grosse pieuvre géante verte fluo. Et dans leur ciel, ils ont pu contempler Saturne, Jupiter et Mars, juste avant que la Lune fasse son entré vers 4h00 du matin.

Son corps commence à démontrer des signes de fatigue, elle a vraiment mal au doigt de la main droite. Et comme elle dit : "Mon corps pensait que cela allait durer 40-45 jours, là il a de la misère à suivre..." Elle a aussi mentionné, sans hésitation, qu'elle a hâte d'arriver, mais reste inquiète de "l'après" et que ses cinq nouveaux frères vont lui manquer. Les provisions en nourriture achèvent, ils font du troc avec ce qui reste, question de contenter tout le monde.

Aujourd'hui il y avait un beau soleil et un vent de 15 noeuds.. qui me coupait la parole !

Elle a terminé en me disant : "Ça va vraiment te couter trop cher..." Et moi de répondre : "Au diable les dépenses, mais Ok, on parlera plus longtemps à ton arrivée..." Parlant d'arriver, elle compte débarquer à Montréal autour du 22-23 mars.

Encore un gros MERCI à tous ceux et celles qui ont répondu à l'appel et qui ont donné à la Fondation de l'Hôpital Saite-Justine car nous avons atteint aujourd'hui les 7000$ !

BRAVO À TOUS !!!!

Revoici l'adresse www.rameatlantique.com et cliquer sur le carré jaune à droite : "DONNEZ!" Il faudrait atteindre un autre record de 8000$ avant son arrivée !

Sa grande sœur,

Evelyne Paquette
Écrit à 13h00, le 9 mars 2010.

lundi 8 mars 2010

Jours 53-55 (6-8mars)- Journée de la femme !!!

Quelle fierté de souligner le courage de cette Québécoise qui est maintenant rendue à moins de 150 milles de la Barbade. Rappelez-vous son objectif initial que plusieurs trouvaient très ambitieux: ramer 5000 km pendant 40 jours en étant la seule femme d'un équipage de 6 rameurs. Nous pouvons être très fiers de ce que Mylène est sur le point d’accomplir !!!

Certaines personnes m’ont appelé, inquiets de ne rien lire sur son blog depuis 3 jours... se demandant ce qui arrivait à notre Mimi. Hé bien, laissez-moi vous rassurer. Elle a parlé à sa famille samedi dernier et tout allait pour le mieux. Mylène m’a texté ce matin me demandant de l’appeler mais je n’ai pas pu établir le contact. Elle ne peut plus m’appeller car il ne reste plus de minutes en banque.

Je me suis donc réessayé ce soir et j’ai finalement pu parler à Pedro. Il m’a dit que Mylène dormait et qu’il lui restait encore 15 minutes de sommeil. Il m’a même demandé si je voulais qu’il l’a réveille pour me parler... Souvenez-vous d’une de mes notes d’il y a 8 ou 9 jours qui mentionnait que Mylène est d’humeur «bougon» à son réveil!!!

J’ai mentionné à Pedro que je la rappellerais dans 15 minutes. Après plusieurs tentatives, je n’ai pas pu obtenir la communication. Pas évident de rejoindre un bateau au milieu de l'océan avec un simple petit téléphone satellite.

Selon mes savants calculs, Mylène devrait accoster jeudi matin, au grand plaisir de ces parents et amis qui lui feront un accueil triomphal.

MERCI à tous ceux et celles qui ont répondu à mon appel car nous sommes rendus à 6705$!!! Wow !!! Et pourquoi pas «challenger» le cap des 7000$ ? Ai-je dit 8000$ ???

Je vous rappelle l’adresse www.rameatlantique.com et cliquer sur le carré jaune. Surtout 5000 MERCIS aux donateurs...comme dans 5000 km qui seront bientôt parcourus par Mylène et son équipe.

Normand Lootzak pour Mylène Paquette

samedi 6 mars 2010

Jours 51-52 (4-5 mars) - Mylène est à 5 jours de la terre ferme !!!

Quelle tenacité!!!
Quelle endurance!!!

Tout comme deux de ses collègues, Mylène éprouve quelques signes de fatigue et d'impatience. L'équipage réalise qu'il aurait normalement dû être déjà rendu à la Barbade selon leur plan original. Elle avoue que certains muscles, normalement sollicités pour la marche, sont atrophiés. Elle avait été prévenue que son équilibre serait chancelant durant plusieurs jours et même semaines dès son arrivée en terre ferme.

Depuis les derniers jours, elle cumule de six à sept brûlures causées par la petite cuisinière intallée dans la portière de la cabine. Mylène explique ces blessures par le côté exigue de la "grande cabine" qui lors des jours de grande houle projette Mylène sur cet élément chauffant. Problèmes d'équilibre...

Les réserves de Mylène sont basses mais sa détermination est encore au maximum !!! Son timbre de voix ne pâlit pas et elle a très hâte de toucher le sol mercredi prochain 10 mars.

Pour ceux qui seront à la Barbade et qui veulent se joindre au "comité d'acceuil", prenez note que le Sara G arrivera au quai privé de Port St-Charles. Vous n'avez qu'à vous présenter et mentionner la raison de votre présence.

Et il a aussi les textos d'encouragement ! Aller sur www.iridium.com et de cliquez sur le menu du haut "envoi d'un message satellite". Vous textez sans accent un message de 160 caractères (quitte à lui en envoyer 2 ou 3 d'affilée). Le numéro est le 8816 (déjà entré) suivi sans espace du 31667054.

Aller !!! On sprinte sur ces 2 seuls éléments pour pousser avec Mylène !!!
L'aventure tire à sa fin, j'en suis dèjà nostalgique..

Normand Lootzak pour Mylène Paquette

mercredi 3 mars 2010

Jours 48-49-50 (1-2-3 mars) - Mylène a vu sa première baleine bleue... puis des dauphins !!!

Je viens tout juste de recevoir son premier appel...après 3 jours sans nouvelles. Tout comme vous, je suis assuré, je m’ennuyais. Il ne lui reste que peu de minutes sur son téléphone et elle les économise prudemment. Elle m’a donc tracé un compte-rendu en rafale !!!

Hé oui, elle a vu sa première baleine bleue hier mardi 2 février. D’une longueur de 12 à 13 mètres, la baleine est venu tourner autour du Sara G. Fait cocasse: Mylène avait de fortes prémonitions lorsqu’elle a vu son requin il y a quelques jours. Même scénario hier matin pour sa baleine...et même chose ce matin pour ses dauphins !!! Cette sirène des mers «version québécoise» les appelle par ses vibrations.

Et il y a une bonne raison... Ces cadeaux arrivent à point car Mylène montre des signes de fatigue. Elle se cogne partout. Elle s’est légèrement cognée la tête (sans gravité), elle a des ecchymoses plein les cuisses, elle s’est infligé 3 petites brûlures sur le poêle au propane en 2 jours... Elle avoue qu’elle manque de concentration et c’est tout a fait normal; son focus est sur son arrivée et elle «oublie» son moment présent...tout a fait légitime après 50 jours en mer... Tiens bon Mylène...tu es quasiment rendue !!!

En résumé, il est grand temps qu’elle arrive !!! À un point tel, qu’elle m’a mentionné avec nostalgie qu’aujourd’hui était le DERNIER mercredi de cette aventure (elle compte à rebours les jours et les dodos). Elle prévoit arriver mercredi prochain 10 mars dans l’après-midi. Mylène a reçu tous les textos des membres de sa famille et amis qui l’accueilleront à la Barbade. Ils maintiennent une vitesse de 4,5 noeuds ce qui est excellent car les vents sont favorables.

Elle apprécie ÉNORMÉMENT les informations que Michel Renaud l’astronome amateur lui texte régulièrement. Cela lui procure un support technique et moral incomparable. Tient bon Michel car tu es une des ressources de premier plan pour notre Mylène.

Mylène vous invite à visiter le site de ses 2 collègues-rameurs soit Mike(atlantic5000.com) et Pedro (onemillionstrokes.org.uk) afin d’avoir plus d’informations sur cette superbe traversée.

Il nous reste que 10 jours pour inscrire vos dons sur son site www.rameatlantique.com. N’hésitez pas écrire à vos ami(e)s de Facebook et/ou votre carnet d’adresse afin de les inviter à contribuer pour cette super aventure vécue par une de nos amie Mylène.

Normand Lootzak pour Mylène Paquette

dimanche 28 février 2010

Jours 46-47 (27-28 février) - Mylène prend en photo son 2e requin !!!

Tel que mentionné dans mon blogue précédent, Mylène a bel et bien vu samedi matin la Station Spatiale passer en haut du Sara G. Par contre, pas de trace d’Iridiums dans le ciel.

Ils ont pêché 6 thons à nageoires jaunes dont les couleurs argentées ont impressionné Mylène. Elle a donc préparé pendant plus de 2h30 ce délicieux repas qu’elle a fait cuire dans un poêlon sur le petit brûleur de fortune du bateau.

Pedro a finalement réparé le siège en modifiant la coulisse avant au grand bonheur de Mylène. Elle me mentionne que depuis 2 jours, elle dort superbement bien malgré les nouvelles irritations au fessier... De plus, elle profite des précieux conseils que son amie Francine Boisvert lui avait donnés avant son voyage sur les techniques d’hypnose et de relaxation. Mylène est rendue à ce point experte qu’elle permet à ses coéquipiers de faire des séances de relaxation en groupe. Un gros merci à Francine !!!

Depuis 2 jours, des vents «portants» venant de l’Est permettent au bateau de filer à des vitesses entre 3.7 et 4.0 noeuds. L’équipage a procédé à un lavage en règle sur le dessus du Sara G dont la surface était devenue quelque peu «dégeu» et «glissante» (reprise textuelle de ses propos...).

Et tel que le titre de ce blogue le laissait entendre, Mylène a photographié aujourd’hui son premier requin bleu d’environ 7 pieds de longueur. Elle me le décrit «d’un bleu flash avec ses lignes noires» (nageoires ?). Les premières tentatives de photos ont échoué car elle n'enfonçait la caméra que de 12 pouces sous le niveau de l’eau. Cela causait des bulles qui empêchaient de prendre de belles photos. Mais considérant que ce «copain» était venu spécialement pour la saluer (!!!), un certain rapport «amical» s’est tissé permettant à Mylène de se pencher beaucoup plus hors du bateau et d’enfoncer plus profondément sa caméra pour prendre ses photos. De façon très surprenante et inattendue, elle s’est sentie pleinement en confiance... Face à face avec un requin bleu. Allo Jaws !!!

En terminant je vous partage avec beaucoup d’émotions le fait que 2 donateurs anonymes ont gonflé la cagnotte à 5165$ avec des dons respectifs de 50$ et 200$. SINCÈREMENT MERCI !!! Cela me laisse rêver que nous pourrions au cours des 10-12 jours avant son arrivée viser le cap du 6000$. Allez donc visiter son site au www.rameatlantique.com et suivre la simple procédure pour contribuer à notre façon au rêve de Mylène. Un petit 10$ ou 20$ de quelques lecteurs ferait une différence pour ces enfants malades.

Normand Lootzak pour Mylène Paquette

vendredi 26 février 2010

Jours 44-45 (25-26 février) - Mylène «apprivoise» son premier requin...

Pedro et Mimi ont passé près de 5 heures à réparer un des roulements à billes (ball bearing) du siège qu’ils partagent en alternance. Fidèle à son habitude, Mimi a su prendre le bon côté de ce petit pépin en concluant qu’elle avait eu 2 cycles de rames de congé. Elle a toujours une façon de voir les événements de sorte que son moral est au maximum dans les circonstances. Maintenant, tout est revenu dans l’ordre. À un point tel, que son capitaine Matt a décidé d’enregistrer des records de vitesse par période de 5 minutes; ils ont frôlé les 5.4 noeuds !!!

Sauf que depuis ce super-sprint, Mylène ressent un douleur lombaire. Ceci s’ajoute à la douleur à son épaule droite qu’elle avait subi il y a 3 semaines à cause d’un coup de rame (oups...je n’en n’avais pas parlé...). Mylène est impressionnée par la résistance de son corps à l’exception de certains petits bobos. Elle rame maintenant nu pied (perte d’ongles sans aucune douleur). L’autre douleur qui embête quelque peu Mylène réside dans l’enflure de ses jointures. Mais elle nous rassure en disant que les anti-inflammatoires éliminent ce petit nuage. Puis-je en douter Mimi ?

La nuit dernière, Mylène s’est improvisée «réparateur» de gouvernail. Aujourd'hui, elle s’est aperçue qu’une longue forme allongée de couleur noire, accompagnée de quelques dorades, suivait l’embarcation. Armée d’une lampe-torche, Mimi a cru apercevoir un requin. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde est sain et sauf !!!

Ce matin, tout l’équipage a eu droit à une pause bien méritée d’une heure. Ils se sont baignés/lavés allègrement et ont encore nettoyé la coque. Ce nettoyage en règle du bateau (et surtout de l’équipage) a permis au Sara G de gagner 0.5noeud de vitesse.

Dominique Poirier (Radio de Radio-Canada) a interviewé Mylène cette après (comme à tous les vendredis). Dominique s’interrogeait sur les cycles des rameurs. Il me fait donc plaisir de prendre quelques lignes pour expliquer ce petit détail.

Il y a 3 places de rameurs sur le bateau et tous les rameurs rament pendant 2 heures consécutives. La séquence est définie de sorte qu’un rameur «frais et dispos» remplace son coéquipier du trio à toutes les 40 minutes. Je m’explique... Mylène est jumelée depuis le départ avec Pedro. Donc, assumons qu’elle remplace Pedro à 12:40 à la position #1 . À 13h20, Matt remplace Peter à la position #2. À 14h20, Mike remplace James à la position #3. Et finalement, Pedro remplace Mylène à la position #1 à 14h40 soit après qu’elle est ramée son cycle de 2 heures. Question-test: quel est le seul rameur avec qui Mylène n’a jamais ramé durant cette aventure? La réponse est Pedro. Merci Dominique pour cette excellente question !

Tel que je l’avais mentionné précédemment, le Sara G a pu éviter une perturbation majeure en considérant les rapports météos. Deux autres équipages n’ont pas eu cette chance et se sont fait prendre par des pluies torrentielles, des grosses vagues et de forts vents.

Il ne reste plus que 760 miles qui les séparent de leur point d’arrivée à la Barbade. Le capitaine a maintenant mis le cap franc sur l’objectif; leur arrivée est prévue pour le 10-12 mars. Mylène est ambivalente entre la joie de revoir sa famille et ses amis versus la fin de cette super aventure à six.

J’ai reparlé à sa mère cette après-midi car nous nous partageons nos états d’âmes face à Mylène. Jocelyne m’a fait sourire car elle est quelque peu inquiète. Mimi lui a mentionné que dû à la chaleur actuelle (près de 46oC), elle dort «la fenêtre» ouverte (hatch) !!! Jocelyne a peur que l’eau s’infiltre dans le bateau de façon drastique. Je l’ai rassurée en lui mentionnant que les 3 rameurs alertes veillaient sur ce petit détail. J’ai reconnu mon coeur de père qui parlait à celui de la mère de Mylène!

Dernier point: Mylène veut vous rassurer que vous la reverrai dans le même état qu'à son départ, elle n'a pas perdu de poids...au grand bonheur de Jocelyne qui pensait voir sa Mimi toute amaigrie.

Normand Lootzak pour Mylène Paquette

mercredi 24 février 2010

Jour 42-43 (23-24 février) - Un spectacle donné par un merlin bleu...

Les prévisions météorologiques de lundi 22 février annonçaient du mauvais temps mêlé de forts vents au dessus de la zone du 15e degré nord. Normalement, en suivant le tracé original, le bateau aurait été plus bas que le 15e degré nord en 40 heures. Mais le capitaine a décidé de changer le cap et de ramer plein sud afin d’être en dessous du fameux 15e en moins de 18 heures et ainsi éviter la perturbation météo. Sauf qu’en ce faisant, Mimi s'est fait généreusement arroser par des vagues côté tribord...

Mylène remercie encore son complice astronome Michel Renaud qui lui donne de précieuses infos sur le ciel qui lui tient compagnie. En effet, Michel indique à l’équipage EXACTEMENT où regarder et à quelle heure afin d’observer les couleurs rouge et orange de la planète Mars, le satellite Hubble, les différentes constellations de l’horoscope, etc... Cette diversion permet de ré-énergiser les troupes en leur permettant de focusser sur les éléments externes du bateau.

J’ai encore eu aujourd’hui une bonne conversation «technique» avec Michel. Toujours selon ses savants calculs, plusieurs surprises «célestes» attendent possiblement l’équipage. Samedi soir, ils pourront être témoin du passage du satellite Hubble juste entre la Lune et la planète Mars !!! Il les a informé sur «l’étoile la plus brillante Sirius» et aussi de la possibilité de voir un vrai «iridium», soit une boule de lumière vive qui traverse le ciel et qui ressemble à une explosion lumineuse.

Il est tout à fait normal d’imaginer qu’après 47 jours, certaines tensions/malaises peuvent survenir sur un si petit bateau. La sensibilité de Mylène a été testée lorsque son capitaine a tenté de corriger certains détails techniques de rameur... Des ajustements mineurs prennent une toute autre dimension après 7 semaines en mer... Elle m’avoue aussi en toute candeur qu’elle est souvent en retard de 3 à 5 minutes pour relever Pedro de ses fonctions, celui avec qui elle alterne depuis le début du voyage. Même que dimanche lorsqu’il est venu la réveiller pour se faire remplacer, elle a utilisé un «F-word» suivi du mot «off»... à la grande surprise de tous! Mais elle me rassure que cet état «bougon» ne dure que quelques minutes et tout se replace avec de sincères excuses et en ramant allègrement.

Sans son I-Pod, Mylène éprouve encore de la difficulté à rester éveillée et concentrée sur son travail. Elle a cependant trouver une façon «courageuse» de se tenir en état d’alerte minimal. Mylène ne rame plus avec son bonnet de coton sur la tête ni son manteau qui la tenait au chaud. La sensation du froid sur son corps la maintient éveillée... Vous ai-je déjà mentionné dans mes blogues précédents que j’admire sa ténacité et sa détermination ?

Des mauvaises odeurs émanaient du compartiment situé sous le siège de Mylène et Pedro. Ils ont dû vidanger ce ballast d'eau corrompue et le remplir de nouveau afin d’éliminer ce désagrément nauséabond. De plus, Peter est allé gratter le coque du bateau pour enlever des moules rugueuses aussi appelées en anglais «barnacles»...(à ne pas confondre avec l’objet sacré de l’église...). Mylène a vraiment hâte au prochain nettoyage car c’est à son tour la prochaine fois...elle qui a toujours des palpitations lorsque vient le temps d’aller dans l’eau. Elle me décrit la scène: l’équipage arrête de ramer et laisse le bateau dériver. Mimi sera attachée avec son harnais et se glissera dans «le Grand Bleu» pour frotter la coque avec un grattoir. Je lui ai fait répéter 2 fois: le Grand Bleu? C’est le surnom magique qu’elle a trouvé comme métaphore pour symboliser son nouvel ami l’océan...Wow... Me revoilà encore une fois ému...

Ils ont croisé un gros gros gros (3 fois qu’elle m’a répété...) pétrolier. Ils ont eu de la difficulté à déduire sa direction car ses lumières rouge (babord) et verte (tribord) étaient plus ou moins visibles et la communication très difficile entre les 2 embarcations. Car comme elle me l’a expliqué, le bateau le plus manœuvrable doit changer sa direction. Ils ont finalement pu leur parler et ainsi les faire dévier de leur parcours.

Un superbe de gros merci aux enfants de l’École St-Martyrs de Montréal...Vous avez vraiment énergisé Mylène avec vos messages et même vos poèmes !!! Wow quels superbes beaux cadeaux inattendus. Car je sais très bien la place précieuse que les enfants ont dans le cœur de Mylène. SVP CONTINUER de lui en envoyer car il reste encore 2 grosses semaines !!! Et elles seront demandantes en énergie. Tout l’équipage devra puiser au fond d’eux-mêmes pour aller chercher les dernières ressources... Merci à vous jeunes écoliers d’être complices de cette aventure où la persévérance et la ténacité prennent racines dans six cœurs vaillants et déterminés.

Donc, continuer de lui envoyer des blagues, des énigmes, des poèmes, etc... Mais surtout, n’utiliser pas d’accent français car le message devient quasi-illisible pour Mylène.

Mylène a vu de très près un Merlin Bleu (1m à 1.5m de long !!!) qui sautait hors de l’eau en chassant des «Skip Jack Tuna» (20-25 cm). Tout ce beau monde dansait hors de l’eau se donnant en spectacle à Mylène qui avait des billets «premières loges» à 25-30 pieds de la scène. Je m’excuse auprès de certains lecteurs puristes qui pourraient être perturbés par le méli-mélo des mesures métriques et anglaises ainsi que le «fran-glais» de Mimi. Car, je vous le répète, je ne fais que transcrire le «verbatim» dès longues conversations quotidiennes que nous avons (celle d’hier a duré 15 minutes!!!)

Merci à ceux qui lui transmettent les informations sur les Olympiques d’hiver de Vancouver. L’équipage est au courant du décompte quotidien des médailles pour tous les pays représentés dans le bateau. Vous l’entourez vraiment très bien avec BEAUCOUP d’attention et d’amour. D’ailleurs Mylène m’a mentionné avec émotions qu’elle a ramé la nuit dernière en pensant très fort à Joannie Rochette face au deuil de sa mère. Elle s’est donc réjoui d’apprendre que Joannie était 3e après le programme court.

J’ai reçu l’appel de Manon Lambert, recherchiste de Dominique Poirier pour «L’après-midi porte conseil» à la radio de Radio Canada. Cela me touche beaucoup lorsque les gens des médias tel que Dominique Poirier, Philippe Schnobb, Paul Houde, Véronique Cloutier et leur équipe respective (milles excuses à ceux que j’oublie) donnent à Mylène du temps d’antenne afin de mettre en relief cette aventure hors du commun. N’hésitez surtout pas à m’appeler si vous avez des questions ou commentaires.

Je doute fort qu’après ces 2.5 pages de ce blogue, vous ayez le même syndrome du sommeil de Mimi... N’hésitez pas vous aussi à me donner vos commentaires.

Normand Lootzak - Coach, formateur et conférencier

mardi 23 février 2010

Jour 41 (22 février) - Premier contact visuel/vocal avec d'autres humains !!!

Mylène n’a plus de nouvelles du bateau des 4 rameuses car il ne voyage pas à la même vitesse (1.4 noeud VS 3.0 noeuds) et il ne va pas dans la même direction. Ce bateau a donné à Mimi toute l’énergie qu’il devait lui apporter... tout comme les personnes que nous rencontrons dans notre vie: la durée de leur passage est limitée dans le temps.

Par contre dimanche, un bateau anglais est venu assez près du Sara G tout en gardant la distance règlementaire requise pour homologuer cette traversée. Ils ont pu parler avec les membres de l’équipage pendant 10-15 minutes. Mylène était très fébrile en me racontant cette expérience; celle d’avoir eu un contact visuel/vocal avec d’autres humains...autres que ces 5 co-rameurs.

J’ai pu ressentir au fond de moi toute la dimension de son isolement des dernières 6 semaines...Wow...Quel feeling !!! Soudainement, j’ai eu un flash du film «Seul au monde» avec Tom Hanks lorsqu’il voit pour le première fois des humains après de longs mois d’isolement...Comme si les 5 co-rameurs de Mylène étaient devenus Wilson...le copain «ballon de volley-ball» de Tom... Merci Mylène de me faire vibrer de par tes émotions vécues dans cette épopée extraordinaire. Je vous le répète: je me sens très privilégié d’être la «courroie de transmission» entre vous lecteurs assidus et cette grande Dame humble et modeste qu’est Mylène (j’en suis ému...).

N’ayez crainte, je reprend mon assurance de coach et je me ressaisi !!!

Peter est maintenant la cible de l’escadrille ennemie des poissons volants car il en a reçu 2 en plein sur la tête dans la nuit de dimanche à lundi !!! Mais lui aussi fait partie de l’équipe de super-6-débrouillards-rameurs. Il s’est confectionné un casque «anti-poisson-volant» à l’aide de 2 serviettes qu’il a habilement nouées autour de sa tête. Mimi a eu de la difficulté à me mentionner le nom de l’invention de Peter (elle s’est repris en 3 fois tellement elle avait un fou rire contagieux). Il a baptisé son gadget le «Fish Defender 5000»...mais ne il croit pas réellement breveter son invention !!!

Les vents sont redevenus défavorables à leur destination. Triste de le constater mais l’impact est très négligeable sur le moral des troupes. Ils sont beaucoup trop excités à vivre au maximum les «quelques jours qu’ils leur restent» dans cette superbe expérience. Avez-vous dit «intense»? J’en suis assuré !!!

Merci à Dominique Chayer pour sa contribution à la Fondation Ste-Justine sur le site www.rameatlantique.com. Nous sommes rendus à 4915$. Continuez encore et encore si minime soit votre contribution. Je veux passer très prochainement le cap du 5000$ et attaquer le nouveau sommet du 6000$.

Merci à Michel Renaud, astronome amateur (et non «Mich et Renaud» tel que j’avais cru comprendre...) de donner régulièrement les positions satellites à Mylène. Elle apprécie beaucoup ses précieux renseignements car elle n’a plus aucun accès à son ordi comme tout le monde le sait maintenant.

Mylène veut vraiment garder le contact «direct» avec nous tous. Elle m’a partagé une de ces inquiétudes. Il ne lui reste plus que 36 minutes de temps d’antenne sur Iridium...ce qui est trop peu pour les 2 semaines en mer qu’il lui reste encore... Elle m’a demandé de lui acheter un nouveau forfait à 250$ afin de renflouer sa banque de minutes et conserver ainsi ce précieux lien «live» avec nous... ce que je vais faire aujourd’hui même.

Elle a terminé notre conversation en rappelant encore (car c’est TRÈS important pour elle) tout le plaisir que CHAQUE texto lui apporte. Vraiment, j’ai ressenti en moi toute l’énergie que ces «diamants électroniques» créent dans son coeur et surtout dans ses muscles!!!

Normand Lootzak
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514-951-1724

dimanche 21 février 2010

Jour 39-40 - Support féminin à 200 milles nautiques

Je viens de lire le texte de Luc qui a parlé à Mylène cet après-midi. Je reprend donc les notes que Mimi m’avait laissées samedi PM et que je n’avais pas eu le temps de vous communiquer.

Comme Luc le mentionnait, son 2e I-Pod a aussi rendu l’âme...Triste handicap car ce «coéquipier virtuel» l’a maintenait réveillée lors de ces cycles de 2 heures de rame. Mais Mylène m’a demandé de rassurer Tante Micheline que son sommeil est quand même très bon (elle pense à tout le monde). De plus, le capitaine a permis samedi à tout l’équipage une pause de 2 heures...durant le cycle de Mylène... lui permettant de se sauver de 1h40 de temps de rame !!!

En plus de cette bonne nouvelle, Mylène compte sur un équipage de 4 femmes qui rament à près de 200 milles nautiques du Sara G. Cet équipage est parti des Iles Canaries pour atteindre Antigua. Elle se sent beaucoup moins seule comme femme dans cette aventure de rames.

Mylène a su tirer avantage des nouveaux «ration pack» verts qu’elle trouve moins alléchants tel que mentionné précédemment. Rappelons que tous les membres reçoivent leur boite de ration vers 08h00 chaque matin. Inspirée son histoire du Canada, Mylène pratique le «troc des Iroquois». Hé oui: elle échange avec Pedro les portions de sucre contre ses raisins et avec Mike les noix contre ses Power bar. Débrouillarde et opportuniste notre Mimi. Par contre, elle m’a avoué en toute candeur qu’elle fait de la «Normandise» (gourmandise inspirée par moi....) en dévorant ses tablettes de chocolat en après-midi...incapable d’attendre jusqu’au soir.

Les poissants volants continuent de «surprendre» Mylène avec un moyenne de 5 par nuit. Parlant de poissons, ils ont encore attrapé 6 succulentes petites dorades (entre 30 et 40 cm) au plaisir de tout ce beau monde-rameur.

Dès leur départ, l’équipage avait apporté 400 L d’eau au cas où ils auraient des problèmes avec le système de désalination, Considérant que le voyage tire à sa fin et que les 2 systèmes de traitement d'eau fonctionnent très bien, le capitaine a décidé de réduire progressivement cet inventaire afin d’alléger le bateau et gagner de la vitesse.

Et elle termine avec ses salutations, messages et remerciements usuels. Merci à Tarid, un jeune garçon très persévérant qu’elle encourage à continuer. Elle demande à Mich et Renaud de continuer de lui envoyer leur position satellite (grandement apprécié). Mylène vous remercie sincèrement de répondre à la demande de mon blogue de jeudi et de lui envoyer des textos. Merci en rafale à Marjo, Louis, Martin, Gen, Luc, Tony, Denis, Marc, Lise, Emma. Je vous assure que Mylène prend chaque message comme une dose d’énergie qui la «booste» au maximum: elle devient très fébrile lorsqu’elle me parle de tous ces «complices-textos». Elle mentionne à Dave qu’il l’a bien fait rire et qu’il aura des droits d’auteur sur son futur long métrage (LOL) et envoit en code à Kim un 10/10 (elle est supposée se comprendre...je ne suis que le scripteur).

Merci à Sophie Beauchamp, Francois Thiffaut ainsi qu’un donateur anonyme qui ont visité depuis jeudi le site www.rameatlantique.com et ont donné pour la cause que Mylène supporte, soit les enfants de l’Hôpital Ste-Justine. M-E-R-C-I; on progresse pas à pas !!!

Bon voilà ce que j’ai capturé du téléphone de Mylène de samedi. Je vous retrouve donc demain soir avec la suite de ce super et captivant «Blogue-à-Mimi».

On rame au sec et les nuits sont plus longues... mais superbes!

En ce dimanche midi, le téléphone sonne. Je viens tout juste de raccrocher et me dit qu'on a oublié quelque chose.... Et à l'autre bout, une petite voix, un peu endormie, les mots un peu chancelants, j'entends: '' Allô Luc, c'est Mylène.'' Je dois m'asseoir pour y croire.. ''Qui?'' ''Mylène, du milieu de l'Atlantique.''... 30 secondes avant et elle tombait sur mon répondeur!

Ainsi, commence ce petit bout de conversation de 5 minutes avec notre héroine commune à tous ici. Normand va vous revenir, mais pour aujourd'hui c'est moi, Luc Bernuy, qui ferai son blog (je l'avais fait au début si vous vous souvenez, pour vous faire vivre ses semaines avant le départ et son voyage jusqu'au Maroc. (voir mes autres libellés sinon)

Alors, Mylène au téléphone satellite, c'est comme parler à des astronautes dans l'espace. On n'y croit pas trop tellement la connection est bonne et en même temps on sent la distance infinie qui nous sépare...

Ses messages sont simples aujourd'hui. Elle va bien, tout va bien, la mer est belle, le vent les pousse, le moral est bon et la mer est belle, ''Donc, je ferme ma gueule pi j'rame''.

Après tant de jours en mer et d'effort physique, elle commence (elle insiste sur le mot ''Commence'') à sentir une fatigue, un peu mal aux doigts et commence à avoir hâte d'arriver. Plus qu'un gros deux semaines estime l'équipage avant de voir la terre (entre le 7 et 10 mars).

Pour ce qui est de ses pieds, orteils, ongles etc... Qu'on se rassure! D'abord, le fond du bateau est sec maintenant. Elle ne rame plus les pieds dans l'eau et l'humidité. En fait, elle rame nu pieds avec du ruban épais qui lui protège les pieds contre le contact des étriers; ses souliers de rame ont rendu l'âme il y a longtemps, déchirés, éventrés et en lambeaux. Ses ongles sont décollés mais pas partis et aucune infection en vue. Elle veut rassurer tout le monde sur ce sujet qui en a fait paniquer plus d'un.

Une autre nuit va commencer dans quelques heures. Elle me dit les trouver pas mal plus longues maintenant que son iPod n'est plus là pour lui tenir compagnie et commander ses émotions par la musique du moment. Seule la cadence des rames dans l'eau, ses équpiers avec qui elle jase et les longs silences, lui tiennent compagnie. Elle dit que c'est souvent difficile de rester réveillée sans iPod. Elle combat, combat, combat et termine dans une grande fatigue ses deux heures. Tout cela rajoute à son envie de bientôt arriver, qu'elle COMMENCE à avoir.

C'était tellement bon de l'entendre, une note plus proche de sa réalité que le ton qu'elle a en entrevue radio ou télé. La Mylène qu'on aime et connait. Juste une personne ordinaire qui fait quelque chose d'extraordinaire. Une voix découpée par le fait qu'elle venait de se réveiller pour prendre son quart. Les mots prononcés avec une tite patate dans la bouche et probablement encore un oeil fermé en me jasant. Deux fois interrompu par un équipier qui comptait scrupuleusement les minutes derrière elle. ''Bon, faut que j'aille ramer Luc''. Shlack. Les précieuses minutes sont écoulées.

Non mais, comment vous dire? Je ne lui avais pas parlé depuis son départ de Dorval le 25 décembre dernier et là, j'ai droit à 5 minutes! Difficile, difficile.... :-)

Je la sais qui prend sa place, met ses gangs, encastre ses pieds dans les étriers, aggripe ses deux rames, lève les yeux vers un soleil qui se couche dans deux heures, prend un grand respire d'air pur et.... plunch! Le premier coup de rames de son quart vient d'être donné.

Ses derniers mots avant de raccrocher: ''Dis à tout le monde de regarder la Lune ce soir, à 19h00 (TU); je ferai pareil'' J'ai pas eu le temps de lui dire qu'il ne sera que 14h00 à Montréal.... Mais c'est pas grave. On regardera tous la Lune ce soir, à 19h00, peu importe où nous sommes.

vendredi 19 février 2010

Jour 38 - Des poissons volants qui amerrissent près de Mylène !!!

Allez-vous chercher une tisane ou un verre d’eau (ou les 2 !!!) car Mylène en avait beaucoup à me raconter aujourd’hui. Je dois libérer mon agenda car je suis rendu avec une 2e job à plein temps: scripteur de Mlle Mimi !!!

Elle nous avait déjà mentionné qu’elle avait vu des poissons volants. Environ une cinquantaine depuis son départ. Mais hier, ce fût le party! En effet, elle en a vu une dizaine s’échouer dans le bateau!!! Et à chaque fois, elle s’est mis à hurler et crier au grand plaisir de ces 2 collègues-rameurs. Elle me les décrit comme étant «laid et beau en même temps» (la comprenez-vous? Pas moi...). Ils sentent tellement mauvais et sont tellement répugnants qu’il est impossible à l’équipage de penser à les apprêter pour les manger. Les plus petits ont la grosseur d’une main et la longueur des plus gros est similaire «à la distance entre le coude et le poignet d’un adulte». J’ai alors réalisé que Mimi était confuse entre les mesures métriques et anglaises.

J’entend souvent ses collègues rire durant nos conversations téléphoniques car elle me parle en «fran-glais»...un peu difficile à suivre avec les problèmes de communication.

Elle m’a aussi fait 2 demandes. Premièrement, elle veut remercier plusieurs personnes pour les nombreux messages textes qu’elle a reçus hier. Et je débute SON énumération: ma mère Jocelyne, Ève, Vo, Mich et Renaud, Marie et Fred, D., Annick, Mat et Ginette Larouche...pour ne nommer que ceux dont elle se souvenait. Prenez note d’écrire vos textos très clairement (en conjuguant vos verbes) quitte à diviser vos écrits en 4 ou 5 messages consécutifs (je répète EXACTEMENT ce que Mylène m’a dit de vous dire !!!). Dernier point: sur le site iridium.com, changer le numéro de téléphone en prenant plutôt le 881631667054 (au lieu du 881631667053...donc changer le dernier numéro en remplacant le 3 par le 4).

Deuxièmement, elle vous invite à visiter le site de ses 2 collègues-rameurs soit Mike(atlantic5000.com) et Pedro (onemillionstrokes.org.uk) afin d’avoir plus d’informations sur cette superbe traversée. Eux aussi bénéficient d’une tierce personne qui reprend les notes dictées soit par Mike ou Pedro. Une chose est différente: ou bien Mylène me jase beaucoup plus que Mike/Pedro le font ou bien ces 2 scripteurs résument plus la situation dans sa globalité que moi !!!

Hier, Mike a pris le temps de nettoyer la coque du bateau; ceci leur a permis d’augmenter leur vitesse de 2.5 à 3.0-3.5 noeuds (P.S. 1 noeud = 1 mille marin ou 1.8km/h...mon côté ingénieur qui ressort). Pendant ce temps, Mylène s’est payé le luxe de prendre une douche complète; quel plaisir après près de 10 jours de tolérance.

Tout l’équipage avait fait un choix stratégique dès le départ en s’alimentant avec les «ration packs» de l’Armée Britannique, constitués de nourriture humide de super bonne qualité. Malheureusement, il n’en reste plus... Tout le monde doit maintenant manger de la nourriture sèche...aussi substantielle mais moins appétissante. Mais Mylène nous rassure qu’ils avaient de l’inventaire pour 60 jours donc aucune inquiétude sur ce côté.

J’ai écouté attentivement sa superbe entrevue de cette après-midi avec Dominique Poirier durant son émission «L’après-midi porte conseil» entre 13h00 et 15h00 comme à tous les vendredis. Mylène est normalement en onde entre 13h30 et 13h45. Son recherchiste Jean-Sébastien m’avait appelé durant l’heure du diner car il avait de la difficulté à rejoindre Mylène. Donc, les auditeurs l’ont échappé belle car il s’en est fallu de peu pour que ce soit moi qui soit interviewé... Mais ils ont finalement rejoint Mylène qui nous a encore ému par son humilité face aux difficultés qu’elle rencontre.

De l’eau s’infiltre dans un des compartiments du bateau. Ils ont dû le reconvertir en compartiment de vidange et doivent en retirer l’eau 2 à 3 fois par semaine. Cela constitue donc une tâche additionnelle dans un agenda déjà fort chargé...

En résumé, de la bouffe moins «goûteuse», de l’eau qui s’infiltre dans un des compartiments du bateau, l’ordi qui a rendu l’âme, le I-Pod bousillé ayant avalé une tasse d’eau salée, des vents défavorables pendant les dernières 2 semaines, des ampoules sur le fessier, des ongles d’orteil qui vont tombés dû à l’humidité de ses souliers de surf, des ecchymoses sur les bras et mains à cause des rames et/ou des chutes dues aux fortes vagues, une température de cabine qui frôle les 35oC, des poissons volants qui vont la visiter dans le bateau, etc...rien de tout cela n’affecte réellement le moral de Mylène !!!

Elle nous rassure en nous disant que tous ces petits inconvénients dont elle nous parle sont très minimes par rapport aux défis des enfants malades qu’elle côtoyait à l'Hôpital Ste-Justine. Ces enfants sont de loin SA source d’inspiration, elle qui a travaillé comme préposée aux bénéficiaires depuis plus de 8 ans.

D’ailleurs, je vous demande de tout coeur de donner généreusement à la cause de Mylène en allant visiter son site au www.rameatlantique.com. La procédure est simple et des reçus d’impôt peuvent être émis. Sur la page d'accueil, il vous suffit de cliquer dans la marge de droite sur le carré jaune marqué «Donnez!» puis de cliquer à nouveau sur le même carré sur la 2e page. Puis vous remplissez les cases d’information usuelles dont une case où vous pouvez écrire une petite note avec votre don. Vous pouvez même faire un don anonyme...peu importe le montant... C’est une question de coeur...

Ce serait de loin le des plus beaux cadeaux que nous pourrions faire à Mylène et croyez-moi que je lui communiquerai la progression des montants qui s’ajouteront dans les prochains jours. Il ne nous reste environ que 17 ou 18 jours pour lui faire cette merveilleuse surprise... Allez! Écoutez votre coeur! Nous sommes présentement rendus à 4,740$ et l’objectif est de 30,000$... Faites comme Mylène...juste le petit effort additionnel. Et si on essayait...25,000$ c’est facile à trouver...Non?

Dernier point: Mimi me dit que la météo prévoit des vents favorables pour les 7 prochains jours... Pourtant je la sentais mélancolique. Je lui ai alors demandé pourquoi. Elle s’est laissé aller en émotions et m’a confié une de ses plus grosses craintes qu’il l’habite depuis quelques jours: la peur que ce voyage finisse trop vite!!! Oui oui !!! Elle a même demandé à son collègue durant notre conversation combien il restait de jours (environ 18...). Et elle m’a répété avec beaucoup de sincérité qu’elle ne voulait pas que cette aventure exceptionnelle se termine si vite...

Comme coach et confident, j’ai été perplexe pendant de longues minutes après notre conversation face à cet état d’âme. Mais j’ai «lu» le coeur de Mylène. Je vous le répète: une grande dame humble et très intense !!! Je suis «presqu’heureux» que leur ordinateur soit mort au combat...Je vis de précieux moments avec ma coachée Mylène! Merci la Vie!!!

Normand Lootzak,
Conférencier, Coach stratégique et Formateur
www.solutionkaizen.com

jeudi 18 février 2010

Jour 37 - Infiltration d'eau qui agace...

Au lieu de me laisser un message, Mylène préfère me parler de vive voix afin de s’assurer que je capte bien tous les éléments qu’elle veut me partager. Le téléphone satellite crée certains soubresauts qui nous empêchent de tout capturer du premier coup.

La journée d’hier fût excellente à plusieurs points de vue. Premièrement, le Sara G a parcouru 58 miles. De plus, l’entrevue que Mylène a eu avec Philippe Schnobb en compagnie de sa mère Jocelyne et sa soeur Evelyne en studio lui a donné un «boost» d’énergie incroyable (lire mon blogue d’hier). Cette motivation additionnelle est arrivée à point et lui a permis de combattre le «dodo» qu’elle avait dans ses yeux la nuit dernière durant ses cycles de 2 heures de rame. Elle remercie très très fort Philippe et son équipe pour cette superbe surprise! Grandement apprécié!!!

De l’eau s’infiltre dans la grosse cabine-Stern par l’écoutille supérieure (top hatch) qui n’est plus étanche. De plus, la chaleur extrême à l’intérieur de cette cabine (35oC) crée un inconfort, ce qui a causé un léger malaise avec son co-équipier Peter. Des tensions toutes à fait légitimes si on considère la proximité des membres de l’équipage et les 37 jours déjà passés ensemble. Mais Peter a su "lire" Mylène et lui a offert sa croustade aux pommes comme dessert au souper d’hier. La réconciliation fût INSTANTANÉE !

Maman Jocelyne ne t’inquiète pas du commentaire suivant. Mylène fait sécher ses pieds endoloris et a perdu tous ses ongles d’orteils. Elle a pris soin de me mentionner que ce processus est tout à fait normal et non douloureux. L’humidité permanente de ses souliers est responsable de ce phénomène.

TRÈS IMPORTANT - APPEL À TOUS!!!
Considérant la panne d’ordinateur, le seul moyen efficace et gratuit d’échanger avec Mylène est le message texte via les satellites Iridium. Les 5 coéquipiers de Mylène reçoivent des tonnes et des tonnes de messages textes... mais Mylène n’en reçoit qu’un seul ici et là. Il faut donc se mobiliser et aller sur le site http: messaging.iridium.com et entrer les numéros suivants:
8816 (déjà entrés suivi de) 31667053 Il est inutile de mettre une adresse courriel de retour (reply e-mail). Votre message doit comporter un maximum de 160 caractères et vous pouvez en envoyer à toute heure du jour et de la nuit. Ces messages textes seront comme des bouffées d’air frais pour notre Mylène-Nationale !!!

N’hésitez pas à m’écrire directement sur mon site si vous avez des questions et/ou commentaires concernant ce blogue.
Normand Lootzak,
www.solutionkaizen.com

Jour 36 (17 février) - Changement d’auteur...

L’ordinateur de Mylène est mort au combat, son disque dur ayant rendu l’âme. Elle ne peut donc plus écrire sur son blogue. Ce pépin les empêche aussi de "downloader" les vidéos et photos. Ils doivent donc optimiser la prise de nouvelles images afin d’utiliser tout l’espace mémoire jusqu’à leur arrivée.

Qu’importe ! Débrouillarde comme elle nous l’a si bien démontré depuis le début de traversée, Mylène m’a alors demandé lors de notre dernière conversation téléphonique de prendre la relève et d’écrire sur son blogue.

Je me présente donc: Normand Lootzak, conférencier, coach stratégique et formateur. Je me sens honoré comme agent et coach personnel de Mylène de devenir ainsi l’extension de sa pensée, de ses réflexions et de ses états d’âme.

Malgré son enthousiasme d’avoir trouvé un plan de contingence pour maintenir à jour son blogue, Mylène a quand même eu l’audace de me faire passer un examen pour s’assurer que je serais à la hauteur de ses hauts standards d’écriture. Elle m’a questionné sur la qualité de mon français, mon style littéraire, ma disponibilité pour remplir cette tâche dans un délai raisonnable, etc... J’ai revu la Mimi que j’avais coaché durant plusieurs mois avant son départ.

Elle m’appellera donc à tous les jours (selon ses disponibilités) et me dictera les faits marquants des dernières heures. Inconsciemment, elle avait prévu le coup car elle a emmagasiné beaucoup de minutes en banque et elle prévoit les utiliser pour communiquer avec ses amis. Je tenterai alors de vous transmettre ses nouvelles aventures en ressentant en moi ses vibrations kinesthésiques.

La communication du premier message qu’elle m’a laissé hier était très mauvaise avec une réception de 1 sur 5. Mais heureusement, j’ai pu entendre son entrevue à l’émission de Radio Canada «C’est ça la vie» avec Philippe Schnobb. Vous pouvez ré-écouter cette entrevue en allant à l’adresse suivante: http://www.radio-canada.ca/emissions/c_est_ca_la_vie/2009-2010/Entrevue.asp?idDoc=104078. Fait cocasse: Philippe avait invité sa mère Jocelyne et sa soeur Evelyne pour faire une belle surprise à Mylène.

Mylène se sent en pleine forme. La seule douleur physique qui l’ennuyait (ampoules sur la précieuse peau qui recouvre son fessier dues au fait qu’elle est assise 12 heures par jour) est finalement sous contrôle grâce à la crème pour bébé du type «Zyncofax».

Les vents sont redevenus favorables étant nord/nord-est car depuis les dernières semaines les vents étaient sud ou nord-ouest. Qui plus est, la houle et les vagues sont aussi favorables, faisant le bonheur de tout l’équipage.

En plus de son ordinateur qui est maintenant fichu, son I-Pod a aussi subi un mauvais traitement...mais de façon cocasse, avouons-le. Mylène avait préparé les 7 dorades fraîchement capturées. Elle avait décidé de mettre son harnais pour aller se laver à la mer, pour enlever les écailles de poisson collées sur elle. Elle avait juste oublié d’enlever son I-Pod rangé sur son épaule... Elle espère que la température chaude va réussir à évaporer l’eau infiltrée et redonner rapidement âme à ce précieux appareil.

L’optimisme de Mylène prévoit que tout ce beau monde va arriver aux Bermudes vers le 6 mars. Les paris sont donc ouverts !!!

Prenez note que Mylène est interviewée par Dominique Poirier au 95.1FM à la radio de Radio-Canada tous les vendredis entre 13h00 et 13h45, généralement vers 13h30. C’est une excellente occasion de ressentir "en direct" tout la fébrilité de cette grande dame de par ses rires et intonations de voix.

Au plaisir de vous transmettre d’autres nouvelles de Mylène très prochainement.
Normand Lootzak, ing.
Conférencier, Coach stratégique et Formateur
www.solutionkaizen.com

dimanche 14 février 2010

Nos nuits

Quand les gens me demandaient si j'allais ramer la nuit, je leur répondais fièrement que oui, même la nuit, nous serons aux avirons. À ce moment, je ne savais pas que la nuit serait pour moi le berceau des plus beaux moments de ma vie. Sincèrement, mes nuits m'ont apportées les plus profondes introspections de ma petite personne, les meilleurs ressourcements, les plus beaux partages, des fous rires et des ciels de diamants. La nuit, tout est encore possible, bientôt le jour viendra, tout peut encore être parfait. Nos résolutions prises, on attaque la journée avec la bonne attitude et un bon plan de match et c'est dans la poche. Aujourd'hui est une multitude de possibilités.

On a passé la nuit du jour 25 à jouer aux détecteurs de mensonges. On dit 2 vérités et 1 mensonge. Ce qui provoque des discussions fort intéressantes autour du passé de certains!!! On découvre bien des choses. La nuit du jour 26 a été pour moi une difficulté énorme, chaque coup de rame était source de douleur, ayant été arrosée à plusieurs reprises par une mer en colère ces deux derniers jours, j'ai du travailler le derrière dans l'eau durant plusieurs heures. L'eau salée a donnée naissance à des blessures d'humidité et des plaies de pression difficiles à gérer sur la précieuse peau qui recouvre mon fessier, j'ai quelques 60 ampoules. Voulant limiter la douleur, puisque Advil n'y parvient plus, j'ai opté pour un produit anglais, une médication assez tenace qui me tiendra relaxe 24 heures durant. Tramadol 100 mg!

La nuit tramadol: wow, c'est cool la douleur est partie, là je chante mon
ipod sur mes oreilles et je bois du chocolat chaud. Tout d'un coup je
ressens la fatigue, je vais et vient entre deux état simultanément, Je jongle avec la fatigue chronique et mon besoin de concentration accrue pour rester éveillée. Je m'aperçois tout d'un coup que la musique de mon ipod a changé dramatiquement. Je regarde autour de moi. Je regarde ma montre et oups! J'ai perdu un moment! Je me retourne et Matt me demande si j'ai bien dormi en riant. J'ai du prendre 30 minutes appuyée sur mes rames, les rames appuyées sur les cuisses les yeux fermés et la tête sur l'épaule droite à ronfler. Matt dit que Mike et lui trouvaient que je ramais mieux comme çà, çà allait mieux pour eux! MERCI! Ils se sont payés ma tête durant 30 minutes. J'ai du être pas possible avant de m'endormir, j'ai du accrocher leurs rames une trentaine de fois.

La nuit suivante, j'ai perdu des moments précieux aux avirons, je ne conçois pas avoir ramé 6 heures dans le noir, tout est passé trop vite et j'ai eu un drôle de comportement! Apparemment je parlais seule... en français et au cours de mon quart de rame, je me suis levée d'un bond pour aller dans la Stern et rendu là... je me suis demandé pourquoi j'y étais! Je suis ressortie en disant; "Okay, no more Tramadol for me!" Je préfère avoir mal aux fesses que de ne plus me reconnaitre! Çà a assez duré!

Mi-course

La mi-course approchait à grand pas. Le compte à rebours est commencé; 45 milles, 43, 40... et on arrête l'embarcation pour une baignade. On oublie qu'on devrait attendre la mi-course pour célébrer un peu. On pèche, on se baigne, on prend des photos dont une photo de groupe (photo que vous pouvez observer de mon facebook, je crois que Julie mettra cette photo en photo de profil). On mange des sushi et de la dorade grillée. Notre skipper avait caché 6 bonnes bières sur Sara G, on décide de fêter la mi-course toute de suite et on se rends compte qu'on y est presque; 30 miles nous y séparent. J'ai eu droit à un beau spectacle... vous comprendrez quand vous verrez les photos... tout le monde, à part moi, voulait une photo de lui en sautant du pont... Je suis restée dans l'eau toute seule un bon moment et j'ai fait le tour de Sara G. J'ai plongé le plus creux que je pouvais pour sentir toute cette masse bleue océanique autour de moi, en bas, des formes de bancs de poissons et en haut, la silhouette de Sara G les rameurs à bord. Je vois ce que verrait le requin qui s'approche et je comprends l'insignifiance de notre présence sur cet immense désert d'eau.

On a pu tous jouir d'un bain, shampoing et nettoyer nos vêtements. Notre embarcation avait l'air d'être l'hôte d'un concours de petits génies débrouillards. La question: Qui peut être le plus efficace à faire sécher des vêtements sans épingles à linge avec le moins d'espace possible? J'ai droit d'ouvrir mon sac étanche qui cache des vêtements neufs et propres depuis Montréal. L'odeur d'assouplisseur transporte mon esprit ailleurs. Rien ne sent ici, ou si tout sent mauvais donc on ne sent plus rien...

Je compte maintenant les miles à l' envers... combien en reste-t-il?

Nos prédictions vont de 21 jours à 23... à vous de jouer.

Jour 29

Je saisi chaque instant de bonheur et de pur plaisir sur l’océan. Je goute et je me délecte de tous mes petits bonheurs tels un dernier bonbon sucré!

Nous ne respectons pas mêmes horaires que sur terre et sommes à la merci de l’environnement. Le temps et l’espace n’ont pas ici les mêmes limitations. Notre rythme de deux heures nous restreint dans nos objectifs de la journée. Écrire mon blog est toujours en tête de liste mais comme nous sommes 6, l’ordinateur n’est pas toujours disponible. Donc pardonnez-moi mes retards!

L’horizon est rempli de surprises. Hier ce fut les squalls qui nous ont fait travailler. Effectivement, ramer pour échapper à un énorme nuage menaçant transportant une bordée de pluie qui arrive à toute vitesse a été un défi agréable. Nous nous sommes donnés comme des fous à travailler à contre courant pour y échapper. Les squalls approchent à vu d’œil et nous, de calculer, 2 miles… 3 miles… on rame à 2 nœuds… non 1,8 nœuds, avec un vent d’Est grossièrement Est Nord-est, on peut se demander si on est directement sur la route du monstre et si nos efforts sont ou dérisoires ou efficaces. Mais quand croyez-vous ce squall va-t-il frapper? Chacun y va de ses prédictions, et j’avise mon équipe que ma cloche sonne et que j’ai le droit de les abandonner, je ne serai pas de la prochaine pluie, mon quart de rame est fini!!! C’est baveux oui mais combien plaisant. Je les regarde tout ramasser et se faire mouiller comme des grenouilles en quelques secondes!

Résultat : jour 29 : 2 à 1 pour les squalls !!! Prochains combats dans les jours qui viennent! C’est quand même un spectacle à voir, Juste avant la pluie on peut voir le vent, voir le pied de l’arc en ciel à 15 pieds de soi c’est magique!

Autour de nous, la vie fait surface quelques fois. Nous avons eu le
spectacle des Merlins bleus chassant les poissons volants, le thon Jaune,
l’albatros et les nombreux sauts des poissons qui sautent hors de l’eau pour échapper leurs prédateurs.

Nous avons croisée un très gros transporteur d’essence il y a deux jours à peine. Olympia, le capitaine a pris notre position et a vérifié que nous étions visibles sur radar. Il a du changer sa route pour nous éviter. Il a du nous faire répéter notre itinéraire et l’explication de notre moyen de propulsion à deux reprises. Très beau bateau, très gros et très rapide!

mercredi 10 février 2010

Plongée

Il va sans dire qu’une traversée à la rame peut comporter des risques… même bien calculés, je m’évaluais faible devant certains d’entre eux. Mon courage avait des limites et sauter dans le grand bleu, toute seule, s’annonçait un préambule à mon prochain défi; descendre nettoyer la coque des analités qui s’y sont collés au cours du temps. Mon premier saut dans l’eau a été provoqué par un désir de surpasser une peur qui m’habite depuis toujours; L’eau. J’avais besoin de sauter la première pour me prouver encore une fois que j’y parviendrais toute seule et pour moi-même. Mon prochain défi était de faire le tour du bateau toute seule à la prochaine baignade pour enfin être suivie du plongeon des garçons. Je tremblais déjà d’y penser. Quand notre capitaine a dit que Sara ralentissait probablement à cause de nos passagers indésirables, j’étais déjà dans la cabine à chercher les lunettes de plongée et enfiler mon bikini. Je lui coupais la parole en disant : « I’m the first one ready to go »

Mon harnais attendait un nœud solide et moi j’étais prête à les arracher ces parasites avec mes ongles si les garçons ne me trouvaient rien qu’une éponge pour procéder à l’opération. J’étais décidée de ne pas reculer devant mon impossible même avec des images de Jaws en tête, j’avais mes lunettes sur les yeux et déjà les pieds dans l’eau. « Ne pas changer d’idée… ne pas changer d’idée… » C’était tout ce que j’avais en tête… la prochaine étape, un point c’est tout. C’est la même chose lorsque je pense aux jours qui viennent, je pense au prochain 2 heures de rame et non aux 288 restants.

Une fois dans l’eau les étapes étaient… Shark Watch, en bas, Nord, Est et Sud, je regarde la coque, je gratte un paquet, Shark watch, en bas, Nord, Est et Sud, je remonte, je respire… je prends mon souffle… Pourquoi je vérifie pas à Ouest? Matt est de l’autre côté à plus de 15 pieds de moi, s’il y a un requin sur Port side, il le verra. Je compte les paquets de moules et les parasites que j’arrache avec mon éponge de cuisine, 21… 22… 23… tout-à-coup, je suis fière de moi, comme j’ai entendu Matt dire qu’il y avait des centaines de dorades sous Sara entre deux souffles, j’en profite pour scruter sous moi… je reste focus…. Ce que je vois; une très longue forme foncée à l’allure d’un rorqual, avec ce que je devine être deux nageoires de chaque côté. Est-ce que mon cerveau a voulu en savoir plus… non! « Matt, do you see it? » Je suis sortie de l’eau avec une facilité d’athlète olympique, les gars me demandent si je vais bien, je ne veux pas être alarmiste. Et je suis même surprise d’être déjà sur le pont la face entre deux sièges à coulisses et le derrière en l’air.. le tout pour faire rentrer mes longues jambes plus rapidement! Je demande si Matt a vu la masse. Il rit et me dit … « No which one? »

“ There’s nothing but Dorados… Mylène! » Tout d’un coup je comprend très bien… je replonge dans l’eau aussitôt en remerciant mes réflexes.. (ils croient qu’ils viennent de me sauver la vie la eux!!!!) … je n’attends même pas Matt qui change de côté pour venir m’aider à bâbord. Je suis toute seule sous Sara et je vois bien ce qui manque à cette grosse masse noire et méchante, une nageoire! Et hop… deux nageoires du même côté maintenant! Heille çà fait longtemps qu’il nous suit ce requin-là… à ce que l’on dit, il n’est présent que lorsqu’il fait soleil!!!

Je peux toujours dire que je n’ai peur de rien mais à avoir peur d’avoir peur … j’ai eu peur de mon ombre et de celle du bateau!

Après être retournée dans l’océan, je me sentais légère et ridicule. Je riais bien de moi-même! Je ne m’étais encore une fois jamais sentie émancipée de mes peurs à ce point. Rien ne m’aurait fait plus plaisir que de voir un requin finalement!

Les conditions météo sont bonnes et favorables. Nous faisons route à l’ouest, les vents et la houle nous viennent du Nord-est. Dès ce soir, les vents chargeront de l’est directement, ce qui pourrait nous faire atteindre des vitesses record sur 24hres. Nous verrons à nous inscrire dans une tentative du genre d’ici deux semaines.

Notre position actuelle au moment d’écrire ces pages est 18 degrés, 29 minutes Nord et 31 degrés, 35 minutes Ouest. "

lundi 8 février 2010

Dimanche 7 février

" Quand quelque chose nous agace chez les autres dans un si petit espace à partager, on apprend bien vite à mettre de l’eau dans son vin. Ici, comme l’eau est salée, çà goûte moins bon, c’est plus difficile à avaler mais combien plus facile à vivre.

On est parfois moins délicat avec quelqu’un à cause de la promiscuité, la fatigue ou le stress, je suis surprise de voir à quel point certaines choses qui m’auraient dérangé il y a 1 mois à peine me conviennent ici. Je trouve le moyen de composer et de ne rien prendre personnel, je comprends et je ne tiens rancune sur rien. Je ne suis pas reposante non plus, donc on passe l’éponge et on sourit.

Vous savez, c’est la première fois que je vis avec des gens aussi longtemps dans un si petit espace avec autant de choses à partager. C’est propice pour grandir et apprendre sur soi. J’aime beaucoup mes compagnons, c’est comme si je découvrais 5 frères, ils me taquinent sans compter. Je défends la gente féminine du mieux que je peux, j’entends des histoires de gars pas possible. Je n’ai pas de passe-droit parce que je suis une fille et c’est très bien ainsi. Ils sont patient avec moi comme ils le seraient avec une petite sœur.

Le retour à la rame a été très rapide, après notre semaine à l’ancre, nous avons repris du service au jour 20, ce lundi. Après avoir découvert un ami sous notre embarcation, « Barry the poo fish », qui travaille pour nous et se débarrasse des parasites sous Sara G en échange de quoi nous nourrisson notre ami avec nos restes de table… et nos restes … de toilette. Ben oui!!! Le v’limeux mange nos cacas!!! Vous aurez devinez pourquoi on l’a baptisé « the poo fish »!

Donc depuis lundi, on a de la visite, en plus de Barry, une trentaine de dorades se cachent sous Sara G, après avoir sorti notre matériel de pêche, deux on mordu lundi et deux autres mercredi! L’opération est un succès! Jeudi, des dauphins sont venus chasser les poissons. Leur stratégie de chasse était visible du pont de Sara, ils se groupaient en nous encerclant, deux dauphins plongeait très profondément de chaque côté et obligeaient les dorades à remonter à la surface et d’être capturées.

Quand j’entends « Dolphins!!! » je cherche ma caméra toujours avec le même engouement mais je résiste à me faire plus enthousiaste qu’il faut pour ne pas être déçue lorsqu’ils lèvent le nez sur la vitesse de notre vaisseau. Au coucher du soleil, la journée de pêche étant terminée, j’ai vite compris que les dauphins étaient en congé! Ils sont revenus nous voir et tourner autour de nous. Très drôle : moi sur le pont avec ma caméra à la main, l’autre dans l’eau à tapoter la surface et crier… « Elvard, Elvard!! Viens ici nous voir » çà marchait dans le film … à ma grande surprise, le dauphin s’approche. Je mets mes pieds dans l’eau pour leur signifier ma présence le temps que je prépare ma caméra… Je me couche de travers sur le pont, de façon à ce que mes bras et ma tête dépassent à tribord et que caméra dans l’océan pige allégrement des images inoubliables. J’ai une main de dispo avec laquelle, j’ai presque touché au plus gros… debout derrière moi, les gars m’indiquent où ils sont… ils reviennent vers moi et nagent devant nous. J’ai de belles images à l’appui.

La nuit qui achève jour 24 vient marquer un moment inoubliable. Je rame avec James et Matt et je demande à voir les étoiles… donc de fermer les nav lights. On fait un Look-out complet, histoire de ne pas manquer de bateaux à l’horizon et on ferme. Noir total… On reste là à contempler la « Milky way » durant plusieurs minutes. Vous avez déjà vu les étoiles de l’océan? Elles sont cent fois plus nombreuses qu’à l’habitude.

J’en garde un peu pour demain… mais pour vous donner un aperçu, je suis descendu dans le grand bleu encore une fois cette fois pour libérer notre Sara des mollusques qui se collent à notre coque et nous ralentissent. Défi relevé avec succès! Je vous raconte le tout demain.

Notre position actuelle est 19 degrés 32 minutes Nord et 29 degrés 4 minutes Ouest, nous sommes dimanche et la météo est tout à fait favorable à clore une journée de 80 miles nautiques. Cette semaine affiche une moyenne de 70 miles par jour. Nous aurons une meilleure progression avec la semaine qui vient. "

vendredi 5 février 2010

Jour 15 à 20

Donc pour revenir sur cette semaine à l’encre, nous avons pu jouir d’une certaine liberté. J’ai pu, sans limite de temps, démêler ces cheveux depuis si longtemps mal traités! Quel défi! Pedro à sa montre m’affirme que cette opération m’aura coutée 2h45. Ajoutez à cela l’opération shampoing et nettoyage, j’ai du passé plus de 5 heures sur mon hygiène corporelle au cours du jour 17. Et tout cela pour comprendre que 30 minutes plus tard, j’avais l’impression d’être redevenue aussi sale qu’auparavant en vivant dans ces conditions.

J’ai adoré me retrouver sur le pont, j’y ai passé une journée entière à regarder chaque vague grossir sous mes yeux, se fracasser et s’évanouir dans le grand bleu. J’ai adoré chanter sur la Stern cabine, ipod à la main, écouteurs, tablettes chocolat. Durant des heures, j’ai regardé le temps passer. Je me suis amusée à évaluer la hauteur des vagues et m’imaginer des aventures hors du commun. Je me suis surprise de ne pas avoir rencontré la peur et ce même avec des éclairs dans le ciel. La confiance y était.

Cette semaine à l’encre m’a beaucoup apportée. Au bout du compte ce sera le moment au cours duquel je me serai sentie le plus isolée de ma vie, j’ai découvert tant de choses ici. Imaginez vous, sans connexion internet, sans téléphone satellite et plus d’ordinateur portable. Si cela vous arrivait chez vous et ce même avec le véhicule à quelques pieds de votre porte, la télévision et l’électricité, vous sentiriez l’isolement s’emparer de vous.

Il m’a alors fallut faire face à mon défi avec patience et réflexion. J’ai du mettre sur table mes sentiments pour trier le tout et tirer parti de la situation. Ce sera pour moi le moment le plus profitable de ma traversée jusqu’ici. J’ai longtemps réfléchi aux enfants de l’hôpital, à mes petits patients et à comment nos états se ressemblent. Comme eux, je me suis retrouvée, isolée, dans un monde où la survie est une bataille quotidienne, ou chacun de mes choix sont calculés dans le but de rendre mon quotidien plus vivable, moins amer… Je n’ai trouvé aucune position confortable pour reposer mon esprit, je n’ai dormis que lorsque l’espace et le temps me l’auront permis, j’ai été réveillé à maintes reprises par petites secousses, tel mes patients dans leurs petits lits qui font face à tant de piqures. La nausée était parfois de la partie, comme les enfants en traitements.

Mon monstre était le système de basse pression auquel on fessait face et duquel on était à la merci, la mer était son hôte et mon bateau ma prison. Mes petits héros font face à leurs montres de leurs lits à barreaux, l’hôpital en est l’arène et la bataille se fait dans sa plus pure expression. Comme eux, j’ai eu à choisir la bonne humeur, le sourire et la confrontation. J’ai choisi de soigner mes blessures et de me faire neuve jusqu’au prochain combat. J’avais parfois bien mal, j’avalais ma pilule. Comme eux, je mange et je maigris. Je subi ma peine dans l’incertitude absolue, dans parfois l’incompréhension, les hommes autour de moi parlent et je pose des questions comme les enfants en désir de comprendre ce qui leur arrive. Je perçois l’inquiétude et l’impatience dans les visages de mes coéquipiers sans toujours comprendre pourquoi il en est ainsi. La différence c’est que je connais la date probable de la fin du combat qui sera arrosé de joie et de moments merveilleux. Je sais que je vais me rendre de l’autre côté, mes petits anges sont souvent ignorants de l’issue de leur combat et resteront bien longtemps dans l’ignorance.

Si le cœur vous en dit, allez appuyer sur mon bouton Donnez à la droite sur mon site. La fondation CHU Sainte-Justine veillera à promouvoir la santé des enfants soignés chaque année dans l’établissement.

Merci

C’est une histoire à suivre…

Début d’un long résumé..

Au moment où Matt a dit que c’était assez, j’étais tellement réjouie et soulagée. Je venais tout juste de percuter ma rame gauche sur ma cuisse pour la énième fois en quelques instants, ma patience s’effritait, je souffrais depuis plus de 45 minutes aux avirons, mon dos brulait, mes mains désespéraient à tenir fermement les rames, la mer nous offrait des vagues croisées et le sentiment profond de n’aller nulle part. L’océan ne voulait nous laisser passer mais loin de moi l’idée de laisser tomber les avirons. Il me restait plus d’une heure avec eux et j’allais aller jusqu’au bout.

On installe l’encre flottante, l’océan est trop gros, mauvaise direction des vagues, de la houle et du vent. Il n’y avait rien à faire, même en travaillant d’arrache pied on perdait effectivement 1 mille a l’heure dans la direction opposée!

Mon bonheur fut de courte durée, 2 heures plus tard, je m’ennuyais déjà. Quelques heures plus tard, on m’interdisait le pont après quoi, la nausée s’est mise de la partie. J’ai découvert les vertus du Gravol et me suis endormie quelques heures! Le pont fut plus sécuritaire des le lendemain.

33 degrés, humidité intense, moiteur… la Stern cabine était effectivement un endroit ou le mot confort n’existait pas. Normalement étroite pour deux, elle devenait un vrai calvaire pour quatre. Je recevais avec dégoût des gouttes de condensation qui coulait du plafond, aucune position ne fessait office de repos. Je regrettais avoir désiré arrêter de ramer quelques heures plus tôt. Très rapidement je me suis surprise à choisir la résilience, accepter et laisser aller les circonstances guider mon existence pour les prochaines heures, voire les prochains jours. J’ai tout de même tenté de marchander nos espace de sommeil pour rendre le supplice plus équitable… à la toute fin de la semaine nous auront tous couché sur le plancher au moins une fois, reçu en moyenne 1 litre d’eau de condensation sur le coco et s’être réveillé dans l’eau plus d’une fois. Je savais bien que personne ne pouvait devenir aventurier sans se salir les pieds.

Je dois retourner déjà aux avirons, c’est une histoire à suivre…

mercredi 3 février 2010

De retour à la rame

J’ai tout un retard à rattraper! Du jour 15 au jour 22! Moi qui vous promettais des nouvelles quotidiennes, je me suis retrouvée dans une fâcheuse position durant toute la semaine.

Sur mon dernier blog, je vous expliquais que nous devions trouver le sud du 21 degrés afin d’échapper un système de basse pression, vous aurez deviné que ce système fut plus rapide que l’élan de nos rames et que nous avons été pris au dépourvu. Au total : 6 jours d’arrêt, 6 jours à l’encre flottante, 6 personnes à partager 2 petites cabines, patience, résilience et passe-temps…

Voila un petit blog de rien pour vous rassurer et vous dire que tout va bien, je vous reviens demain avec le fruit de mes inspirations trouvées ici, dans l’aventure de l’océan atlantique.

Merci

vendredi 29 janvier 2010

Surplace

"Le Sara G est au beau milieu d'un système dépressionnaire venant du Sud Est, ce qui amène de grosses vagues et... un gros défi pour progresser vers notre destination !! Ça fait au total 3 jours qu'on a sorti l'ancre flottante, car plutôt que d'avancer, on recule de 15 à 20 miles par jour !! On devrait en avoir encore pour 2 jours à faire du surplace, et çà prendra au moins une journée de rame pour revenir à notre position. On aura donc perdu 6 jours au total.

Durant ce temps, mes collègues d'aviron et moi sommes confinés à demeurer dans les cabines, bien en sécurité. C'est un peu à l'étroit, il fait chaud, mais on y est beaucoup mieux que sur le pont où il vente à outrance ! On en profite d'ailleurs pour échanger, et laissez moi vous dire que l'esprit d'équipe se consolide.

Quand je me retrouve dans ma cabine, je prends le temps de me reposer, de lire vos lettres, d'écouter mon MP3. Merci à tous pour vos mots d'encouragement ! Je suis contente de savoir que vous suivez mes péripéties, et que vous êtes avec moi en pensées. Mon moral va beaucoup mieux d'ailleurs. Je commence à prendre le rythme, et tout va pour le mieux : )

Lorsque je reste enfermée dans ma cabines durant de longues heures, et que j'ai chaud, je me sens coincée, j'ai mal... je pense à mes petits patients de l'hôpital, et mon cœur se réchauffe. Sans le savoir, ces enfants m'apportent une grande force intérieure et une résilience, qualités essentielles à ma traversée. Merci à tous ces merveilleux enfants, ils sont une source d'inspiration pour ma traversée !!!"

Mylène

Jour 15

Vents: est : mauvaise direction
Houle: est : bonne direction mais mauvais moment
Sara G : sud est : bonne direction mais manque de temps!

J'ai l'impression de vous donner des indications sur une partie de Master Mind, mais c'est plutôt à Battle Ship que l'on se prête au jeu.

Bientôt nous croiserons des bateaux de la Woodvale challenge, en tout, 91 participants, 41 bateaux, des rameurs en solo, en double, en quadruple et un bateau de 12 rameurs; Britania III. On prend régulièrement leurs positions et on discute sur SAT phone avec un rameur solo Irlandais, il n'est qu'à 50 miles derrière nous, on le sens très seul et on croit que cette mauvaise basse pression lui fera passer des moments pénibles. Même si près de lui, on reste impuissant devant sa condition.

Malheureusement avec le système de basse pression qui s'abat sur la région, nous ne pourrons profiter de vents favorables. Les vents sont maintenant sud et nous avons la surprise de constater que la progression se fait difficile. Chaque coup d'aviron est difficile et la cadence est dure à soutenir. Même en étant celle qui donne le rythme, j'ai du mal à être fidèle à ma propre rigueur. Nous avions pris la décision de cesser de ramer au cours de la nuit. Les vagues se suivaient et ne se ressemblaient pas, chacune était un risque éminent, après 2 ou 3h de matin, la lune ayant quittée notre ciel, nous avons du prévenir les vagues à l'aveuglette donc la prudence était de mise. Nous avons donc cessé de ramer vers 3h am et repris les avirons dans l'après-midi. Un total de 18 hrs sans ramer.

J'ai dormi. J'ai lu mes lettres, réfléchi… mon moral se porte mieux.

En après-midi, nous reprenons le contrôle de la situation et retournons aux avirons pour que la progression suive sont cours. Les coups d'avirons se sont fait de plus en plus difficiles, voir lents, très lents. Habituellement nous avançons à près de 3 ou 4 nœuds, la vitesse du jour 15 frisait les 1.8 nœuds. Toute la nuit, j'ai combattu le sommeil, le désespoir et le découragement. Enfin, dans ma tête se bousculaient des idées négatives que j'ai bien fait de chasser illico! Je me suis efforcée à plusieurs reprises de voir les choses autrement, reprendre le contrôle des mes idées et ne pas me laisser aller à ruminer à chaque instant a été un défi ultime… nous avons ramé de courts coups de rame (short stroke) durant toute la nuit, grossièrement, çà veut dire, on ne pousse presque pas avec les jambes et on donne la poussée en basculant notre dos vers l'arrière et en tirant avec les bras. Ce type de technique est difficile à suivre et nous donne l'impression d'aller nulle part. Aussitôt mon focus dans mon bon moment, je devais user de concentration pour ne pas regarder l'heure et rester dans ma zone. J'y suis arrivée quelques fois. Enfin mon quart se termine et je suis de retour à ma cabine.

Jour 15 achève et nous clôturons un nouveau record de plus courte distance jusqu'ici : 35 miles!

La nuit tombée, le programme continu; retour aux avirons, manque de motivation, fatigue, caplets de caféine, musique et playlists… On alterne nos shifts et on essaie de garder le moral en groupe. On se soutient, avant d'aller au combat, je demande au prochains qui viendront me rejoindre dans 40 minutes; dites-moi, comment vous allez, préférez vous parler, jouer à des jeux ou écouter de la musique quand vous viendrai me rejoindre dans 40 min? La question est bien reçue, j'obtiens pour réponse qu'on aimerait parler. On s'offre de combattre en gang plutôt qu'individuellement, c'est plus profitable.

Je vous laisse sur la nuit qui tombe sur jour 15 et vous promet un prochain blog rempli d'explications… pourquoi vous sommes nous retrouvés avec le Canada dans notre trajectoire sur le marine tracker? Basse pression quand tu nous tiens!!!

Mylène

mardi 26 janvier 2010

Solitude

L’enveloppe rose était plutôt abimée, au moment de la sortir de son sac plastique, j’ai encore hésité à l’ouvrir. Devrais-je attendre un moment plus opportun pour la lire? J’ai observé la missive sous toutes ses angles et me suis souvenue à quel point j’en ai pris soin. Après notre 2e tentative de départ du Maroc, elle avait été trempée comme tout le reste et avait du sécher sur ma cabine toute une journée, j’étais inquiète que l’information disparaisse ou se dissipe avec l’humidité et l’usure. D’un cote, un dessin fait par les mains de Loïc, cent fois scruté de mes petits yeux fatigués, fessait office de décoration au plafond de ma cabine. De l’autre coté, il y avait écrit : « Respecte la mer et elle te respectera » Ta sœur qui t’aime.

Collée, décollée, humide, séchée, transférée dans un sac ziploc, recollée au plafond de ma cabine à maintes reprises, elle contenait toujours son message original écrit de la main de ma sœur le 25 décembre dernier. Ma sœur a dit de l’ouvrir en cas de difficultés interpersonnelles. Ma question; Est-ce que se sentir seule au milieu de 5 personnes peut-être considéré comme une difficulté interpersonnelle? C’est sur il y a pleins de petites difficultés interpersonnelles. Donc je l’ouvre.

Merci ma sœur, tes mots clé m’ont aidé, tu ne peux pas savoir à quel point, je m’y agrippe comme à une bouée de secours. « Laisse retombée la poussière » « reste patiente ». Ma sœur et moi partageons la lune, on se sent seules et séparées mais en cherchant la lune dans mon ciel ce soir, je me sens bien et enveloppée. Je sais que ma sœur cherche aussi.

Merci Jen, j’ai bien reçu ton courriel qui m’a fait un bien fou. C’est difficile de constater que plusieurs personnes suivent mon aventure. Comme je ne peux me rendre sur facebook et prendre mes messages d’encouragements, mes courriels ou les commentaires de mon blog, je sens que j’existe qu’ici. N’hésitez pas à m’écrire, Julie saura quels courriels encourageants me transmettre. Je me sens coupée du monde et c’est difficile à évoquer. Pour vous donner un aperçu, ma nièce est née mercredi dernier et je l’ai appris par moi-même le vendredi suivant! Même avec toute cette technologie disponible, personne ne me rejoint.

Merci a Philippe Schnobb pour nos entrevues hebdomadaires, elles me permettent de rester en contact avec tous vos auditeurs et une population avide de savoir ce qui se passe dans notre périple.

Mylène

Jour 14

La nuit tombe sur Day 14. C’est le « Dask » shift, je regarde ma lune à tribord et le Québec en dessous. Aujourd’hui, j’ai relu des lettres d’amis, dormi et ramé, j’ai mangé des trucs impossibles et, catastrophe; je n’ai plus de chocolat chaud.

Au début de la traversée, j’avais mal au dos et je m’en inquiétais. Mon capitaine m’à alors dit ceci; En mer, un petit bémol devient vite une grande catastrophe, reste calme devant l’adversité, sache relativiser. C’est bien vrais, ici, il n’y a pas de référence pour mesurer l’étendu d’un problème. Tout est important, nos besoins fondamentaux sont à combler sans négociation, sommeil, alimentation, repos… lorsqu’on perd une rame, on sent que c’est la fin du monde mais il y a toujours une solution de rechange. J’écoute KT Tunstall chanter Miniatures Dissasters et je me reconnais dans ses paroles. Je me sens moins seule avec la musique. Mon défi est d’autant plus humain que sportif. J’accepte les nouvelles issues avec front, je veux apprendre alors je suis au bon endroit.

Des nouvelles de notre routeur météo, un système de basse pression sera présent au nord du 21 degrés sud. Ce qui provoquerait des vents du sud, contraires à notre bonne volonté. Nous avons alors reçu l’avis de nous précipiter le plus rapidement possible au sud du 21e degrés afin de poursuivre notre progression franc ouest par la suite. Nous avons alors 3 jours, d’ici vendredi, pour parcourir un total de 170 miles. Nous avons maintenant un cap ouest sud-ouest. Les vents nous proviennent présentement est nord est. Vous croirez que ce sera facile vu les progrès effectués récemment, mais sachez que l’on assois vitesse de 2 nœuds depuis notre vent chaud d’est, le Sahara souffle sur nous et ralentit notre avance.

Notre position actuelle est 22 degrés 23,36 minutes Nord et 25 degrés 14,68 minutes Ouest et notre distance parcourue depuis hier est 70 miles marins.

Jour 13

Un vent et une houle de l’Est et Nord-est et nous revoilà propulsés vers de nouvelles difficultés mais aussi de nouveaux records d’équipe. 90 miles parcourus en 24 heures. À cause de ce vent qui tourne constamment de l’est au nord-est, nous avons du arrêter quelques heures sporadiquement pour contrer les vagues imprévisibles et changeantes avant quoi mon petit poste de nage insignifiant s’est rempli d’eau à plusieurs reprises. L’embarcation se retrouve souvent basculé comme une plume qui tombe du ciel! Aussitôt que l’océan le permet, on retourne aux avirons. Cette nuit, je me suis sentie la reine du monde, je me tenais fermement aux gardes fou, attachée à mon harnais, installée au plus haut point réglementaire de l’embarcation, j’ai passé mes deux heures de rame à observer les vagues unes à unes se lever contre la coque. Notre horaire reste le même, malgré que notre tâche ne consiste plus sa ramer, on reste disponibles pour le faire si le temps change. Plus tard, de ma cabine, c’est fou comme çà bougeait, j’ai roulé sur mon voisin durant mon sommeil et touché le plafond. C’est tout un manège.

Côté rame, les Croker sont excellentes, malgré qu’elles soient peu robustes, elles offrent une meilleure souplesse. Je tombe beaucoup moins même presque plus de mon poste de nage. Quand une Croker se cogne sur ma cuisse, je sais que ce n’est plus juste ma cuisse qui mange le coup mais la Croker aussi. Comme si ce n’était pas suffisant… en faisant d’autres ajustements Peter et moi avons perdu une autre rame mais une Croker cette fois!!!

Durant la nuit, on a cru apercevoir un bateau à rame comme nous mais nous hésitons encore a croire que ce serait un concurrent de la Woodvale. Nous sommes très près des dernières positions épar un concurrent Irlandais avec qui Peter à discuté par téléphone satellite cette semaine. Battre le bateau de 12 rameurs, le Britania III, reste toujours une possibilité.

Tous les soirs, je croise des regards d’amis sur mon ipod. Grace à mon amie Pauline, je peux rire, vous voir et vous écouter. Hier, c’est ma sœur qui m’a fait le plus rire avec ma cousine et mon neveu. Il y a deux jours c’est ma cousine Caroline et son conjoint qui m’on fait plaisir en m’annonçant qu’ils seront peut-être présents eux aussi à la Barbade! Je me sens bien seule parfois et vos sourires me réchauffent le cœur comme par magie. Céline, Mélina et Maryline, je vous ai écouté plus d’une dizaine de fois. Merci

Je pense à vous tous, j’ai une grosse pensée pour le Québec quand je regarde à Starbord, à ma gauche. Je sais que si je fais une belle grande ligne droite, je vous rejoins.

Au moment où j’écris ces lignes je réalise que je n’ai pas vu la neige depuis un mois! J’ai quitté à Noel et nous sommes exactement 1 mois plus tard. Loïc, tu as déjà change, tu es grand frère maintenant, ma sœur, encore une fois maman… tant de choses ont change depuis un mois! J’ai le cafard, Pauline est-ce que c’est çà le cafard? Est-ce que je peux ouvrir ton enveloppe maintenant?

Dernière position : 23 degrés 03 minutes Nord et 24 degrés 11 minutes Ouest

Mimi xx

dimanche 24 janvier 2010

Tempête sur ma position

Depuis mon poste de nage, quand une vague se fracasse sur le pont mon siège se déplace ou mes pieds sortent des étriers et je tombe dans le cockpit, quand de grosses vagues viennent forcer les rames à s’assoir sur mes cuisses ou mes tibias ou trop souvent mes hanches, j’ai envie de pleurer parce que çà m’arrache toute une sensation de douleur qui prend trop de mon énergie, quelques secondes plus tard, j’oublie, mais si on a affaire à une mer forte, je dois persister plus d’une fois. Quand je suis éjectée de mon siège, le truc que les garçons me suggèrent c’est de laisser aller les rames. Une fois sur le cul de toute façon est ce que j’ai vraiment d’autres choix? Je bénis trop souvent ces moments d’insulte en me retrouvant dans une telle position. Étant la seule fille, je frustre contre mon manque apparent de force physique, les gars sont loin d’avoir ce genre de problèmes.

Cette nuit, je m’installe, je rame, la mer est forte et mouvementée, Sara G a tendance à porter tout son poids à Bâbord… Je tombe une fois, j’en sacre deux. Une minute plus tard, je tombe encore et là j’en perds mon anglais, je me parle en français et l’évangile en prend pour son rhume. Le poste central est vide car Peter et Matt son à la cuisinière dans la porte de la Stern cabine à quelques centimètre de ma position et James rame à sa position derrière moi, à la Bow cabine. Mon enveloppe et moi sommes trempées et le contenu; FRUSTRÉE. Je suis jalouse, pourquoi çà arrive juste à moi, j’ai tellement l’air épaisse sur le derrière, devant mes rameurs. Depuis la semaine dernière les garçons me disent de lâcher les rames et de ne pas résister contre elles, les laisser aller. Malgré mon manque d’aise à le faire de même c’est ce que je me résigne à faire une fois que je sens que je perds le contrôle de la situation depuis la semaine. C’est qu’en lâchant tout je m’abandonne à mon harnais, avant, sans lâcher les rames , je pouvais me retrouver plus loin sur le pont… entre ma rame et le sol, trimballée sur 2 pieds à savoir qui serait la plus têtue… la vague, la rame ou moi. Maintenant je sais que ce n’est pas la rame, ce n’est pas moi non plus… La mer m’a appris à rester calme, me frustrer ne me donnera rien ici…

3 e assaut : Mes rames m’emportent encore sous l’influence d’une force impossible, je suis enragée, cette fois encore je n’aurai pas le dernier mot. En tombant, je repousse les rames violement, avec frustration, je l’admets. La mer aura toujours le dernier mot : Voilà ma rame tribord qui s’éloigne et revient violement me tester la patience. Je la repousse une fois de trop. Elle pivote, se retrouve complètement à l’extérieur retenue par la dame de nage et CRACK, la mer l’avale, je me précipite, trop tard. Elle flotte et s’éloigne. Je regarde la dame, elle est tordue un peu, le carbone à fait son œuvre. La mer à voulu m’apprendre que même après 40 ou 50 chutes frustrantes, la mer mérite ma patience.

On a du tout ranger et sommes rentrés a l’abri, rien n’était possible de faire au clair de lune. Continuer durant la nuit, avec un rameur en moins devenais inefficace. Je me retrouve donc, au petit matin avec une paire de Croker dans les mains. Pedro et Pete ont un astuce pour palier à mes problèmes de chutes interminables. Peut-être procéder à de nouveaux ajustements. Lesquels tiennent office de solution.

Oui, j’ai pleuré, pas trop mais j’ai quand même pleuré. J’avais donc honte d’avoir fait ralentir le projet parce que je ne suis pas assez forte pour me tenir à mon poste sur mon siège, j’ai pleuré parce que j’ai perdu ma super rame d’océan en carbone noire et jaune, qui flash dans le noir, j’ai pleuré parce que personne ne m’a parlé avant d’aller au lit donc je les croyais tous fâchés contre moi, ben oui, j’ai pleuré en écrivant ce blogue. J’ai eu honte de moi. J’ai pleuré en parlant avec Pedro ce matin je lui ai expliqué que je préférais avoir perdu une rame que de me blesser. J’ai pleuré parce que j’ai réalisé ce matin que tout le monde prenais mon problème à la légère, un petit problème pas réglé ici devient un problème de groupe là bas! Mais là çà vas… c’est le stress, çà fini par vous épuiser de ne jamais dormir plus de 1h30 en ligne.

Au moment de corriger ces lignes, je suis heureuse et reposée.

Notre position actuelle affirme que l’on a parcouru que 24 miles à cause de notre arrêt de nuit.

Je reprendrai le rythme de mon blog quotidien, nous en sommes au jour 13. C’est le temps d’ouvrir des lettres! Je lance l’appel à Jean-François mon beau-frère qui a oublié celle qu’il a écrit pour moi… c’est le temps de me l’envoyer par courriel JF!

Je vous embrasse fort

Mylène, les pieds dans l’eau.