samedi 31 décembre 2011

Mes mercis à la Kim


Pour tout de suite entamer ma liste de résolutions 2012 soit de nourrir mon blog à toutes les semaines, voilà ma dernière entrée de l’année qui s’achève et pour mieux commencer la prochaine. Un peu sous l’influence d’une écrivaine, Kim Thuy pour ne pas la nommer, un peu dans le désordre, je vous partage mes mercis de l’année 2011.

J’espère que vous saurez vous retrouver entre les lignes... merci de me lire.

*Merci à Loïc, 5 ans, pour ta question « T’es où là Mimi ?» le globe terrestre entre les mains
*Merci à Sonia pour ta maison qui m’a permis de m’éveiller sur la grave à tous les matins
*Merci à la Fondation David Suzuki pour votre programme de formation
*Merci au printemps arabe pour me permettre autant de réflexions
*Merci à Papi d’être là tous les jours et de fêter nos anniversaires, toujours…

*Merci pour vos cartes remplis de souhaits, vos lettres et aussi vos chèques ;)
*Merci à l’homme qui a attaché mon manteau boulevard René Lévesque
*Merci aux riverains pour vos appels de détresse inutiles à la Garde-Côtière
*Merci à Jean-Guy de Toronto pour ton hospitalité légendaire
*Merci à Cushe, pour la confiance que vous m’accordez et …aussi pour mettre des talons hauts sur le marché ;)

*Merci à David Suzuki pour votre lettre et votre accessibilité
*Merci à Benoit Marsan de toujours mieux me contrarier
*Merci pour ma nouvelle adresse et ma double vie à Havre Aubert
*Merci aux cochers qui égaient mon Vieux-Port endormi par l’hiver
*Merci à ma famille élargie qui se rapproche et s’agrandie

*Merci au programme de formation de la FDS pour m’avoir présenté tant d’amis
*Merci grosse baleine de m’avoir approché ton petit
*Merci aux textos de Luc Miousse et de mon routeur météo qui m'ont tenu en haleine
*Merci l’grous, mon nouveau frère des Îles-de-la-Madeleine
*Merci pour l’appui de Rivière-au-renard Radio Garde Côtière, merci pour Eye of a Tiger durant la nuit sur la voie 16

*Merci à l’homme de Bathurst pour avoir aplanit mes problèmes, depuis…
*Merci à L’Écho-Fêtes de Trois-Pistoles pour la plus belle ovation de ma vie
*Merci Mikael pour ton t-shirt et ton streap-tease sur le quai
*Merci Dominique Champagne, tu as ouvert en moi une porte que je ne peux plus refermer
*Merci à vos adieux sur le ponton de Trois-Pistoles, bière à la main, à 4h du matin

*Merci Papa d’avoir confiance en moi, de me supporter et d’être si conciliant
*Merci aux étudiants de l’U de M pour vos témoignages ébranlants
*Merci Pierre-John pour la conversation sous le vent du large, tu sais, toi aussi
*Merci aux mauvaises conditions climatiques de Port Hawkesbury
*Merci Marie à Matane pour m’avoir sortie de mon milieu et m’avoir ouvert enfin les yeux

*Merci à l’ambulancier d’avoir sauvé mon manteau de ski des grands ciseaux de l’urgence
*Merci même à Monsieur l’agent pour son atypique indulgence
*Merci au fils autiste du maire de Portneuf pour son coup au bâton et son premier but de l’été
*Merci Dr.Sabouret pour avoir compris ma résistance et soigné mon bras cassé
*Merci à Christian pour avoir essuyé les larmes d’une rameuse si triste et d’avoir attendu patiemment que le son des sirènes nous arrive

*Merci Evelyne pour les trois clémentines et ton sourire me souhaitant bonne chance pour les éplucher
*Merci Dumas pour Alors Alors et tes merveilles le soir de ma catastrophe du 20 aout dernier
*Merci Gilles pour ton pot de miel, ton grigri et ton cigare à mon départ de l’anse-à-Beaufils
*Merci pour ton paquet vide, full aluminium, qui m’a permis de fabriquer mes propres fusibles
*Merci à l’opérateur de machinerie lourde de m’avoir donné les commandes de sa pelle mécanique et de m’avoir fait sentir comme au jour de Noel quand j’étais toute petite

*Merci Diane Reid pour notre soirée en crazy carpet sur toute petite butte de Toronto
*Merci au feu de ne pas s’être propagé et à la boucane de m’avoir réveillé aussitôt
*Merci à la Vieille Usine pour m’avoir nourri tous les jours
*Merci au chef pour ses croque-matin de débiles cuits au four
*Merci à Stéphane pour mon entrainement spécial sur le sable fin de la plage de Bassin

*Merci à ma Peta pour ces beaux moments à l’abri sous ton toit
*Merci à mon nouveau prof de guitare pour mon fichu mal de doigts
*Merci à Laurence, 2 ans, de me faire voir la vie autrement
*Merci à tous ces outils qui me permettent de gratter sous mon plâtre… rapidement
*Merci à ma nouvelle amie mexicaine que j’aime, que j’aime 
*Merci à François et Lyne pour votre dépendance aux agates juste après la marrée
*Merci Jean Faucon au centre de réadaptation pour m’offrir une si belle opportunité
*Merci aux demoiselles pour m’avoir orienté au lever du jour
*Merci Maman pour tes soins, tes délicatesses et ton sens de l’humour
*Merci mon colloc pour ton aide, ton écoute, pour tout partager, de ta soupe réconfortante à notre filleul adoré

*Merci Guylène Levesque pour ta visite et pour le grand ménage
*Merci au petit Nicolas Linke pour sa visite au salon et son exposé oral
*Merci à l’homme de la Chaudière, à Saint-Laurent, à Jaco, à Hermel et Mario et aux autres oubliés... 
*Merci à mes vieux amis de toujours être là et de m’attendre pour commencer la soirée...
*Merci à mon bras droit d’être toujours intact, d’avoir résisté à l’impact pour me permettre d’encore écrire au clavier…

Bonne Année


jeudi 8 septembre 2011

Encore en mer

Mardi matin, le 6 septembre, j'étais au "summum" du découragement...

Les conditions météo n'annonçaient rien de très réjouissant pour Peta et moi.
Une autre journée à passer dans ma cabine.
Y avoir pensé plus tôt, j'aurais "downloadé" l'application ANGRY BIRDS sur mon Iphone!

J'ai aussi appris à mes dépends, à ne jamais montrer son désespoir à quiconque par téléphone, comme la ligne satellite coupait, 20 minutes plus tard c'était la garde-côtière qui m’appelait par la radio VHF afin de vérifier si tout allait bien. Comme quoi, les nouvelles vont vite même du tout milieu du Golfe!

Ma dernière nuit à l'ancre aura été la plus mémorable; vers minuit, je me suis réveillée dans la fumée dans ma cabine. Une surchauffe dans mes électroniques en était responsable...sans crier "GARE" !!! mes fils "grillaient"!!! Et voilà un début d'incendie à bord...

J'ai réagi au meilleur de mon peu d'expérience en matière de "début d'incendie": j'ai coupé l'alimentation électrique, ouvert la portière (en cherchant en vain à respirer et à attraper ma lampe frontale)...puis, une vague est entrée et voilà ma belle cabine étanche souillée d'eau salée.

Morale de l'histoire: se faire une "fuse" avec du papier de plomb, c'est une mesure temporaire...pas temporaire comme dans "jusqu'à ce que je trouve les miennes" !!! mais temporaire comme jusqu'avant que le feu prenne"!

Après cette expérience, quoi de mieux que de passer 1 heure et demi à tenter de comprendre pourquoi un nouveau morceau de macramé orne la proue de ma Peta.. o_o ???

L'ancre flottante, sa ligne et sa corde de rappel s'en sont donnés à cœur joie lorsque le vent du nord à tourné.
Pour ma sécurité et celle de mon embarcation, j'ai dû couper quelque part pour sortir cet agglomérat de cordage d'en dessous du bateau et même ma dérive s'est était mêlée.
Donc, aujourd'hui, j'ai fait du macramé, quel beau passe temps!

En ce mercredi, excellente progression, et je compte arriver, possiblement jeudi soir...pour le moment, l'urgence est de sortir de la Bradelle...arghhhh !!!! (Le Bradelle est un haut-fond sur lequel on ne veut pas se retrouver puisque le clapotis y est terrible et les vagues; impressionnantes, le bateau devient alors difficile à manœuvrer et le sentiment de sécurité y devient rarissime)

Mon équipe de terre publiera l'info sur ma page dès que ça sera confirmé !

Merci d'être si nombreux à m'encourager !

Mylène en mer

lundi 5 septembre 2011

le vent, la houle et...le mal de coeur !

Ramer, ramer, ramer et ramer contre le vent...l'ancre flottante...ça fonctionne réellement.
Bien évidemment que mon Spot GPS a bel et bien indiqué la perte de territoire engendré par des vents drôlement défavorables...des pointes de vents de 15 noeuds dans le sens contraire, alors, faut se rendre à l'évidence qu'en ayant bien suivi la stratégie élaborée avec l'équipe de terre, j'ai une marge de manoeuvre telle que je peux me permettre une séquence de repos supplémentaire et profiter d'une dérive de 1 à 2 noeuds par moment et de ne pas m'acharner inlassablement contre le vent...je deviens sage....j'apprends de jour à jour à ménager mes énergies et à les déployer à bon escient quand vient le temps.

Demain, mardi...selon Michel Meulnet, le vent s'établira au nord et ces conditions favorables seront aussi présentent mercredi où je pourrai ainsi, pousser à fond et profiter d'une bonne descente.

Contre toute attente, bien que protégé des différents éléments, mon ordinateur portable n'aura pas tenu la route...il est "out of order"... la rédaction du Blog se fera ainsi: je le dicte via mon téléphone satellitaire sur un répondeur téléphonique et l'équipe de terre en assurera la rédaction.

Or, j'ai très très hâte de ramer...demain et mercredi seront d'excellentes journées -- oh...et j'étais la dernière personne au monde à penser que j'aurais le mal de mer...eh bien oui...ça m'est arrivé !!!

J'ai cru observé un requin pèlerin tout autour de ma belle embarcation...tout plein de fou de bassan...s'ils virevoltent autour de moi, c'est que les Iles ne sont pas si loin...je poserai bientôt pied sur terre.

Merci pour vos messages d'encouragement !!!

Mylène

dimanche 4 septembre 2011

Unforgettable Scare

Unforgettable Scare

Unforgettable… I ended my last blog by writing: “This passage in the bay will be unforgettable.” Accompanied by the Canadian Coast Guard Auxiliary, Hermel and I had sailed off early that morning. Our goal was to put as many nautical miles behind us as possible using the oars, before the arrival of an east wind forecasted for later in the afternoon. At the time, a single thing was dashing my happiness: even with all the energy I was expending on the oars, my speed log* never went above two knots. Despite this fly in the ointment, I was truly enjoying the tales that Hermel was telling me… about the good old days. At that moment, I would have had a hard time to believe that my day could end up with an avoidable drama.

Around noon, the east wind came up right on schedule. In the Atlantic, I would have opted for a temporary solution to let that headwind pass, but coming out the bay and close to the shore, I gave up and asked Hermel to bring the engine to life. What a nuisance! Hermel was quite happy, I was just sorry that I couldn’t row.
The only positive aspect as far as I was concerned was that I would see once more one of Quebec's great sights: Cap Gaspé. The breathtaking and imposing cliff, battered by the St. Lawrence, marked for me the high point of my journey down the St. Lawrence and the beginning of a new adventure.

Sailing out of the bay that day, my boat, more seaworthy than Hermel imagined, would slice through the impressive waves, only to crash down roughly in the troughs two metres lower. Our plan was to leave behind the Gaspé Bay to seek refuge from the winds in the south portion of Malbaie, not quite three nautical miles from the Rocher Percé. This would provide us with a break while we waited for better weather to go around Rocher Percé, maybe even rowing around it and coming in Anse-à-Beaufils later in the evening. A few minutes before getting into shelter, the engine died suddenly. As Hermel was assessing the situation, I was mesmerized by the giant steep cliffs overshadowing the water in front of us. Thirty minutes later, the fifteen-knot wind had already shifted us a fair distance offshore. As I was in constant contact with Sylvie at the Coast Guard on account of my regular reports, I decided to make known our dire circumstances to her. She suggested that we put out a distress call to all boaters and ask them to come and help us.

Ten minutes later, a blue and black zodiac approached us with 5 or 6 customers aboard, and a single man standing. To my utter surprise, this man shouted out: “Rowing across the Atlantic, now what kind of foolishness is that? Will we be the ones who will again have to go and rescue you in the Atlantic?” After three or four more insults, I was immunised. My only wish was to get away from this despicable person in the shortest time possible. Had I known at the time that the Gérald Bourdages was sailing with the Canadian Coast Guard Auxiliary from Gaspé to help us out of our jam, I would have never ever agreed to put our safety in the hands of this man. I should have refused this tow right there and then and tried to contact once more the Coast Guard.

A few minutes later, after being towed over about thirty metres, a second boat arrived, the E-M (it will remain nameless), big and impressive. My towrope was passed from one boat to the other while I was still moving. They were courting disaster with these unsafe manoeuvres. I was worried, and so was Hermel. Once my boat was behind the E-M, I felt more stable but was still unable to contact this new “good Samaritan” to explain to him how my boat would behave when being towed. A few minutes later, my log was showing speeds of 7 knots… 7.5 knots… 8 knots… The nightmare was only just beginning. I then asked the people aboard this boat to pass on a message requesting a reduction of its speed. With worried faces, the tourists on the E-M would pass on my request to the captain, and I would then notice a reduction of my speed for a short while. The speed remained stable around Rocher Percé, which I was able to admire as it went by on starboard. Right after going by Rocher Percé, I saw my speed log go back up to 8, 9,... 10 knots. I could barely keep the rudder blade straight - I was burning my hands trying to hold the rudder's ropes. My shoulders, acting as levers, were resisting the pressure of the water on the rudder. As soon as I secured the ropes in the cleats, the boat was at risk of turning on its side… my arms were as sore as I ever felt them.

I could feel Peta pitching to port and to starboard. Suddenly, I saw water on starboard at the level of my shoulders, my eyes, the top of my head… I knew then that I was about to capsize. Using all my strength, I pulled the rudder to port. Peta pitched to port, thus avoiding tipping over on the starboard side. The same thing happened then on the port side. Just then, Hermel almost fell in the water. Right after that, he untied my lifeline from the boat and explained that at our current speed, if we fell in the water we would be automatically drawn under the boat and drowned. Hermel told me that the last speed he saw on my log was 10.5 knots! A speed for which my rowboat is definitely not designed for.

The towing boat thus almost drowned us, under the powerless gaze of the tourists and their cameras, as they could not guess at the danger we were in.

Our approach of Percé’s jetty didn’t mean the end of the nightmare yet, as the E-M was still towing us there at a much too fast speed to safely tie up to the wharf. At that instant, I shouted: “Untie us right away, it’s fine, I don’t need your help anymore, I can row from the Rocher Percé… no problems anymore!” Our speed then came down to four knots. I signalled to the captain that my engine was on the side that my boat was going to tie up to the wharf – I had to turn around. I wanted him to unfasten the towrope as quickly as possible to be able to turn my boat with my oars. Without warning, the captain made a U-turn. When the towing boat quickly turned, my boat was catapulted towards the jetty as it was still tied with the towrope. I immediately took an oar to try and soften the blow. I used all my strength and shouted as I pushed on the wharf beside my boat. My oar got jammed right away between the steel beam and the rubber bumper, but Peta's nose still hit the concrete wall between the steel beams. My oar was bending under the weight of my boat and was cracking every which way with a clear "carbon fibre-ish" sound. By thrusting my oar forward, I had at least absorbed some of the impact and may have even avoided having to end my dream on account of too extensive damages.

Quite shaken, Hermel and I were still not at the end of our troubles. I now had to tie up to a twelve-foot high wharf, with cross waves pushing us violently against it. People came out on the jetty to assist us in getting the situation safely under control.

A few minutes later, I saw a small brunette peering over the top of the jetty: “Mylène, what are you doing here? I wasn’t expecting you today!” Captain Beaudin is a very good friend of Mario at the Matane yachting club. Mario had informed his Percé friends of my coming to the area and had asked them to take care of me during my arrival at, and departure from Anse-à-Beaufils. In just a few minutes, everything was arranged. Émilien and Danielle went to Anse-à-Beaufils to fetch a boat to tow me, safely, to the shelter of the cove. A thousand thanks to this great family!

After putting in at Anse-à-Beaufils, the nightmare was finally over…

As I spoke with Québec’s MRSC the following day, I came to understand that my experience could stir up a lot of trouble and generate quite a response... I could choose to lodge a complaint with Transport Canada and file a formal statement. Then I would also have the option of going to small claims court for the damages caused to my boat. After a number of conversations with the Coast Guard, and a talk with the owners of the towing boat, my complaint was nowhere near being filed. The following Thursday, my various efforts had required more time and energy than the actual towing and I soon buried the hatchet and chose to share this unpleasant experience with you on this blog.

Do keep in mind that the behaviour of these two boaters is in no way typical of the kindness and courtesy demonstrated by the region’s people. Here, people are gracious, generous, and very respectful.

Because of Irene’s windy visit, I can’t leave Anse-à-Beaufils earlier. I therefore worked all week on the preparation of my itinerary in the Gulf and spent some time looking for a good weather window to allow me to have a fine adventure. This week, a few sailboats arrived from the Magdalen Islands and their owners told me that the “Madelinots” were expecting me on the other shore. Even here I’ve heard about the Magdalen and of her magic. I am looking forward to touching the Islands' sweet and soft sand, as then I’ll have the opportunity to meet my first “Madelinots”!

Till I drop anchor in the Islands, I'll be forwarding daily blog entries by satellite phone.

* A speed log is a very small device that looks like a mini turbine located under my boat. It computes the speed of my boat in the water (a speed which might be different from its speed over ground, which is provided by my GPS).



First day at sea blog No 1

First Day at Sea


To my great surprise, when the sun came up I couldn't see anything but water. This is awesome, I finally feel that I’m where I've wanted to be for so long: by myself, rowing and being one with the environment.

When someone told me last Monday: "You do know you'll need three days to find your sea legs?", I didn’t want to believe it. After only forty minutes, I was sick as a dog! Already! With barely two short miles under my belt… Now here’s a new challenge: to push on even though I really only want to go inside to sleep or lie down. Not very proud to utter the seemingly unavoidable sentence: “I’m seasick!”

With winds gusting up to twelve knots, it was hardly surprising that the sea was so rough all through the evening. Which leaves us, my Peta and I, somewhat wary! I was still able to slide down slopes four or five times by surfing on them, with ensuing unparalleled speed bursts. When I went to get some rest at the end of the day, I had to touch my cabin’s ceiling a few times as I incorrectly thought that Peta was going to overturn, and thus confirm the proper operation of its self-righting system.

I was able to get some rest in the evening before starting to row for the whole night. As I was coming out of my cabin, I saw a bright glow in the sky. It was so bright that I thought a plane was shining a light on me... Well no, simply stars in the thousands! So numerous, with the Milky Way as background. I admired them all through the night.

Near dawn, I was able to raise hull speed to three then four knots. My goal was to travel 20 nautical miles in 24 hours. Mission accomplished.

Last night, Papi Hermel phoned to ask me what was going on: “You don’t seem to be moving forward any more!” The communication was cut off… Papi, it’s simple, I sometimes need to sleep! ;)



samedi 3 septembre 2011

Solitude et déplacements

Bonjour !

Hier, qui me semble toujours le même jour que le précédent, marque
ma deuxième journée en mer. Déjà, je suis seule depuis plus de 76 heures et
je crois bien que c’est la première fois de ma vie que je suis aussi seule
si longtemps. En fait, je ne suis pas si seule… mon équipe au sol m’écrit
et me parle grâce au téléphone satellite. Marie, à la logistique, pense à
tout pour moi à distance,si je mange, combien de temps je dors, si je bois
bien et même si j’applique ma crème solaire convenablement, elle réfléchi
même à une solution pour me faire téléporter des fusible neuves, Hermel,
toujours au poste, fidèle conseiller sur ma navigation, Michel, routeur
météo, fait une job du tonnerre depuis la France et me garde avisé des
conditions météo. Merci aussi à Denis Poupart pour ses avis météo. Sans
oublier vous tous qui m’envoyez des messages texto par téléphone satellite,
vous faites aussi partie de l’équipe vous aussi!

Mes rapports quotidiens avec la Garde Côtière me gardent alerte, malgré que
je sois un peu gênée de leur donner ma position depuis qu’elle ne se
diffère pas vraiment de mon dernier rapport ou que je ne me déplace pas
dans la bonne direction, depuis hier, jeudi midi. Le courant dans lequel je
me trouve actuellement me fait dériver vers le nord-est… pas tout à fait la
direction désirée! En allant dormir, je perds donc du terrain, j’ai donc
opté pour l’installation de mon ancre flottante pour me permettre de rester
sur place et d’attendre de meilleures conditions météo et de me permettre
un sommeil réparateur n’ayant cumulé que tout au plus 8 heures de sommeil
depuis mon départ.

Seule dans l’embarcation, je suis loin d’être seule dans cet environnement
qui pourrait sembler désertique pour certains, cette mer est pleine de vie!
Depuis les dernières 24 heures, j’ai aperçu au moins deux grandes baleines,
des marsouins et deux très très gros poissons… vous me direz ce dont il s’
agit si vous y vous connaissez, ils chassaient à la surface et ils avaient
une nageoire dorsale très effilée et pointue vers l’arrière d’une couleur
gris très pale et brillant. On parle d’un poisson de six ou sept pieds.
Durant la nuit, il m’arrive de ramer dans du phytoplancton (petit plancton
fluorescent), en activant les rames dans l’eau, j’aperçois très brièvement
de la lumière scintiller. L’an dernier, sur l’Atlantique, la lumière était
plutôt verte et ici, elle est claire ou même jaune. À ma grande surprise,
j’ aperçu une lueur sous mon embarcation, puis deux, puis trois… des
dauphins! S’activant rapidement dans le phytoplancton, ils étaient éclairés
par leurs mouvements. Les visiteurs sont restés près de moi durant quelques
minutes à faire des pirouettes en dessous de mon embarcation et en tournant
autour de moi, c’était magique! L’un d’eux a sorti son bec de l’eau pour
regarder mon embarcation et j’ai pu apercevoir leurs dorsales noires et
leurs flancs légèrement plus pale. Ils sont disparus dans la nuit, je
pouvais les entendre respirer au loin.

J’ai aussi fais une expérience particulièrement sursautante; étant
concentrée à mon œuvre à la rame, je scrute l’horizon, il m’arrive rarement
de scruter l’eau tout près de moi. En regardant à Tribord, j’aperçois une
tête noire très près de mon bateau, en fait, presque sur mon plat bord….
très rapidement je crois voir un globicéphale noir vraiment trop près de ma
dame de nage et presqu’en train de sauter dans le bateau avec moi! Je fais
un saut terrible après quoi… je me rends compte que c’est simplement la
tête de mon moteur! Ha ha ha!

Donc, ce soir, congé de rame, observation de la mer tout autour de moi,
repos, et sommeil avant d’entreprendre une bonne journée et de progresser
vers le sud, demain, si la météo me le permet.

jeudi 1 septembre 2011

Premier jour en mer

À mon grand étonnement, au lever du soleil, je ne pouvais plus apercevoir autre chose que de l’eau. C’est super, je me sens enfin dans la galère que j’espérais tant : être seule, ramer et ne faire qu’un avec l’environnement.

Quand on m’a dit lundi « Tu sais qu’il te faudra 3 jours pour t’amariner? », je ne voulais pas y croire. Après seulement quarante minutes, j’étais malade! Déjà! Avec juste deux petits miles accomplis… Voilà un nouveau défi : continuer même si je voudrais tant rentrer dormir ou m'allonger. Me voilà malade et bien peu fière de prononcer la phrase fatidique : « J’ai le mal de mer! »

Avec le vent qui forçait de ses rafales de 12 nœuds, ce n’était pas surprenant que la mer soit démontée à ce point toute la soirée. J’ai bien tenté de comprendre d’où pouvaient venir les vagues et la houle, mais la mer avait plutôt l’air de monter et de descendre sans direction ou « patern » régulier en nous laissant, ma Peta et moi, circonspectes! J’ai tout de même pu dévaler des pentes à quatre ou cinq reprises en surfant sur elles et m’accordant des pointes de vitesse sans pareil. Quand je suis allée m’étendre en fin de journée, j’ai dû, à quelques reprises, toucher le plafond de ma cabine en croyant à tord que Peta allait se coucher sur le côté et m'offrir la preuve du bon fonctionnement de son système d’autoredressement.

J’ai pu trouver un peu de repos en soirée avant de retourner aux avirons pour y passer la nuit. Au moment ou je m’apprêtais à sortir de ma cabine, sitôt ma tête sortie de la portière, j’ai aperçu une forte lueur dans le ciel juste au dessus de ma tête. C’était tellement illuminé que je croyais à la présence d'un avion qui m’éclairait... et non, c’était simplement des milliers d'étoiles! Nombreuses, sur un fond de voie lactée. Elles étaient suspendues comme pour m’observer. Je les ai admirées toute la nuit.

Vers la fin de la nuit, j’ai pu grimper la vitesse de coque à trois nœuds puis quatre. Mon objectif était de parcourir 20 miles nautiques en 24 heures. Mission accomplie.

Hier soir, Papi Hermel m’a téléphoné en me demandant ce qu’il se passait : « on dirait que tu n’avances plus! » La ligne a coupé… Papi, c’est simple, c’est parce que je dors des fois! ;)

lundi 29 août 2011

Frousse inoubliable

Inoubliable... je terminais le dernier billet en écrivant : « Mon passage dans la baie sera inoubliable » Effectivement, notre départ de Gaspé se déroulait à merveille. Accompagnés de la Garde Côtière Auxiliaire, Hermel et moi avions quitté très tôt ce matin là. Notre objectif avait été de faire le plus de miles nautiques possibles à la rame avant l’arrivée d’un vent d’est prévu plus tard en après-midi. À ce moment là, un seul aspect brouillait mon bonheur; même avec toute la puissance que j’activais aux avirons, rarement mon loch* m’indiquait plus de 2 nœuds. Malgré cette ombre au tableau, je m’extasiais à l’écoute des histoires qu’Hermel me racontait … du bon vieux temps. À ce moment, j’aurais eu peine à croire que ma journée aurait pu se terminer en un drame évitable.

Vers midi, fidèle au rendez-vous, le vent d’est se levait en m’empêchant de poursuivre mon entrainement, j’étais alors certaine de ne pouvoir continuer plus longtemps. Sur l’Atlantique, j’aurais opté pour une solution temporaire pour laisser passer ce vent contraire mais à la sortie de la baie et près des côtes, avec Hermel qui n’attendait que mon signal pour tirer sur le choke et le démarreur, j’abdiquai et lui donnai le signal pour mettre le moteur en marche. Quel ennui! Hermel, lui, était aux oiseaux, moi piteuse, me suis installée pour attendre que le vent se calme de nouveau pour me permettre de ramer.

Le seul avantage selon moi serait de revoir le même spectacle que celui que j’aperçu pour entrer dans la baie deux jours plus tôt. En tournant la pointe de la péninsule Gaspésienne, s’était dressé devant moi l’un des confins coin du Québec : Cap Gaspé. La falaise vertigineuse et imposante, témoin des assauts du Saint-Laurent et de ses eaux impétueuses, reste là, toujours, sage et coite, à la merci des vents. La péninsule marquait pour moi le point culminant de ma descente du Saint-Laurent et le début d’une aventure nouvelle. 

En sortant de la baie ce jour là, le vent soufflait sur l’eau, formant des vagues et des creux imposants. Mon bateau, plus marin que ne l’aurait imaginé Hermel, fendait les vagues et s’assoyait brutalement dans ses creux, deux mètres plus bas. Notre plan était de quitter la baie de Gaspé et d’aller se protéger à l’abri des vents, dans la portion sud de la Malbaie, à moins de trois miles nautiques du rocher Percé. Cette halte nous permettait de nous offrir une pause, d’apprécier un repas chaud en attendant une météo plus clémente pour contourner le rocher Percé, peut-être même à la rame, et d’entrer à l’Anse à Beaufils, plus tard en soirée. Quelques minutes avant de nous mettre à l’abri, le moteur s’éteignit d’un coup. Pendant qu’Hermel évaluait la situation, je restai là stupéfaite devant les escarpements géants plombant l’eau devant nous. Après une trentaine de minutes, le vent qui soufflait quinze nœuds nous avait déjà déplacés vers le large. Étant en contact constant avec Sylvie de la Garde Côtière par mes rapports réguliers, je décidai de déclarer la situation auprès d’elle. En nous retrouvant dans une enclave de vents nous emportant vers le large, en face du rocher, la nouvelle voix du VHF me suggérait alors de faire un appel à tous les bateliers pour venir nous porter assistance.

Dix minutes plus tard, un zodiac bleu et noir arrivait vers nous, à son bord, 5 ou 6 clients et un homme, debout. Contre toute attente, l’homme m’a lancé : « Traverser l’Atlantique à la rame, là c’est quoi ça? C’est nous encore qui vont (sic!) aller te chercher sur l’Atlantique? » Cette insolence aura été la dernière polie de sa part. Après trois ou quatre autres insultes, j’étais immunisée. Ma seule envie était de m’éloigner de cette personne ignoble le plus rapidement possible. Si j’avais su à ce moment précis que la Gérald Bourdages était en route de Gaspé pour venir à notre renfort avec la Garde Côtière Auxiliaire, je n’aurais jamais, au grand jamais, accepté de mettre notre sécurité entre les mains de cet homme. Après ces quelques échanges, j’aurais dû refuser ce remorquage sur le champ et recontacter la Garde Côtière sur la voie seize.

Remorquée sur une trentaine de mètres, quelques minutes plus tard, un second bateau, le E-M (pour ne pas le nommer), gros et imposant arrivait sur place. J’ai vu ma corde de remorquage passer d’un bateau à l’autre alors que j’étais toujours en mouvement. Ces manœuvres imprudentes frisaient la catastrophe. J’étais inquiète, Hermel aussi. Une fois derrière le E-M, je me suis sentie plus stable mais j’étais toujours incapable d’entrer en contact avec ce nouveau « bon samaritain » pour expliquer comment mon bateau se comporte lors de remorquage. Quelques minutes plus tard, je voyais la vitesse de mon loch indiquer 7 nœuds… 7,5 nœuds… 8 nœuds…. Le cauchemar ne faisait alors que commencer. Je demandais alors aux gens à bord de ce bateau qu’ils passent le message de réduire la vitesse. Les touristes du E-M, allaient, l’air inquiet, passer le mot au pilote après quoi je voyais ma vitesse réduire brièvement. La vitesse est restée stable autour du rocher Percé que j’ai pu apprécier au passage sur tribord. Tout de suite après le Rocher… j’ai vu mon loch grimper à 8, 9, …. 10 nœuds. J’avais peine à maintenir le safran droit, pour permettre à Peta de bien suivre mon remorqueur. À dix nœuds… mes mains brulaient à tenir les cordes du gouvernail. Mes épaules, qui servaient de leviers, forçaient contre la pression de l’eau exercée sur le gouvernail. Aussitôt que je coinçais les cordes dans les taquets, le bateau risquait de tourner sur le coté… mes bras, eux, étaient douloureux comme jamais.

Le nez de Peta se levait et j’avais peine à voir l’autre bateau devant. Je sentais Peta tanguer sur bâbord et sur tribord. Tout à coup, j’aperçus l’eau à tribord à la hauteur de mes épaules, de mes yeux, de ma tête…  J’ai alors réalisé que j’étais en train de chavirer. De toutes mes forces, je tirai sur mon gouvernail à bâbord. Peta tangua alors sur bâbord, évitant le chavirage sur tribord. Le même manège s’est ensuite produit sur bâbord. Instable, Peta tanguait encore une fois sur tribord. À ce moment, Hermel faillit tomber dans l’eau. Après quoi, il est tout de suite venu détacher ma ligne de vie qui me liait au bateau en me disant qu’à cette vitesse, si on tombait dans l’eau, on serait automatiquement aspiré sous l’embarcation nous assurant la noyade. Hermel me dit que la dernière vitesse aperçut sur mon indicateur était 10,5 nœuds! Vitesse pour laquelle mon bateau à rame n’est évidemment pas conçu.

Le remorqueur aura donc failli nous noyer sous les clichés et la surveillance impuissante de touristes loin de percevoir le danger auquel nous étions soumis.

L’approche du quai de Percé ne marquait pas la fin du cauchemar, l’E-Ml nous y emmenait toujours à une vitesse beaucoup trop grande pour accoster. À cet instant je criai : « Détachez nous tout de suite, c’est beau, je n’ai pas besoin de ça, je peux ramer depuis le rocher… y a plus de problème ici! » La vitesse qu’indiquaient mes instruments a alors réduit à quatre nœuds. J’indiquais alors au pilote que mon moteur était du coté sur lequel on abordait le quai, il fallait me tourner, je désirais qu’il me détache au plus vite pour tourner mon bateau à l’aide de mes avirons. Sans avertissement, le pilote a fait demi-tour sur lui-même. Quand le remorqueur a tourné rapidement, mon bateau, au bout de la corde de remorquage, s’est retrouvé catapulté sous l’accélération. Tel un film au ralenti, j’ai vu très clairement ce qui allait se produire si rien ne venait entraver la propulsion de mon bateau contre le quai. J’ai tout de suite pris une rame pour me préparer à amortir l’impact. J’ai forcé et crié de toutes mes forces en poussant le quai face à mon bateau. Ma rame s’est tout de suite prise entre la poutre d’acier et le caoutchouc mais cela n’a pas empêché le museau de Peta d’embrasser le muret de béton entre les poutres d’acier. Ma rame, elle, courbait sous le poids de ma barque et craquait de tous ses éléments d’un son ‘’carbonique’’ et clair. En bradant ma rame devant, du moins, j’aurai amorti le choc et peut-être même évité la fin de mon périple par des dégâts trop importants.

Secoués, Hermel et moi, n’étions pas au bout de nos peines. Je devais maintenant amarrer sur un quai de 12 pieds de haut, avec des vagues de travers nous poussant brutalement sur ce dernier. Des gens sont venus à la rescousse sur le quai pour nous aider à rendre la situation plus sécuritaire.

Après quelques minutes, j’aperçus une petite tête brunette sortir du haut du quai : « Mylène, qu’est ce que tu fais ici? J’t’attendais pas aujourd’hui! » Capitaine Beaudin est une grande amie de Mario du club nautique de Matane. Mario avait prévenu ses amis de Percé de mon passage dans la région et les avait prié de s’occuper de moi pour mon arrivée et mon départ de l’Anse-à-Beaufils. En quelques minutes à peine, tout était réglé, Émilien et Danielle, étaient partis vers l’Anse-à-Beaufils chercher un bateau pour me remorquer, en sécurité, dans l’Anse à l’abri des intempéries. Merci à cette famille formidable!

Arrivés à l’Anse, notre cauchemar était enfin fini…

En parlant avec le MRSC de Québec le lendemain, j’ai compris que mon expérience pourrait faire toute une histoire et beaucoup d’écho… J’avais le choix de porter plainte à Transport Canada et faire une déposition formelle, ensuite j’aurais encore le choix de faire appel aux petites créances pour les dommages causés à mon embarcation. Après quelques conversations avec la Garde Côtière, une conversation avec l’entreprise du bateau remorqueur, ma plainte était toujours loin d’être formulée. Le jeudi suivant, mes démarches m’avaient pris plus de temps que le remorquage lui-même et l’énergie déployée jusqu’ici pour aller en ce sens était complètement déraisonnable face aux choses importantes que j’avais à faire pour m’assurer de partir bientôt de l’Anse et de me diriger vers les Îles. J’ai tôt fait d’enterrer la hache de guerre et de choisir de vous partager cette expérience sur ce blog.

Soyez assurés que le comportement de ces deux bateliers ne représente en rien la gentillesse et la courtoisie des gens de la région. Ici, les habitants sont avenants, généreux et très respectueux. Je ne voudrais en aucun cas atteindre, de surcroît, la réputation des bateliers en général. C’est pourquoi j’ai choisi de la désigner par ses initiales, sans pour autant la nommer, l’embarcation qui m’aura donné des sueurs froides.

Avec la visite d’Irène, je ne peux me permettre de quitter l’Anse plus tôt. J’ai travaillé donc  toute la semaine à préparer mon parcours sur le golfe et à trouver une bonne fenêtre météo pour me permettre une belle aventure. Cette semaine, quelques voiliers arrivaient des Îles en me disant que les Madelinots m’attendaient de l’autre côté. J’ai entendu parler de la Madeleine et de sa magie jusqu’ici. Je caresse le moment où je toucherai le sable doux des Îles et ou je rencontrerai mes premiers Madelinots!

D’ici là mon arrivée aux Îles, je vous promets des billets quotidiens par téléphone satelitte.

*le loch est un tout petit appareil qui ressemble à une mini turbine placé sous mon embarcation, il me fournit la vitesse de déplacement de mon embarcation sur l’eau (vitesse qui peut différer de la vitesse sur le sol, fournie quant à elle, par mon GPS).

samedi 20 août 2011

Changement de programme / Change of Tack


Since arriving in Bic, my experience has changed. I have much fewer opportunities to train and keep on heading towards the Magdalene Islands. The Nordet too often took control and I’ve had to reassess whether my goals were realistic. During my training runs on the St. Lawrence last week, a small incident slightly disturbed me. With no visibility, I had been trying for a few hours to move away from the shore to avoid its dangers and was constantly being pushed back by relentless currents. Without warning, and with much surprise on my part, I caught sight of two very big rocks on the starboard side. I then realised that I might get shipwrecked. My boat would be up to high sea conditions only, far from rocky coasts.

After that incident, I had the opportunity to discuss the situation with people from Matane, in order to find solutions.

One possibility: being escorted. A boat could tow me out to and back from the main channel before and after each run, so that I might row in open water far the shore. Unfortunately, it would be almost impossible to manage this option because of the difficulty of finding available boats at all my stops beyond Matane, and with the bad weather conditions, some boats would not be able to rendezvous with me. Last resort: being towed on land. I would have to ditch the Matane-to-Percé leg and travel directly on the road to Anse-à-Beaufils where I could quite safely set off once more, by myself and without help, with no shores or reefs to block my progress. The latter solution seemed awful to me. I reminded myself of my goals for the summer: train with the boat, acquire a better knowledge of the St. Lawrence River, and meet the public.

Mr. Hermel was the one who had a flash of inspiration: an outboard engine! It would allow me to avoid the dangers of the coasts, to get to the open sea, to come back swiftly if conditions deteriorated, to move away from danger, and to make up lost time and arrive as fast as possible at Anse-à-Beaufils, thus getting a good opportunity to sail off to the Magdalene Islands as soon as possible.

One must understand that the later I leave for Anse-à-Beaufils, the more I will potentially be impacted by anticyclone wakes in the Gulf. As the Nordet has made me lose more than two weeks, I'm forced to consider various unexpected alternatives and possibilities.  

People in Matane have been great; Mario, Jérome, Marie Giroux, Pierre, John, Delphis, and even my Radio-Canada friends have provided me with their advice and support. I quickly became aware of the positive aspects of this situation. Beyond the physical training, I was training mentally; I was learning to make decisions, to compromise, and to come to my own conclusions. Special thanks to Marie Giroux for supporting me, for repeating so often that my decision was the right one, as I was the only one who really knew my boat, and for convincing me that nobody else would do what I was doing.

A bombshell Wednesday afternoon. Since the Nordet was pinning me down in Matane, I was forced to drive to an event organized for my arrival at Sainte-Anne-des-Monts. Just before leaving Matane, I was surprised to see a trailer behind a city truck. Never have I felt so adored with no cause once there. Even though my boat had yet to arrive, I was treated to an honour guard and an eloquent speech by the Lady Mayor of Sainte-Anne. Not to be outdone, the local priest blessed my Peta on the jetty. Awesome!

Having found Marie-Eve Beaupré to be such a dynamic person on the phone, I had invited her some months ago to come aboard Peta for a test, perhaps even a quick outing. We thus left Sainte-Anne-des-Monts together to try to reach Rivière-au-Renard as quickly as possible, i.e. over two days. Despite a number of setbacks, Marie-Eve stayed on with me for a third consecutive night in Rivière-au-Renard. I simply adored having Marie-Eve on board – she is funny and cheerful and I missed her as soon as I set off.

Mr. Hermel and Gilles drove to Rivière-au-Renard in the motor vehicle to join me. With a support team on land now, I know that somebody has my back! From Rivière-au-Renard to Gaspé, Mr. Hermel took part in the journey and was in charge of the engine in rougher seas. With two-metre waves and a headwind, I was very happy to have someone taking care of the contraption for me! Whenever possible, as conditions allowed, I would row. Very slowly, I was able to accumulate eight and a half hours of rowing over the 18 nautical miles.

My stop in Gaspé was decided the previous day. As the weather was not conducive to my leaving Anse-à-Beaufils today or tomorrow, we opted for this small necessary detour so that I might better explore the area with a view to next year’s departure.

Ready this morning to take oars in hand and leave Gaspé, I’ll picture myself rowing towards France. On to Anse-à-Beaufils. The sun is rising, a light breeze whispering along with me. This passage in the bay will be unforgettable.


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Depuis Bic, mon expérience s’est transformée. J’ai beaucoup moins l’occasion de m’entraîner et continuer de progresser vers les Îles. Le Nordet s’est trop souvent imposé et j’ai du revoir si mes objectifs étaient raisonnables. La semaine dernière lors de mon entraînement sur le fleuve, tout juste avant mon coup de téléphone à Jérome, commodore de la marina de Matane, un petit événement m’a légèrement troublé. Sans aucune visibilité, je tentais depuis quelques heures de rejoindre le large afin d’éviter les cotes dangereuses, j’étais sans cesse repoussée vers la rive par des courants indomptables sans avoir la chance d'apercevoir le rivage. Sans avertir, j’ai eu la surprise d’entrevoir deux très gros rochers à tribord. J’ai alors réalisé que le naufrage me guettait, mon bateau serait en état d’assumer performance en haute mer seulement, loin des cotes rocheuses. 

Après cet épisode, j’ai pu discuter avec les gens de Matane afin d’entrevoir des solutions. Ironiquement, ma conférence présentée aux Méchins le dimanche soir était accompagnée du visionnement du film Mémoires de Marées. Le film traite de l’histoire des naufrages sur le Saint-Laurent, plus spécifiquement entre Rimouski et Sainte-Anne des Monts! 

J’ai du entrevoir différentes possibilités pour m’assurer plus de sécurité et me permettre de continuer mon entraînement sur le fleuve. Première solution; l’accompagnement. Un bateau pourrait venir me porter et me chercher au large avant et après chaque sortie afin de me permettre de ramer au large, loin des cotes. Malheureusement, il devenait presque impossible de gérer cette option vu la difficulté de trouver des embarcations disponibles à tous mes arrêts au-delà de Matane et avec les mauvaises conditions climatiques, certaines embarcations ne pourraient se permettre de venir à ma rencontre. Dernier recours; remorquage sur route. Je devais avec cette option laisser tomber la portion Matane à Percé et me rendre directement par voie terrestre à l’anse à Beaufils d’où je pourrais repartir seule et sans assistance en toute sécurité sans cotes et récifs pour entraver ma route. Cette solution m’apparaissait épouvantable. Je ne pouvais entrevoir la possibilité de sortir ma Peta de l’eau et de ne pas connaître le fleuve au complet. Je me suis rappelé mes objectifs de l’été; l’entraînement avec le bateau, mieux connaître le Saint-Laurent et rencontrer le public. 

C’est Monsieur Hermel qui a eu l’éclair de génie; un moteur! Effectivement, un engin à quatre temps me permettrait de me libérer des cotes, me diriger vers le large, revenir rapidement en cas de mauvaises conditions, m’éloigner des dangers et rattraper le temps perdu pour me rendre le plus vite possible à l’Anse à Beaufils et espérer un départ vers les îles de la Madeleine le plus tôt possible.

Il faut comprendre que plus j’accuse du retard pour mon départ de l’Anse à Beaufils, plus j’accumule les chances de frapper des restes d’anticyclones dans le golfe sur mon parcours vers les Îles. Le Nordet m’ayant retardé de plus de deux semaines m’oblige à repenser mon projet, d’entrevoir différentes alternatives et possibilités jusqu’alors insoupçonnées.  

Les gens de Matane ont été extraordinaires, Mario, Jérome, Marie Giroux, Pierre John, Delphis et même mes amis de Radio-Canada ont su me conseiller et m’apporter leur support. J’ai tôt fait d’observer ce que cette situation m’apportait de positif; loin de m’entraîner physiquement, je m’entraînais mentalement; je m’entraînais à prendre des décisions, à faire des concessions et à tirer mes propres conclusions. Merci Marie Giroux de m’avoir supporté de répété si souvent que ma décision était la bonne, parce que moi seule connaissait mon bateau et que personne d’autre ferait ce que je fais.

Mercredi après-midi; coup de théâtre; comme le Nordet me retenait à Matane, j’étais contrainte de me rendre à un événement organisé pour mon arrivée à Sainte-Anne des Monts en voiture. Tout juste avant de quitter Matane, j’ai eu la surprise de voir arriver une remorque derrière un camion de la ville. Jamais je ne m’étais sentie aussi adulée sans mérite une fois sur place, arrivée avant même mon bateau, j’ai eu droit à une haie d’honneur et à un éloquent discours de Madame le Maire de Sainte-Anne. Digne d’une pièce de théâtre curé est venu bénir ma Peta sur les pontons. C'était génial! 

Ayant trouvé Marie-Eve Beaupré super dynamique par téléphone, il y a de ça plusieurs mois, je l’avais alors invité à monter à bord de Peta pour un essai voir une petite promenade. Super enjouée, Marie-Eve désirait toujours monter à bord et ce même après mes mésaventures de Nordet. Nous sommes donc parti de Sainte-Anne des Monts ensembles pour tenter de rejoindre Rivière au Renard le plus rapidement possible sur deux jours. Même après avoir touché le fond à Mont-Louis, eu des problèmes moteur durant la nuit, avoir été percuté par un MMNI (mammifère marin non identifié) Marie-Eve est restée pour une troisième nuit consécutive avec moi à Rivière au Renard. J’ai adoré avoir Marie-Eve à bord moi, drôle et enjouée, le temps s’est écoulé trop vite, sa présence m’a manqué dès son départ.

À Rivière au Renard, Monsieur Hermel et gilles sont venus me rejoindre avec le véhicule motorisé. Maintenant, équipée d’un support physique au sol, je me sens bien entourée! De Rivière au Renard à Gaspé, Hermel faisait partie du voyage et s’est occupé du moteur dans les mers difficiles. Devant les creux de deux mètres avec le vent contraire j'étais bien heureuse de voir quelqu'un s'occuper de l'engin pour moi! Aussitôt que possible, lorsque les conditions le permettait; je ramais. Très lentement, j’ai pu cumuler 8h30 de rame sur les 18 miles nautiques.

Mon arrêt à Gaspé s’est décidé la veille, comme la météo ne serait pas favorable à mon départ de l’anse à Beaufils aujourd’hui ou demain, nous avons opté pour ce petit détour nécessaire pour que je puisse mieux explorer les lieux pour un départ l’an prochain. 

Maintenant prête à partir sur mes avirons, je vais m’imaginer ramer pour la France en quittant Gaspé ce matin. Direction Anse à Beaufils. Le soleil se lève, une brise légère est avec moi. Un grand trois mats est prévu quitter à la même heure. Mon passage dans la baie sera inoubliable.

lundi 8 août 2011

De Tadou à Matane / From Tadou to Matane


My travels on the St. Lawrence River are quite a bit harder to manage than was the case for my Atlantic Ocean escapade last year. The River is much rougher than the Atlantic and provides no safe havens except the marinas that dot the shore. At least in the Atlantic, I knew that I would row for twelve hours, move forward, rest, write, and eat… Here, when I leave a jetty, there's no guarantee as to arrival time at the next one.

Since Tadoussac, I’ve sailed four times: from Tadoussac to Trois-Pistoles with my friend Alex, from Trois-Pistoles to Bic then on to Rimouski, from Rimouski to the Les-Boules cove, and from Les-Boules to Matane.
Between Tadoussac and Trois-Pistoles, some people thought we were whales – a few times, the tour boats came right up to us. My mother, who was on Tadoussac’s jetty when we shipped out, told me that a guide was describing my adventure to the tourists present using his bullhorn.

When we arrived in Trois-Pistoles, Mikael was waiting for us on the dock at two in the morning. I stayed moored there for a week to attend the 9th edition of Échofête, Quebec’s first environmental festival.
In Trois-Pistoles, Karine and Georges from Cushe Canada came to cheer me on and spend some time with me. The enthusiasm shown by my sponsors is quite motivating in the case of an adventure such as mine. I had more than my usual share of indecisiveness the day following their departure when I was confronted by my twelve pairs of Cushe shoes… I’m most definitely the best shod rower in Quebec! Thanks Cushe!
My departure from the Échofête will remain forever in my memories! About thirty people on the dock waiting patiently for my departure at… three in the morning! Since then, a long journey to Rimouski where on the way was waiting… my newly adopted sugar (grand‑)daddy. Mr. Hermel Lavoie. Such a sweet person! I met Hermel last year in Rimouski at a lecture. We clicked right off the bat! He and his crew came to meet me on the River just before arriving in Bic. As a northeast wind was picking up, they were able to provide assistance to get me to the level of Bic, where I tried to use my oars once more as I took advantage of the ebbing tide. Waves, seaweed, and winds led me to request their help to come in to port safely in Rimouski. My family was waiting there for me.

Because of that northeast wind, the Nordet, I was only able to leave Rimouski on Friday to eventually drop anchor and spend the night in Mitis cove. My new grandfather and his son-in-law Christian came out to see me with their lunches, telling me that they preferred to eat at Les-Boules, a cove located about five miles east. I therefore went by the Mitis cove and entered the cove at Les-Boules, thus gliding by the Maurice Lamontagne Institute while being towed by Hermel's zodiac. My phone was ringing just a few seconds later… Robert Dorais was calling with this comment: “Well, well… I told everybody to come out to the jetty to see Mylène row by… That’s a pretty big engine on your boat, no?” Which just goes to show that you can’t hide anything from Fisheries and Oceans Canada! A great story!  

I sailed off the following morning to reach Matane. Six and a half hours of rowing… Battling the wind every minute. As soon as I let go of an oar in the hope of catching a piece of fruit, some nuts, or a crunchy bar, I'd need ten minutes of constant effort to bring back the boat on course and get moving in the right direction at three knots. In my boat, under these hostile conditions, my every move was costly. Making a false move becomes a certainty. Mistakes add up. At times, I could see shear lines – water barriers whose appearance sometimes differs drastically and where one often finds vast seaweed accumulations as well as birds. These lines result from the meeting of currents. Typically one finds an opposite current on the other side. I observed that toeing these lines let me add 0.4 -0.5 knots to my cruising speed – i.e. I was getting a boost in distance of 400 feet every hour! WOW… what a bonus!

A visibility of barely 200 feet prevented me from spying the shore. Around two in the afternoon, I decided to contact Jérome, the commodore of Matane’s marina, who sailed out to rendezvous with me offshore. As the northeast wind kept on strengthening , we agreed that it would be best if he assisted me in getting to the safety of the marina’s jetty.

I’ve achieved my goals: gain some training on Peta and acquire valuable knowledge about the St. Lawrence River… I seem to be getting both in droves just now! 

My progress is quite a bit slower than planned because the weather is rather uncooperative, e.g., the Nordet. I definitely respect that wind and will now on always use a capital “N” when referring to it. The Nordet has claimed many victims over the years and has drowned many sailors. The Nordet is forcing my hand in a number of instances, as it did when it pinned me down for too long in Rimouski, and as it is doing here in Matane. If the Nordet is blowing, with all due respect, I'm out!

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Mon parcours sur le fleuve est beaucoup plus difficile à gérer que mon escapade sur l’Atlantique l’an dernier. Le fleuve est beaucoup plus rigoureux que l’Atlantique et n’a rien n’a rien de rassurant mis à part les marinas qui le jonchent. Du moins sur l’Atlantique je savais que j’allais ramer 12 heures, progresser, me reposer, écrire et manger… Ici, quand je quitte un ponton, rien ne m’assure de l’heure à laquelle je vais arrêter au second, rien ni personne pour me dicter précisément où aller et le cas échéant… le fleuve en décide souvent autrement. 

Depuis Tadousac, j’ai navigué à quatre reprises; De Tadoussac à Trois-Pistoles avec mon ami Alex, de Trois-Pistoles au Bic et ensuite à Rimouski, de Rimouski à l’anse des Boules et des Boules à Matane.
De Tadoussac à Trois-Pistoles, on nous a pris pour des baleines à quelques reprises, les bateaux d’exploration sont venus à notre rencontre avec leurs appareils photos, applaudissements et encouragements. Maman, présente sur les quais de Tadoussac lors de notre départ m’a relaté qu’un guide expliquait mon aventure aux touristes dans son porte voix. 

À notre arrivée à Trois-Pistoles, Mikael nous attendait sur le quai à 2 heures de la nuit où je suis restée amarrée pour une semaine pour assister à la 9e édition de l’Échofête, premier festival environnemental au Québec. J’ai mieux connu le personnage qui se cache en mon ami Mikael Rioux et je suis pas mal fière de lui!

À Trois-Pistoles, Karine et Georges de Cushe Canada sont venus me visiter, m’encourager et passer du temps avec moi, l’enthousiasme de mes partenaires est des plus motivantes dans une aventure comme la mienne. J’ai eu droit à plus d’hésitation que jamais le lendemain de leur départ devant mes 12 paires de chaussures Cushe… je suis définitivement la rameuse la mieux chaussée au pays! Merci Cushe!  

Mon départ de l’Échofête restera gravé dans ma mémoire à jamais! Une trentaine de personnes sur le quai à attendre patiemment mon départ à …3 heures du matin! Depuis; une longue route vers Rimouski où m’attendait sur le chemin… mon grand-papa bonbon nouvellement adopté; Hermel Lavoie. Un amour! Que j’aime mon nouveau grand-papa; un homme gentil, bonace, drôle et généreux. J’ai rencontré Monsieur Hermel l’an dernier à Rimouski lors d’une conférence, comme on se plait à dire; «C’a cliqué entre nous!». Lui et son équipage sont venus à ma rencontre sur le fleuve avant le Bic. Comme le vent nord est s’est mis de la partie, ils ont pu m’offrir assistance jusqu’au Bic ou j’ai pu tenter de reprendre les rames par la suite à marée descendante. Malgré tous mes efforts, les vagues, les algues, les vents me déplaçant vers le sud ouest donc de renouveau vers le Bic, m’ont fait choisir d’obtenir leur assistance pour entrer en sécurité à Rimouski. Ma famille, venus m’y visiter, m’y attendait. Sans Hermel et son équipe, je serais probablement entrée à l’anse à Mouille-Cul (oui oui… c’est vraiment son nom!) en deuxième marée descendante. Le lendemain, avec les vents que nous avons eu cette semaine, je n’aurais pu me sortir de là et ce avant jeudi, jour ou ma famille avait prévu quitter Rimouski. Aucun bateau non plus n’aurait pu venir m’y chercher vu les mauvaises conditions météo. 

À cause du vent nord est, le Nordet, j’ai n’ai pu repartir de Rimouski que le vendredi pour aller mettre l’ancre à l’anse à Mitis et y passer la nuit. Mon nouveau grand-papa est venu me voir avec son neveu Christian et leurs lunchs me disant qu’ils préféraient luncher à Les Boulles, l’anse un peu plus loin, cinq miles à l’est. J’ai donc passé l’anse à Mitis et entré dans l’anse des Boulles en passant devant l’Institut Maurice Lamontagne accrochée à l’épaule du zodiac d’Hermel. Étant dans un épais brouillard depuis le début de la matinée, j’ai été surprise d’apercevoir un long quai et l’Institut. Quelques secondes plus tard mon téléphone sonnait… Robert Dorais m’appelait pour me dire : « Ouain… moi j’ai dit à tout le monde de sortir sur le quai pour voir Mylène passer à la rame…t’as un gros moteur après ton bateau toi! » Comme quoi on ne peut rien cacher à Pêches et Océans Canada!  La belle anecdote!  

Je suis partie de l’anse le lendemain matin pour rejoindre Matane. Six heures trente minutes de rame… Tout ce temps à forcer contre le vent, aussitôt que ma main quittait une rame pour espérer attraper un fruit, une noisette ou une barre tendre, j’en avais pour dix minutes d’efforts constants pour remettre le bateau en position et me permettre de continuer d’avancer à 3 nœuds dans la bonne direction. Prendre une gorgée d’eau s’avérait une décision importante! « Est-ce vraiment nécessaire? » était devenue une question mantra dans mon esprit. Dans mon embarcation, sous ces conditions hostiles, le moindre geste à un prix. Arrêter de ramer d’une main pour ouvrir ma portière et replacer l’écran de mon GPS, zoomer avant pour voir plus grand et refermer la portière peut s’avérer une erreur de première.  Faire de fausses manœuvres devient chose certaine. Les erreurs se succèdent. Par moments, j’apercevais les lignes de cisaillement, barrières d’eau à l’aspect différent qui change parfois drastiquement, où on trouve souvent de larges bancs d’algues et des oiseaux. Ces lignes représentent l’endroit où les courants se rencontrent. Normalement, de l’autre coté se retrouve un courant contraire. J’ai découvert que de rester tout près des lignes pouvait ajouter 0.4 ou 0.5 nœuds à ma vitesse de croisière, c'est-à-dire que j’avancerais de 400 pieds plus vite à l’heure! WOW… quelle cadeau! 

Le brouillard épais qui désorienterait n’importe qui, me trompait trop souvent. La visibilité d’à peine 200 pieds me gardait d’apercevoir le rivage. Vers 14 heures, je décidai de rejoindre Jérome, commodore de la marina de Matane qui a décidé de venir me rencontrer au large. Avec le vent nord est qui commençait à forcer de plus en plus, nous avons convenu de la pertinence de m’assister pour  entrer à quai et en sécurité à la marina. 

Mes objectifs sont remplis : m’entrainer sur Peta et mieux connaitre le Saint-Laurent… Je ne peux mieux être servie à l’heure qu’il est. 

Ma progression se fait beaucoup plus lente que prévue à cause de la météo peu généreuse. Je vous reviens très rapidement pour vous parler du vent de nord est… le Nordet comme les gens l’appellent ici. Moi, le Nordet, je le respecte et lui octroierai dorénavant ses lettres de noblesse en lui accordant le N majuscule. Désormais je l’appellerai aussi « le Nordet » à voie haute et m’adresserai à lui en disant « Vous » avec les plus belles formules de politesses. Le Nordet a fait bien des victimes au cours des années et a engloutit bien des navigateurs. Le Nordet m’appelle à faire des choix, lui qui m’a clouée à Rimouski trop longtemps à Matane maintenant.  Avec tout le respect que je lui dois... si le Nordet est là, moi je n’y suis pas!

dimanche 24 juillet 2011

The Saguenay--St. Lawrence Marine Park / Le Parc Marin Saguenay--Saint-Laurent


The Saguenay--St. Lawrence Marine Park

After a few days of work on the roads of Quebec, between Tadoussac, Quebec City, and Rimouski, I’m returning to my cockleshell. While waiting for better weather conditions before crossing the River towards the south, I take some time to gather information and get to know better the region's realities, so that I may become a better ambassador for the St. Lawrence! On this morning of Friday 22, I got the opportunity to learn more about the Saguenay--St. Lawrence Marine Park thanks to its manager, Dominique Gobeil.

The Saguenay--St. Lawrence Marine Park is one of the first marine protected areas in Canada. Atypically, this National Park is devoid of access booths as one might find at Banff National Park or Mont Tremblant Park. The boundaries of the Saguenay--St. Lawrence Marine Park are themselves invisible to the naked eye, often unknown by the general public as they appear only on brochures, marine charts, and legal documents. Here you won’t find anybody attired in a Crocodile Hunter style shirt to greet and inform you about the regulations, the fauna, the ecosystems... The Marine Park was inaugurated in 1998 and its mission is to raise the level of protection provided to its ecosystems and thus better preserve them, by promoting educational and recreational activities, as well as scientific research[1].

The Marine Park is enormous – it includes the upper estuary, the maritime estuary, and the Saguenay Fjord, from Gros cap à l’Aigle to Les Escoumins on the north shore of the St. Lawrence, including some islands such as Île aux Lièvres, Île Blanche, and Île Rouge. The Park extends also to the farthest reaches of the Saguenay Fjord, that is right up to the headwaters of the Saguenay River. Our national park is a world reserve. It is home to a number of whale species: minke whales, humpback whales, fin whales, blue whales, and belugas. One will find also several seals and porpoises, and more than 79 species of fish have been recorded in its waters. Sperm whales, Atlantic white-sided dolphins, hooded seals, pilot whales, and killer whales have also been observed. Renowned for its ecological diversity, the marine park is visited each year by more than a million tourists. In order to preserve this ecological and historical heritage, regulations have been put in place to protect these species and their habitat.

To complete my impromptu learning experience, Dominique offered me a frozen delight: dressed as a frog, wearing a diver’s mask and snorkel, I got the opportunity to dive right in the St. Lawrence River's belly and thus discover a colourful and surprising underwater paradise. Thanks for the fun dip!

There is also nine marinas within the Park, the Tadoussac Marina, is where my little Peta has generously been in safekeeping for more than a week. According to me, the Tadoussac Marina acts basically as the focal point of all this river energy. I have great memories of the joie de vivre displayed by Maryline and Ingrid at the restaurant and marina. So here I am waiting for good weather, to be able to leave behind the jetty and make for the southern islands of the St. Lawrence. My next navigation will be on Sunday, with my friend Alex and I aboard Peta. Alexandre Neault, he’s crazy… a bit like me, I guess… I’ve told you about Alex, have I not? …To be continued...

[1] Source: Visitors’ Guide 2011, Saguenay--St. Lawrence Marine Park
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Après quelques jours de travail sur les routes du Québec entre Tadoussac, Québec et Rimouski, je reviens vers ma coquille de noix. En attendant les meilleures conditions météos avant de traverser vers le sud, j’en profite pour faire un plein d’information et en connaitre davantage sur les réalités de la région ce qui me permettra de devenir une meilleure ambassadrice du Saint-Laurent! Ce vendredi 22, je me réveille avec une foule de questions en tête, après mes nombreuses entrevues de cette semaine, ce matin, c’est à mon tour de jouer les journalistes. Assise devant Dominique Gobeil, gestionnaire du Parc Marin Saguenay—Saint-Laurent, j’ai l’occasion d’apprendre.

Le Parc Marin Saguenay—Saint-Laurent est l’une des premières aires marines protégées au Canada. Atypique, ce Parc National n’arbore pas de guérites tel qu’on pourrait en trouver au Parc National de Banff ou au Parc du Mont Tremblant où on nous voit remettre une importante paperasse expliquant noir sur blanc pourquoi ne pas nourrir nos amis ratons ou comment ne pas attirer un ours en rut avec l’odeur de notre tube de pâte à dents. Les limites du Parc Marin Saguenay—Saint-Laurent sont quant à elles, invisibles à l’œil nu, souvent inconnues du public bien que délimitées que sur les dépliants, cartes marines et documents légaux. Ici, personne en chemise d’explorateur à la Crocodile Hunter pour nous accueillir et nous informer sur les règlements, la faune, les écosystèmes… Le défi du parc marin se pose; atteindre ses usagers par les intervenants du milieu et les ressources en place. Inauguré en 1998, le parc marin a pour mission de rehausser le niveau de protection de ses écosystèmes aux fins de conservation en favorisant les activités éducatives, récréatives et la recherche scientifique[1]. Le parc communique avec tous les acteurs du milieu pour contribuer à la sauvegarde et au maintien de l’équilibre de ses écosystèmes, plaque tournante de l’économie de la région.  
Le parc marin est énorme et exclusivement constitué d’eau. Il comprend les secteurs de l’estuaire moyen, de l’estuaire maritime et du fjord du Saguenay, de Gros Cap à l’Aigle aux Escoumins sur la rive nord du Fleuve incluant certaines Îles tel que l’Île au lièvre, l’Île Blanche et l’Île Rouge. Le parc s’étend aussi jusqu’aux confins du Fjord du Saguenay c'est-à-dire jusqu’au tout début de la Rivière Saguenay. Notre parc national est une réserve mondiale, il abrite plus d’une espèce de baleine; petit rorqual, baleine à bosse, rorqual commun, baleine bleue et béluga. S’y cachent aussi plusieurs phoques, marsouins et plus de 79 espèces de poissons y ont été répertoriés. Des cachalots, dauphins à flancs blancs, phoques à capuchon, globicéphales et épaulards y ont été observés. Reconnu pour sa diversité écologique, le parc marin est visité chaque année par plus d’un million de touristes tentant d’apercevoir, de leurs jumelles et sous leurs imperméables humides, un rorqual surgissant des eaux du Saint-Laurent. Afin de préserver ce patrimoine écologique et historique, un  règlement a été élaboré afin de protéger ces espèces et leur habitat. Le gros bon sens, c’est le principe de précaution; sans savoir et connaître l’impact de nos gestes sur les mammifères marin, on s’abstient. 

Le parc marin, c’est aussi des centres d’interprétation et d’observation, des sentiers, des excusions en kayak et le Centre de découverte du milieu marin, site de plongée reconnu. Pour parfaire ma journée d’apprentissage improvisée, Dominique m’offre une découverte glacée; habillée en grenouille, munie d’un masque et tuba, j’ai la chance de plonger dans le ventre du Saint-Laurent et d’y découvrir un paradis sous-marin coloré et surprenant. Merci pour la saucette!

Dans tout ce parc là, il y a aussi neuf marinas. Celle de Tadoussac héberge ma petite Peta où elle attend son départ depuis plus d'une semaine. Selon moi Tadoussac s’apparente un peu comme la plaque tournante de toute cette énergie fluviale. Je conserve de merveilleux souvenirs de la joie de vivre de Maryline et Ingrid du restaurant et de la marina. D’ici, j’attends la météo favorable afin de quitter le ponton et rejoindre les Îles au sud du Fleuve. Ma prochaine navigation aura lieu dimanche avec à bord de Peta, mon ami Alex et moi. Alexandre Neault, c’est un fou… un peu comme moi… je vous ai déjà parlé d’Alex? … à suivre...

[1] Source : Guide de visite 2011, Parc marin du Saguenay Saint-Laurent