vendredi 29 janvier 2010

Surplace

"Le Sara G est au beau milieu d'un système dépressionnaire venant du Sud Est, ce qui amène de grosses vagues et... un gros défi pour progresser vers notre destination !! Ça fait au total 3 jours qu'on a sorti l'ancre flottante, car plutôt que d'avancer, on recule de 15 à 20 miles par jour !! On devrait en avoir encore pour 2 jours à faire du surplace, et çà prendra au moins une journée de rame pour revenir à notre position. On aura donc perdu 6 jours au total.

Durant ce temps, mes collègues d'aviron et moi sommes confinés à demeurer dans les cabines, bien en sécurité. C'est un peu à l'étroit, il fait chaud, mais on y est beaucoup mieux que sur le pont où il vente à outrance ! On en profite d'ailleurs pour échanger, et laissez moi vous dire que l'esprit d'équipe se consolide.

Quand je me retrouve dans ma cabine, je prends le temps de me reposer, de lire vos lettres, d'écouter mon MP3. Merci à tous pour vos mots d'encouragement ! Je suis contente de savoir que vous suivez mes péripéties, et que vous êtes avec moi en pensées. Mon moral va beaucoup mieux d'ailleurs. Je commence à prendre le rythme, et tout va pour le mieux : )

Lorsque je reste enfermée dans ma cabines durant de longues heures, et que j'ai chaud, je me sens coincée, j'ai mal... je pense à mes petits patients de l'hôpital, et mon cœur se réchauffe. Sans le savoir, ces enfants m'apportent une grande force intérieure et une résilience, qualités essentielles à ma traversée. Merci à tous ces merveilleux enfants, ils sont une source d'inspiration pour ma traversée !!!"

Mylène

Jour 15

Vents: est : mauvaise direction
Houle: est : bonne direction mais mauvais moment
Sara G : sud est : bonne direction mais manque de temps!

J'ai l'impression de vous donner des indications sur une partie de Master Mind, mais c'est plutôt à Battle Ship que l'on se prête au jeu.

Bientôt nous croiserons des bateaux de la Woodvale challenge, en tout, 91 participants, 41 bateaux, des rameurs en solo, en double, en quadruple et un bateau de 12 rameurs; Britania III. On prend régulièrement leurs positions et on discute sur SAT phone avec un rameur solo Irlandais, il n'est qu'à 50 miles derrière nous, on le sens très seul et on croit que cette mauvaise basse pression lui fera passer des moments pénibles. Même si près de lui, on reste impuissant devant sa condition.

Malheureusement avec le système de basse pression qui s'abat sur la région, nous ne pourrons profiter de vents favorables. Les vents sont maintenant sud et nous avons la surprise de constater que la progression se fait difficile. Chaque coup d'aviron est difficile et la cadence est dure à soutenir. Même en étant celle qui donne le rythme, j'ai du mal à être fidèle à ma propre rigueur. Nous avions pris la décision de cesser de ramer au cours de la nuit. Les vagues se suivaient et ne se ressemblaient pas, chacune était un risque éminent, après 2 ou 3h de matin, la lune ayant quittée notre ciel, nous avons du prévenir les vagues à l'aveuglette donc la prudence était de mise. Nous avons donc cessé de ramer vers 3h am et repris les avirons dans l'après-midi. Un total de 18 hrs sans ramer.

J'ai dormi. J'ai lu mes lettres, réfléchi… mon moral se porte mieux.

En après-midi, nous reprenons le contrôle de la situation et retournons aux avirons pour que la progression suive sont cours. Les coups d'avirons se sont fait de plus en plus difficiles, voir lents, très lents. Habituellement nous avançons à près de 3 ou 4 nœuds, la vitesse du jour 15 frisait les 1.8 nœuds. Toute la nuit, j'ai combattu le sommeil, le désespoir et le découragement. Enfin, dans ma tête se bousculaient des idées négatives que j'ai bien fait de chasser illico! Je me suis efforcée à plusieurs reprises de voir les choses autrement, reprendre le contrôle des mes idées et ne pas me laisser aller à ruminer à chaque instant a été un défi ultime… nous avons ramé de courts coups de rame (short stroke) durant toute la nuit, grossièrement, çà veut dire, on ne pousse presque pas avec les jambes et on donne la poussée en basculant notre dos vers l'arrière et en tirant avec les bras. Ce type de technique est difficile à suivre et nous donne l'impression d'aller nulle part. Aussitôt mon focus dans mon bon moment, je devais user de concentration pour ne pas regarder l'heure et rester dans ma zone. J'y suis arrivée quelques fois. Enfin mon quart se termine et je suis de retour à ma cabine.

Jour 15 achève et nous clôturons un nouveau record de plus courte distance jusqu'ici : 35 miles!

La nuit tombée, le programme continu; retour aux avirons, manque de motivation, fatigue, caplets de caféine, musique et playlists… On alterne nos shifts et on essaie de garder le moral en groupe. On se soutient, avant d'aller au combat, je demande au prochains qui viendront me rejoindre dans 40 minutes; dites-moi, comment vous allez, préférez vous parler, jouer à des jeux ou écouter de la musique quand vous viendrai me rejoindre dans 40 min? La question est bien reçue, j'obtiens pour réponse qu'on aimerait parler. On s'offre de combattre en gang plutôt qu'individuellement, c'est plus profitable.

Je vous laisse sur la nuit qui tombe sur jour 15 et vous promet un prochain blog rempli d'explications… pourquoi vous sommes nous retrouvés avec le Canada dans notre trajectoire sur le marine tracker? Basse pression quand tu nous tiens!!!

Mylène

mardi 26 janvier 2010

Solitude

L’enveloppe rose était plutôt abimée, au moment de la sortir de son sac plastique, j’ai encore hésité à l’ouvrir. Devrais-je attendre un moment plus opportun pour la lire? J’ai observé la missive sous toutes ses angles et me suis souvenue à quel point j’en ai pris soin. Après notre 2e tentative de départ du Maroc, elle avait été trempée comme tout le reste et avait du sécher sur ma cabine toute une journée, j’étais inquiète que l’information disparaisse ou se dissipe avec l’humidité et l’usure. D’un cote, un dessin fait par les mains de Loïc, cent fois scruté de mes petits yeux fatigués, fessait office de décoration au plafond de ma cabine. De l’autre coté, il y avait écrit : « Respecte la mer et elle te respectera » Ta sœur qui t’aime.

Collée, décollée, humide, séchée, transférée dans un sac ziploc, recollée au plafond de ma cabine à maintes reprises, elle contenait toujours son message original écrit de la main de ma sœur le 25 décembre dernier. Ma sœur a dit de l’ouvrir en cas de difficultés interpersonnelles. Ma question; Est-ce que se sentir seule au milieu de 5 personnes peut-être considéré comme une difficulté interpersonnelle? C’est sur il y a pleins de petites difficultés interpersonnelles. Donc je l’ouvre.

Merci ma sœur, tes mots clé m’ont aidé, tu ne peux pas savoir à quel point, je m’y agrippe comme à une bouée de secours. « Laisse retombée la poussière » « reste patiente ». Ma sœur et moi partageons la lune, on se sent seules et séparées mais en cherchant la lune dans mon ciel ce soir, je me sens bien et enveloppée. Je sais que ma sœur cherche aussi.

Merci Jen, j’ai bien reçu ton courriel qui m’a fait un bien fou. C’est difficile de constater que plusieurs personnes suivent mon aventure. Comme je ne peux me rendre sur facebook et prendre mes messages d’encouragements, mes courriels ou les commentaires de mon blog, je sens que j’existe qu’ici. N’hésitez pas à m’écrire, Julie saura quels courriels encourageants me transmettre. Je me sens coupée du monde et c’est difficile à évoquer. Pour vous donner un aperçu, ma nièce est née mercredi dernier et je l’ai appris par moi-même le vendredi suivant! Même avec toute cette technologie disponible, personne ne me rejoint.

Merci a Philippe Schnobb pour nos entrevues hebdomadaires, elles me permettent de rester en contact avec tous vos auditeurs et une population avide de savoir ce qui se passe dans notre périple.

Mylène

Jour 14

La nuit tombe sur Day 14. C’est le « Dask » shift, je regarde ma lune à tribord et le Québec en dessous. Aujourd’hui, j’ai relu des lettres d’amis, dormi et ramé, j’ai mangé des trucs impossibles et, catastrophe; je n’ai plus de chocolat chaud.

Au début de la traversée, j’avais mal au dos et je m’en inquiétais. Mon capitaine m’à alors dit ceci; En mer, un petit bémol devient vite une grande catastrophe, reste calme devant l’adversité, sache relativiser. C’est bien vrais, ici, il n’y a pas de référence pour mesurer l’étendu d’un problème. Tout est important, nos besoins fondamentaux sont à combler sans négociation, sommeil, alimentation, repos… lorsqu’on perd une rame, on sent que c’est la fin du monde mais il y a toujours une solution de rechange. J’écoute KT Tunstall chanter Miniatures Dissasters et je me reconnais dans ses paroles. Je me sens moins seule avec la musique. Mon défi est d’autant plus humain que sportif. J’accepte les nouvelles issues avec front, je veux apprendre alors je suis au bon endroit.

Des nouvelles de notre routeur météo, un système de basse pression sera présent au nord du 21 degrés sud. Ce qui provoquerait des vents du sud, contraires à notre bonne volonté. Nous avons alors reçu l’avis de nous précipiter le plus rapidement possible au sud du 21e degrés afin de poursuivre notre progression franc ouest par la suite. Nous avons alors 3 jours, d’ici vendredi, pour parcourir un total de 170 miles. Nous avons maintenant un cap ouest sud-ouest. Les vents nous proviennent présentement est nord est. Vous croirez que ce sera facile vu les progrès effectués récemment, mais sachez que l’on assois vitesse de 2 nœuds depuis notre vent chaud d’est, le Sahara souffle sur nous et ralentit notre avance.

Notre position actuelle est 22 degrés 23,36 minutes Nord et 25 degrés 14,68 minutes Ouest et notre distance parcourue depuis hier est 70 miles marins.

Jour 13

Un vent et une houle de l’Est et Nord-est et nous revoilà propulsés vers de nouvelles difficultés mais aussi de nouveaux records d’équipe. 90 miles parcourus en 24 heures. À cause de ce vent qui tourne constamment de l’est au nord-est, nous avons du arrêter quelques heures sporadiquement pour contrer les vagues imprévisibles et changeantes avant quoi mon petit poste de nage insignifiant s’est rempli d’eau à plusieurs reprises. L’embarcation se retrouve souvent basculé comme une plume qui tombe du ciel! Aussitôt que l’océan le permet, on retourne aux avirons. Cette nuit, je me suis sentie la reine du monde, je me tenais fermement aux gardes fou, attachée à mon harnais, installée au plus haut point réglementaire de l’embarcation, j’ai passé mes deux heures de rame à observer les vagues unes à unes se lever contre la coque. Notre horaire reste le même, malgré que notre tâche ne consiste plus sa ramer, on reste disponibles pour le faire si le temps change. Plus tard, de ma cabine, c’est fou comme çà bougeait, j’ai roulé sur mon voisin durant mon sommeil et touché le plafond. C’est tout un manège.

Côté rame, les Croker sont excellentes, malgré qu’elles soient peu robustes, elles offrent une meilleure souplesse. Je tombe beaucoup moins même presque plus de mon poste de nage. Quand une Croker se cogne sur ma cuisse, je sais que ce n’est plus juste ma cuisse qui mange le coup mais la Croker aussi. Comme si ce n’était pas suffisant… en faisant d’autres ajustements Peter et moi avons perdu une autre rame mais une Croker cette fois!!!

Durant la nuit, on a cru apercevoir un bateau à rame comme nous mais nous hésitons encore a croire que ce serait un concurrent de la Woodvale. Nous sommes très près des dernières positions épar un concurrent Irlandais avec qui Peter à discuté par téléphone satellite cette semaine. Battre le bateau de 12 rameurs, le Britania III, reste toujours une possibilité.

Tous les soirs, je croise des regards d’amis sur mon ipod. Grace à mon amie Pauline, je peux rire, vous voir et vous écouter. Hier, c’est ma sœur qui m’a fait le plus rire avec ma cousine et mon neveu. Il y a deux jours c’est ma cousine Caroline et son conjoint qui m’on fait plaisir en m’annonçant qu’ils seront peut-être présents eux aussi à la Barbade! Je me sens bien seule parfois et vos sourires me réchauffent le cœur comme par magie. Céline, Mélina et Maryline, je vous ai écouté plus d’une dizaine de fois. Merci

Je pense à vous tous, j’ai une grosse pensée pour le Québec quand je regarde à Starbord, à ma gauche. Je sais que si je fais une belle grande ligne droite, je vous rejoins.

Au moment où j’écris ces lignes je réalise que je n’ai pas vu la neige depuis un mois! J’ai quitté à Noel et nous sommes exactement 1 mois plus tard. Loïc, tu as déjà change, tu es grand frère maintenant, ma sœur, encore une fois maman… tant de choses ont change depuis un mois! J’ai le cafard, Pauline est-ce que c’est çà le cafard? Est-ce que je peux ouvrir ton enveloppe maintenant?

Dernière position : 23 degrés 03 minutes Nord et 24 degrés 11 minutes Ouest

Mimi xx

dimanche 24 janvier 2010

Tempête sur ma position

Depuis mon poste de nage, quand une vague se fracasse sur le pont mon siège se déplace ou mes pieds sortent des étriers et je tombe dans le cockpit, quand de grosses vagues viennent forcer les rames à s’assoir sur mes cuisses ou mes tibias ou trop souvent mes hanches, j’ai envie de pleurer parce que çà m’arrache toute une sensation de douleur qui prend trop de mon énergie, quelques secondes plus tard, j’oublie, mais si on a affaire à une mer forte, je dois persister plus d’une fois. Quand je suis éjectée de mon siège, le truc que les garçons me suggèrent c’est de laisser aller les rames. Une fois sur le cul de toute façon est ce que j’ai vraiment d’autres choix? Je bénis trop souvent ces moments d’insulte en me retrouvant dans une telle position. Étant la seule fille, je frustre contre mon manque apparent de force physique, les gars sont loin d’avoir ce genre de problèmes.

Cette nuit, je m’installe, je rame, la mer est forte et mouvementée, Sara G a tendance à porter tout son poids à Bâbord… Je tombe une fois, j’en sacre deux. Une minute plus tard, je tombe encore et là j’en perds mon anglais, je me parle en français et l’évangile en prend pour son rhume. Le poste central est vide car Peter et Matt son à la cuisinière dans la porte de la Stern cabine à quelques centimètre de ma position et James rame à sa position derrière moi, à la Bow cabine. Mon enveloppe et moi sommes trempées et le contenu; FRUSTRÉE. Je suis jalouse, pourquoi çà arrive juste à moi, j’ai tellement l’air épaisse sur le derrière, devant mes rameurs. Depuis la semaine dernière les garçons me disent de lâcher les rames et de ne pas résister contre elles, les laisser aller. Malgré mon manque d’aise à le faire de même c’est ce que je me résigne à faire une fois que je sens que je perds le contrôle de la situation depuis la semaine. C’est qu’en lâchant tout je m’abandonne à mon harnais, avant, sans lâcher les rames , je pouvais me retrouver plus loin sur le pont… entre ma rame et le sol, trimballée sur 2 pieds à savoir qui serait la plus têtue… la vague, la rame ou moi. Maintenant je sais que ce n’est pas la rame, ce n’est pas moi non plus… La mer m’a appris à rester calme, me frustrer ne me donnera rien ici…

3 e assaut : Mes rames m’emportent encore sous l’influence d’une force impossible, je suis enragée, cette fois encore je n’aurai pas le dernier mot. En tombant, je repousse les rames violement, avec frustration, je l’admets. La mer aura toujours le dernier mot : Voilà ma rame tribord qui s’éloigne et revient violement me tester la patience. Je la repousse une fois de trop. Elle pivote, se retrouve complètement à l’extérieur retenue par la dame de nage et CRACK, la mer l’avale, je me précipite, trop tard. Elle flotte et s’éloigne. Je regarde la dame, elle est tordue un peu, le carbone à fait son œuvre. La mer à voulu m’apprendre que même après 40 ou 50 chutes frustrantes, la mer mérite ma patience.

On a du tout ranger et sommes rentrés a l’abri, rien n’était possible de faire au clair de lune. Continuer durant la nuit, avec un rameur en moins devenais inefficace. Je me retrouve donc, au petit matin avec une paire de Croker dans les mains. Pedro et Pete ont un astuce pour palier à mes problèmes de chutes interminables. Peut-être procéder à de nouveaux ajustements. Lesquels tiennent office de solution.

Oui, j’ai pleuré, pas trop mais j’ai quand même pleuré. J’avais donc honte d’avoir fait ralentir le projet parce que je ne suis pas assez forte pour me tenir à mon poste sur mon siège, j’ai pleuré parce que j’ai perdu ma super rame d’océan en carbone noire et jaune, qui flash dans le noir, j’ai pleuré parce que personne ne m’a parlé avant d’aller au lit donc je les croyais tous fâchés contre moi, ben oui, j’ai pleuré en écrivant ce blogue. J’ai eu honte de moi. J’ai pleuré en parlant avec Pedro ce matin je lui ai expliqué que je préférais avoir perdu une rame que de me blesser. J’ai pleuré parce que j’ai réalisé ce matin que tout le monde prenais mon problème à la légère, un petit problème pas réglé ici devient un problème de groupe là bas! Mais là çà vas… c’est le stress, çà fini par vous épuiser de ne jamais dormir plus de 1h30 en ligne.

Au moment de corriger ces lignes, je suis heureuse et reposée.

Notre position actuelle affirme que l’on a parcouru que 24 miles à cause de notre arrêt de nuit.

Je reprendrai le rythme de mon blog quotidien, nous en sommes au jour 13. C’est le temps d’ouvrir des lettres! Je lance l’appel à Jean-François mon beau-frère qui a oublié celle qu’il a écrit pour moi… c’est le temps de me l’envoyer par courriel JF!

Je vous embrasse fort

Mylène, les pieds dans l’eau.

12 minutes

Quand j’ai appelé mon amie Pascale d’Alma, c’était pour lui demander conseil. Je voulais connaître sa position, selon elle, combien de temps me faudrait-il avant le début de mon quart de rame pour me préparer. En lui demandant, je n’avais pas idée de ce que j’aurais à faire dans ce cours laps de temps, certes mettre mes gants et mon harnais mais encore...

J’ai demandé à Pascale Maltais, parce que Pascale, c’est MA championne! C’est mon petit modèle, du haut de ses 16 ans, elle se dépasse à chaque jour et m’inspire beaucoup. Pascale est rigoureuse, talentueuse, énergisante et passionnée. Disciplinée et travaillante, j’ai beaucoup appris auprès d’elle lorsqu’on a fait un double lors d’un marathon à Ottawa en août dernier. Sa petite voix me revient parfois en tête en pleine nuit… « on reste efficace dans l’eau Mylène », « garde ton dos droit », « respire ».

Quand j’entends Pedro crier « Myleene, Myleene, Twelve minutes» I Say : « All right » … je pense parfois : « mais pourquoi Pascale a dit 12! 10, c’est pas assez, non? » Des fois, j’obéis, d’autres je reste au lit 2 minutes ou 3… je paye mon manque de discipline par la suite. Quand je pense à combien mon amie Pascale est rigoureuse, je me lève, je pense qu’elle, elle aimerait tellement çà être ici au centre de nulle part et n’avoir qu’a ramer et se dépasser! Je pense à nos oiseaux, je ris, je remet tout en perspective, je réalise combien je suis chanceuse de réaliser le rêve d’une vie… bien qu’il y en a bien d’autres qui viendront, je me dis «Pascale avait raison, j’ai besoin de ce 12 minutes pour me focusser, me préparer et me glisser dans la peau d’une vraie OCEAN ROWER. Parce que mon rêve c’est çà d’abord; être une ocean rower!

Pascale pour toi, voilà ce que je fais de mon 12 minutes:
Pedro m’appelle, je grogne, je réfléchi et je me tortille et me déplie pour me rendre à ma lampe torche que j’installe sur mon front. L’espace entre la couchette et le plafond de notre cabine n’offre qu’un petit 40 centimètres d’espace, il suffit de me plier un peu. Sortir du lit, c’est une série d’abdos en soi! Je regarde l’heure. XXh28! Je commence a XXh40. Mettre mes shorts ou mes « throussers », trouver mon ipod, prendre une barre chocolat ou une barre protéinée. (sans oublier mes Gaviscon qui pourront rétablir mes excès alimentaires) La nuit je choisi la tuque noire au lieu de la rose, reçues a noël de ma sœur, ce sera le cadeau le plus utile jusqu’ici. Non pas qu’il fait froid mais c’est super utile de me libérer de mes petits bébés cheveux agressants qui chatouillent mon visage durant la rame, avec tout le vent qu’il y a ici, on doit trouver les moyens.

Si je suis bien sortie du lit à XXh28, j’ai le temps de faire un café ou un chocolat chaud. C’est James et Matt qui en profitent avec moi dans les minutes qui suivront. Je mets mon imper rouge vif, Je mets mes gants Gill. J’ai choisi d’éliminer les étapes parasites… par exemple mettre des bas! Avant de partir du Maroc, j’ai acheté des souliers de surf, ils se mettent en un instant et restent mouillés. (Oui maman, j’ai les pieds mouillés 12 heures par jour) ils resteront à la température de mon corps et à chaque vague que la mer délivre sur le pont, mes pieds retrouveront la fraicheur de l’océan.

J’enfile mon harnais, ce qui peut devenir un vrai casse tête en pleine nuit (quelle sangle va où et comment?) En sortant sur le pont, je cherche des yeux ma ligne de vie sur laquelle mes amis ont écrit des mots d’encouragements et mon neveu Loïc, un dessin. L’étape cruciale, c’est de faire UN avec mon bateau, clip, clip, tout droit sur le dessin de Loïc, à chaque fois, je pense à lui. Je fais un Look-Out et scrute l’océan très longuement pour les cargos. Je choisis une nouvelle combinaison de foams, jel set ou skin cheap pour protéger mon derrière sur mon siège à coulisse. Je m’installe.

Les rames n’attendent qu’à retrouver l’eau, pour les rameurs que je connais, mes rames ont plutôt l’air des rames de pointes, longues et robustes. Rien à voir avec des rame des couples qu’on a quand même à bord au cas ou... Les manches sont fait de tulipe et le reste de carbone, noir et jaune. La pelle est une culière blanche qui coupe l’eau gracieusement. Je cherche les points lumineux réfléchissants sur les gros manches de bois, ces marques qui témoignent de la position des pelles dans l’eau et une fois prête j’enfile les rames dans les dame de nage où elle attendaient patiemment et m’élance à l’attaque. 2 heures durant…

Mes rames font office de prothèses, comme une extension de mon propre corps à moi, c’est mon contact direct avec la mer. Je ressens la pression, le courant, les flots, la vitesse et la résistance de l’eau du bout de doigts, je ressens même le vent si je les laisse en agripper un souffle. Malgré qu’elles soient résistantes au point de me jeter parfois au sol de l’embarcation, je les trouve agréables à manipuler, elles sont faites pour l’océan et toutes ces conditions.

Jour 10, 11 et 12

Avec le vent et la houle dans notre direction on a pu atteindre notre way point rapidement et clôturer la journée avec un millage de 84 miles nautiques. On a pu obtenir un record de vitesse à nos positions respectives James, Matt et moi de 4,7 nœuds… J'ai eu du fun de constater que nous sommes les moins sportifs de l’équipage et que nos vrais rameurs devraient se mettre à l’action!
Tout va très bien malgré que de me lever en pleine nuit pour ramer demeurera toujours un défi de tous les moments. Une fois sur l’eau, je suis aux anges mais la minute ou Pedro m’appelle aux avirons me décourage énormément. Je vous ai prépare un petit texte a ce sujet… 12 minutes.
Le jour 11 a vu le millage atteindre 87 miles nautiques et le jour 12 84 miles.
Notre position actuelle au moment d’écrire ces lignes est 23 degrés 23,46 minutes Nord et 23 degrés 9,72 minutes Ouest.

samedi 23 janvier 2010

Blog gastrique!

Maman, tu avais raison! (encore ne fois)
J’ai pas pensé bien bien longtemps et je n’ai pas vraiment consulté personne non plus. C’est dans ces situations là que ma petite tête dure prend du service. Depuis plus de dix jours que je me nourris de rations pacs totalisant en moyenne 4000 à 5000 calories par jour. Je dois très certainement en dépenser 6000 à 7000. Ceci dit, la nourriture qui nous est offerte est constituée de sucre et matières grasses en grandes quantités. Un repas peut en moyenne contenir de 40 à 50 grammes de gras! Quand on ingère autant de matières grasses on peut souffrir d’acidité gastrique. (Dr. Monia, il se peut que je te téléphone là!) depuis plus d’une semaine j’ai bel et bien de l’acidité gastrique, c’est comme un mal de mer mais tout dans la gorge et le duodénum! À l’aide Zantac… pas tellement efficace dans mon cas! Hier, en désespoir de cause, je me suis dit : « Je prends un break de rations pacs! J’ai encore des réserves, j’ai déjà fondu ici et là mais çà fait le reflux, aujourd’hui, je mange du riz blanc et quelques bouchés désagréables de ration pacs… 2 ou 3 tablettes de chocolat et voilà mon menu…. »
Si on fait le calcul je suis passé sans réfléchir de 4000 calories a heu… max 1500! Donc cette nuit… j’ai payé pour! Décoordination totale, perte d’équilibre (ici c’est facile) et je me suis mise a mélanger ma lange maternelle à l’anglais! Je ramais tout croche et j’avais les idées décousues. Mes conversations étaient probablement aussi difficiles à suivre comme la cadence de mes coups de rame! Mauvaise nuit. Ce matin je me gave d’un petit déjeuner de 1200 calories à lui seul accompagne d’un double chocolat chaud de 400 calories, c’est plus que ce que vous avez ingéré en une journée non? Bon appétit!
Désolée maman mais je ne pouvais quand même pas manger 5000 calories par jour pour me pratiquer! Maman avait des inquiétudes face à ma nouvelle alimentation en mer. Elle a encore une fois eu raison de s’inquiéter! Ne t’inquiète plus maman, on me surveille de près ici maintenant, on me demande ce que je mange et on m’encourage à manger… on voit si je vais bien.

jeudi 21 janvier 2010

Jour 8 et 9

Le jour 8
Le jour 8 a été difficile! Compte tenu des vents nous provenant du Sud-est et de notre direction Sud-ouest, la progression était différente. Quand vous tentez tant bien que mal de faire déplacer l’embarcation si peu soit-il, quand vos efforts ne font pas que vous sembler inutiles; ils le sont, vous faites du sur-place! Frustration!
Total de la journée : 80 miles! Bon très bien, efforts récompensés!
Un peu d’action sur les ondes radio VHF durant la nuit. Un mayday relay est lancé! Un bateau de plongée sous-marine perd un plongeur en mer, directement dans nos eaux. On demande à tous de participer aux recherches, moi je scrute l’horizon… Je ne peux faire autrement que d’y penser toute la nuit, c’est la qu’on voit la différence entre les hommes et les femmes, moi la sensible, qui pense à notre plongeur perdu en mer et toutes les questions dramatiques qui s’y rattachent. Et les gars qui eux, qui ne sont, en tout cas, ne semblent pas touchés par le mayday.
Le jour 8 m’a enfin permis d’ouvrir une lettre! Celle de ma petite-cousine que j’aime! Merci pour tes encouragements Geneviève xx
Le jour 9
Bien attachée à mon harnais et ma ligne de vie, je rame l’esprit tranquille. Lorsque les vagues frisent sous Sara G et qu’elles se fendent sur le pont, mon esprit d’aventure est nourri. Quand une vague m’avale par contre, je ne peux me résigner à lâcher mes rames. Voyez-vous, quand une vague fracasse ma position, je perds parfois contact avec mon siège a coulisse mais en premier se sont mes pieds qui quittent les étriers. Comme mes pieds sont petits, ils flottent dans les sangles et ne m’offrent aucune possibilité afin me retenir à ma position donc je bascule littéralement de mon poste de nage. Je me retrouve insultée, le mot est juste, les gars trouvaient çà comique au début mais depuis hier, ils essaient de me trouver des solutions. Bon ok, je suis résistante mais combien de fois je vais me retrouver sur le pont pieds par-dessus tête?
Hier, la mer était trop formée, je ne serais pas la seule a me faire avaler en d’autres mots, c’était un peu trop de rodéo sur notre siège à coulisse, le capitaine à offert deux solution, l’ancre flottante ou la dérive et tous à l’abris dans les cabines. Après-midi de congé, chaleur intense dans la Stern cabine, seule solution : dormir! Retour au calme, retour à la rame, notre journée nous à quand même donné un millage record de 88 miles! Imaginez si on avait continué!
Notre position actuelle au moment d’écrire ces lignes : 25 degrés 22,449 minutes Nord et 19 degrés 19,653 minutes Ouest
Température beaucoup trop chaude pour une canadienne et non une américaine comme Mike se plait à me dire! Houle et vent directement du Nord, ce qui nous donne une chance d’atteindre notre prochain way point qu’on appelle Cap Verde dans moins de 4 heures.
Correction; pour en revenir aux heures de rame ce qui ne semblait pas être claires en effet :
Je rame de 12h40 a 2h40am et
4h40am a 6h40am et
8h40am a 10h40am et
12h40 a 2h40pm et
4h40pm a 6h40pm et
8h40pm a 10h40 pm
Voila, pensez à moi pour les 20 dernières minutes svp, ce sont les plus dures!

mercredi 20 janvier 2010

Jour 6 et 7

Une semaine en mer! Enfin je peux ouvrir certaines enveloppes que des gens m’ont donnés avant mon départ!

Durant la nuit, un gros cargo est passé tout près de nous à a peine 100 pieds! C’est moi qui ai aperçu en faisant mon Look-Out. L’impression que nous a laissée le monument sur son passage est demeurée omniprésente durant des heures. On s’habitue à notre insignifiance sur les eaux, c’est frappant de rencontrer un mastodonte d’aussi près.

Des baleines.. Au début de mon quart de rame, j’ai trouvé la mer environnante ennuyante et très ''dépaysante''. Depuis le Maroc, on a eu droit à des océans mouvementés, en m’installant aux avirons, je découvre une mer d’huile, calme, presque irréelle, sans défi, pas de challenge possible sans courant ni vagues. Après quelques coups de rame; l’ennui total. Ce paysage fantastique se prêtait bien à la rencontre de mammifères marins; des baleines nous ont entourées par dizaine. Elles étaient loin, timides, farouches mais elles nous ont laissées apercevoir la magie de leur présence.

Aux jours 6 et 7 nous avons parcouru respectivement 55 et 58 miles.

Mylène xx

mardi 19 janvier 2010

Jour 6

Lors de l’un de mes premiers chiffres aux avirons, je m’endors, Peter me supplie de me faire un café… ce qui me prend un temps fou. Le temps s’écoule très rapidement. La nuit : Awsome! Nous sommes sur une autre planète! Littéralement. Je ne peux vous faire qu’une brève description pour mise en situation : vous ramez, tout devant, deux coéquipiers dorment, le monde vous appartient, derrière, deux coéquipiers travaillent et s’efforcent de suivre votre rythme. Vous donnez la cadence. Chacun de vos efforts pour effectuer une sortie de l’eau parfaite de votre aviron provoque un son de slash incroyable qui suit l’embarcation et laisse place à une mousse frétillante le long de la coque. Vous pouvez sentir le mouvement de Sara G, la puissance des vagues, le vent et … le silence. Cette nuit encore nous nous sommes arrêtés, Mike, Matt et moi, un moment pour écouter, écouter ce que nous croyons hors de portée pour la majorité des citoyens occidentaux; le silence.
L’éolienne a éprouvé des difficultés, elle s’est détachée de son point d’appui, réparation oblige, mon quart de rame est écourté! Quelques heures plus tard, je soupçonne un capitaine thinking « I don’t fancy rowing this afternoon » so « who fancies a swim? » …
15 minutes plus tard; Pedro était prêt a sauter… mais une petite minute, j’ai déjà dit moi lors de mon dernier anniversaire bien arrosé que je voulais être la première à sauter… et toute seule en plus! Je leur ai fait promettre de me suivre aussitôt que je touche à l’eau…
Une des expériences les plus étranges de ma vie oui! Vous faite un bref tour d’horizon pour un quick Shark Watch, rien en vue, tout se faisant vous vous dites ; pourquoi attendre, c’est maintenant, qu’il n’y a rien, plus j’attends, moins de distance me sépare d’un potentiel prédateur, donc je saute. Turquoise, c’est la couleur qu’elle impressionne une fois dedans. Froide, salée et profonde. Je regarde mes « mates » qui se moquent bien de moi parce que personne ne me suit. Naïve!
Une journée difficile nous a donc donne que 54 miles de distance parcouru.
Notre position actuelle est 226 degrés 54,864 minutes Nord et 015 degrés 53,180 Ouest.
À demain, vous savez… j’ai aussi vu d’autres mammifères… a demain pour en savoir plus.
Mardi 14h30 à Radio-Canada, C’est ca la vie.

lundi 18 janvier 2010

Jour 4 et 5: dernier jour sale…

Day 4 et 5: dernier jour sale…
J’ai souvent lu dans des récit de rameurs d’océans des anecdotes d’hallucinations… Bien attelée a mon poste de nage, durant la nuit, après près de 50 heures de rame en 4 jours, en approchant des eaux achalandées près des iles canaries, nous devions surveiller rigoureusement le passage des cargos et autres embarcations en circulation. En ramant parfois je tombe de sommeil et mes rêves se fondent légèrement a la réalité, je crois tout d’un coup qu’on doit arrêter au marche ou faire des emplettes! Rêver éveillé, on connait, mais de la a voir ce que j’ai vu : a bâbord se dresse un bloc appartement décorée de lumières de noël! Tout a disparu aussitôt que j’ai pris mes esprits pour dire « something on starbord! » Après quoi ils m’ont dit : “what… what did you see?”
Tous, sans exception… avons pris soin de nous laver enfin hier! Âpres 5 jours avec la même camisole (record a vie) il était temps! Il faut dire que le jour et la nuit n’offre plus la même perspective vu d’ici. Baby wipes et compagnie font la job … comme on dit!
J’ai vraiment l’impression d’être encore le 12! Les jours se composent de 12 quarts de rame des quels je rame 6. Deux quarts de travail de jour, un au soleil couchant (Dusk), deux quart de nuit complète et un quart du lever du soleil (Dawn) (celui que je déteste, la magie disparait et le jour lève le voile sur une mer grise avant le soleil)
En ce jour 4 nous avons parcouru 72 miles et ce jour 5; 84! Ces deux jours ont pu profiter d’un vent et d’une houle Nord-est (bon d’accord, ce n’est pas terrible si on se dirie vers le Sud-ouest mais c’est moins pire que ce qui nous attend pour 3 jours : vent et houle du Sud-est! Progression difficile à prévoir.
La mer nous a donne des opportunités par centaines, on a eu la chance de surfer sur quelques vagues qui nous ont fait atteindre des vitesses incroyables! Quelles sensations; a couper le souffle!
Au GPS : notre record est de 5.3 nœuds … Come on guys, we can do it!
Pour le reste, on tient la cadence, on travaille fort pour rester en forme et ne pas se blesser, tout le monde aide tout le monde, c’est bien de découvrir la fraternité!
Je vous tiens au courant
Position actuelle : 27 degrés 12,96 minutes Nord et 14 degrés 59, 80 minutes Ouest
Mylène

samedi 16 janvier 2010

Jour 3

Jour 3 : 74 miles parcourus, un vent d’ouest caressait la coque de Sara G et nous donnait un mal fou a garder une cadence et un rythme comme Sara G le mérite. En gros l’embarcation tangue généralement a bâbord ce qui provoque un mal de dos a droite! La houle était longue et nous levait en plein vent. Le plaisir que nous avons eu a ramer dans les dernières 24 heures démontre qu’avec passion on franchi des distances impressionnantes. Au jour deux seulement 62 miles étaient inscrits au compteur. Nous attendons un vent du nord qui nous permettra peut-être de surfer nos premières vagues!!! Du plaisir a l’horizon Malheureusement mon blog sera très expéditif puisque nous éprouvons des problèmes avec notre tel satellite. Position actuelle : 29 degrés, 35 minutes 877 nord 13 degrés 00 minutes 5708 West"
Mylène

jeudi 14 janvier 2010

Mon quart préféré...

Mon quart préféré est sans contredit celui de nuit. Cette deuxième nuit aux avirons m’à fait vivre les plus beaux moments jusqu’ici. Le ciel complètement couvert nous a offert le plus absolu des univers, rien que nous sur Sara G qui avance tel une comète dans l’infini noirceur. Les marins vous le diront, l’impression de vitesse est triple en nuit ardente donc rien à voir avec la distance parcourue. Aussitôt que la lumière du jour fait son entrée, c’est une déception en soi.

Nous sommes maintenant à plus de 85 miles des côtes Marocaines. Notre position actuelle à 4h pm (GMT) est 21 degrés 21 minutes 271 nord et 11 degrés 55 minutes 382 ouest.

Mes difficultés jusqu’ici se trouvent entre la 20e et la 40e minute de la fin de mon quart. Jamais le temps ne m’à semblé aussi long. Voilà mes horaires 12h40 à 2h40 et aux deux heures de rame… suivent deux heures de repos. À toutes les 2h20, 6h20, 10h20, 14h20, 18h20 et 22h20, heure de Montréal, vous penserez à moi qui regarde sa montre au moins 20 fois avant de terminer mon quart vers la 40e minute de l’heure. Mis à part, mes heures aux avirons sont heureuses, peu souffrantes et bien sur exténuantes!

La météo est bonne malgré le vent et la houle qui ne sont pas d’accord, ce qui donne lieu à des vagues hachurées et peu régulières.

A demain!

mercredi 13 janvier 2010

Un départ merveilleux.

À mes avirons, je fatigue parfois mais je persiste à croire que chaque effort sera récompensé. À la toute fin de mon tout premier quart de rame, j’aperçois a bâbord un aileron fendre l’eau, et deux … et trois. Des dauphins venus nous souhaiter la bienvenue telle des agents de la douane à leurs affaires! Le souffle coupé, je suis ravie. Depuis, trois visites de dauphins, une tortue de mer et des milliers de plantons phosphorescents viennent faire compétition au ciel étoilé. La grande ourse se dresse devant nous et des constellations par milliers tapissent le ciel.

Je suis plus ou moins fatiguée, même après 12 ou 14 heures de rame… je ne sais plus! Ici tout devient relatif, je suis fatiguée à la fin de mon quart de rame. Le sommeil arrive rapidement. J’ai quelques ampoules aux mains, rien de surprenant puisque je touche le bonheur du bout des doigts!

Mylène xxx

lundi 11 janvier 2010

Faux départ

J’avais du sel partout sur moi, l’eau venait remplir mon poste de nage sporadiquement avant de retrouver la mer, de grandes vagues venaient se rompre sur la coque, j’étais aux anges malgré notre progression difficile. Jusqu’a ce que je perçoive l’inquiétude dans le visage de mes coéquipiers, tout allait bien… je savais le départ comme un défi immense vu notre position et la météo peu clémente de ce mois de janvier. Subir un 2e remorquage en deux jours; j’ai détesté.
Ramer pour aller quelque part; j’adore mais ramer pour ne pas échouer sur la plage en catastrophe, c’est autre chose.
Voilà le synopsis; on baisse l’éolienne qui nous empêche de corriger notre cap vu le vent violent qui se lève, se faisant on perd un poste de nage. On demande a Pedro de ramer à ma place question de « power », mon met mon français à la rescousse au VHF sur la quelle on retrouve Gendarmerie, Monsieur Thierry de la marina à sa table à carte donne notre future position … sur la plage, Samir qui est à notre recherche. On apprend sur la VHF que rien ne sert de donner notre position à la garde côtière … elle n’a pas de GPS! Ma question: est-ce que je traduis tout ce que j’entends l à, parce que ca coupe le souffle! On attend impatiemment notre remorque qui frappe de plein fouet notre esquif à sa première tentative de rapprochement. L’horreur à 2,3 miles de la côte.
Sara G va bien rassurez-vous, l’inspection dit qu’elle est tenace! Pour ma part, je crois que le bateau de la gendarmerie se méritait un uppercut, on ne fait pas attendre belle australienne aussi longtemps!
J’ai mis quelques jours à réfléchir, est-ce que je vous détaillerais la vérité ou pas? La voilà donc, toute simple, loin de vous rassurer, elle est pure et elle est comme l’eau salée; difficile à avaler. Soyez confiants, les douanes ne nous feront plus attendre nos passeports des heures durant ce qui a eu pour effet de retarder notre départ et nous faire dire adieu a de précieux miles sans vent en début de journée. Samir, directeur de la marina, sera notre escorte, nous attendrons les vents favorables et tout doucement nous ferons progression entre les Canaries et l’Afrique pour rejoindre Cap Verde.
Je vous répète que nous serons bien parés à tout type de météo en haute mer, on n’en demande pas tant; 50 miles de beau temps, vents favorable et bonnes conditions.
50 miles.
50.
Après quoi nos regards se tournerons vers d’autres objectifs; se dépasser tous les jours et rejoindre Bridgetown.
Désolée maman.
Je vous aime.

jeudi 7 janvier 2010

Dernière entrée marocaine

Au moment vous lirez ces lignes, ma vie aura bien changée. Je ferai UNE avec mon équipage et Sara G. J’oublierai, pour l’espace de mon aventure, le confort, la terre ferme et tout ce qu’elle offre de rassurant, la nourriture fraîche et l’intimité. Depuis mon poste de nage, sourire aux lèvres, je serai de ceux qui de ce monde qui ont tout donné pour se réaliser et inspirer les autres. Je suis dans mon rêve, ici déjà!
Dans ma tête tout se bouscule, j’ai le vertige, des papillons dans l’estomac et des frissons jusqu’aux orteils. J’ai mal aux joues tellement je souris, je suis un moment enthousiaste et un moment angoissée, j’ai des fourmis partout, j ‘ai besoin de bouger au plus vite…
Les gars éclatent de rire au salon, l’aventure m’appelle, que c’est le temps d’y aller.
Mylène xxx

lundi 4 janvier 2010

Morocco

Le Maroc est un très beau pays, combien lent mais accueillant. Ce qui prend moins de 30 minutes en Amérique prend en moyenne 4 jours ici. Je vous épargne donc tous les détails s’échelonnant su les 4 jours qui ont été nessesaire pour mettre Sara G dans l’eau mais je peux vous dire que je ne croyais pas y arriver. Mon français est venu à la rescousse de nombreuses fois. Nous avons pu compter sur l’appui deux personnes merveilleuses; Moulay de la compagnie transitaire de Sara G ainsi que sur l’aide de Zaid, directeur de la marina Port de Plaisance a Agadir.


Après plusieurs jours de travail sur le bateau, Matt, Pete et moi avons pu accueillir le reste de l’équipage samedi soir après quoi on a fête notre première soirée en équipe.
Toute l’équipe est enfin réunie depuis le 2 janvier. On a vraiment un bel esprit d’équipe et notre sens du partage dépasse mes attentes. Pour vous donner un exemple; chaque fois que l’on dit le mot « Mine » on doit faire 10 push-up pour s’en excuser!!! C’est un jeu tellement d’appoint et vraiment a la mesure de notre défi. (Pas question pour moi de faire des push-up de fille même si les mecs ont insisté pour m’alléger la tache la première fois)


Mon anglais fait des progrès inquiétants, j’en perds mon français, je commence à penser en anglais et c’est très étrange depuis quelques jours dans ma tête!!!
On prévoit partir autour de mercredi le 6 janvier, j’ai des papillons dans l’estomac.


Je mettrai mon blog à jour avec un paragraphe avec l’aide de mon amie Melissa!


Je vous embrasse tous.


Myleeeen! Comme disent les anglais!