dimanche 14 février 2010

Nos nuits

Quand les gens me demandaient si j'allais ramer la nuit, je leur répondais fièrement que oui, même la nuit, nous serons aux avirons. À ce moment, je ne savais pas que la nuit serait pour moi le berceau des plus beaux moments de ma vie. Sincèrement, mes nuits m'ont apportées les plus profondes introspections de ma petite personne, les meilleurs ressourcements, les plus beaux partages, des fous rires et des ciels de diamants. La nuit, tout est encore possible, bientôt le jour viendra, tout peut encore être parfait. Nos résolutions prises, on attaque la journée avec la bonne attitude et un bon plan de match et c'est dans la poche. Aujourd'hui est une multitude de possibilités.

On a passé la nuit du jour 25 à jouer aux détecteurs de mensonges. On dit 2 vérités et 1 mensonge. Ce qui provoque des discussions fort intéressantes autour du passé de certains!!! On découvre bien des choses. La nuit du jour 26 a été pour moi une difficulté énorme, chaque coup de rame était source de douleur, ayant été arrosée à plusieurs reprises par une mer en colère ces deux derniers jours, j'ai du travailler le derrière dans l'eau durant plusieurs heures. L'eau salée a donnée naissance à des blessures d'humidité et des plaies de pression difficiles à gérer sur la précieuse peau qui recouvre mon fessier, j'ai quelques 60 ampoules. Voulant limiter la douleur, puisque Advil n'y parvient plus, j'ai opté pour un produit anglais, une médication assez tenace qui me tiendra relaxe 24 heures durant. Tramadol 100 mg!

La nuit tramadol: wow, c'est cool la douleur est partie, là je chante mon
ipod sur mes oreilles et je bois du chocolat chaud. Tout d'un coup je
ressens la fatigue, je vais et vient entre deux état simultanément, Je jongle avec la fatigue chronique et mon besoin de concentration accrue pour rester éveillée. Je m'aperçois tout d'un coup que la musique de mon ipod a changé dramatiquement. Je regarde autour de moi. Je regarde ma montre et oups! J'ai perdu un moment! Je me retourne et Matt me demande si j'ai bien dormi en riant. J'ai du prendre 30 minutes appuyée sur mes rames, les rames appuyées sur les cuisses les yeux fermés et la tête sur l'épaule droite à ronfler. Matt dit que Mike et lui trouvaient que je ramais mieux comme çà, çà allait mieux pour eux! MERCI! Ils se sont payés ma tête durant 30 minutes. J'ai du être pas possible avant de m'endormir, j'ai du accrocher leurs rames une trentaine de fois.

La nuit suivante, j'ai perdu des moments précieux aux avirons, je ne conçois pas avoir ramé 6 heures dans le noir, tout est passé trop vite et j'ai eu un drôle de comportement! Apparemment je parlais seule... en français et au cours de mon quart de rame, je me suis levée d'un bond pour aller dans la Stern et rendu là... je me suis demandé pourquoi j'y étais! Je suis ressortie en disant; "Okay, no more Tramadol for me!" Je préfère avoir mal aux fesses que de ne plus me reconnaitre! Çà a assez duré!

Mi-course

La mi-course approchait à grand pas. Le compte à rebours est commencé; 45 milles, 43, 40... et on arrête l'embarcation pour une baignade. On oublie qu'on devrait attendre la mi-course pour célébrer un peu. On pèche, on se baigne, on prend des photos dont une photo de groupe (photo que vous pouvez observer de mon facebook, je crois que Julie mettra cette photo en photo de profil). On mange des sushi et de la dorade grillée. Notre skipper avait caché 6 bonnes bières sur Sara G, on décide de fêter la mi-course toute de suite et on se rends compte qu'on y est presque; 30 miles nous y séparent. J'ai eu droit à un beau spectacle... vous comprendrez quand vous verrez les photos... tout le monde, à part moi, voulait une photo de lui en sautant du pont... Je suis restée dans l'eau toute seule un bon moment et j'ai fait le tour de Sara G. J'ai plongé le plus creux que je pouvais pour sentir toute cette masse bleue océanique autour de moi, en bas, des formes de bancs de poissons et en haut, la silhouette de Sara G les rameurs à bord. Je vois ce que verrait le requin qui s'approche et je comprends l'insignifiance de notre présence sur cet immense désert d'eau.

On a pu tous jouir d'un bain, shampoing et nettoyer nos vêtements. Notre embarcation avait l'air d'être l'hôte d'un concours de petits génies débrouillards. La question: Qui peut être le plus efficace à faire sécher des vêtements sans épingles à linge avec le moins d'espace possible? J'ai droit d'ouvrir mon sac étanche qui cache des vêtements neufs et propres depuis Montréal. L'odeur d'assouplisseur transporte mon esprit ailleurs. Rien ne sent ici, ou si tout sent mauvais donc on ne sent plus rien...

Je compte maintenant les miles à l' envers... combien en reste-t-il?

Nos prédictions vont de 21 jours à 23... à vous de jouer.

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