dimanche 21 février 2010

On rame au sec et les nuits sont plus longues... mais superbes!

En ce dimanche midi, le téléphone sonne. Je viens tout juste de raccrocher et me dit qu'on a oublié quelque chose.... Et à l'autre bout, une petite voix, un peu endormie, les mots un peu chancelants, j'entends: '' Allô Luc, c'est Mylène.'' Je dois m'asseoir pour y croire.. ''Qui?'' ''Mylène, du milieu de l'Atlantique.''... 30 secondes avant et elle tombait sur mon répondeur!

Ainsi, commence ce petit bout de conversation de 5 minutes avec notre héroine commune à tous ici. Normand va vous revenir, mais pour aujourd'hui c'est moi, Luc Bernuy, qui ferai son blog (je l'avais fait au début si vous vous souvenez, pour vous faire vivre ses semaines avant le départ et son voyage jusqu'au Maroc. (voir mes autres libellés sinon)

Alors, Mylène au téléphone satellite, c'est comme parler à des astronautes dans l'espace. On n'y croit pas trop tellement la connection est bonne et en même temps on sent la distance infinie qui nous sépare...

Ses messages sont simples aujourd'hui. Elle va bien, tout va bien, la mer est belle, le vent les pousse, le moral est bon et la mer est belle, ''Donc, je ferme ma gueule pi j'rame''.

Après tant de jours en mer et d'effort physique, elle commence (elle insiste sur le mot ''Commence'') à sentir une fatigue, un peu mal aux doigts et commence à avoir hâte d'arriver. Plus qu'un gros deux semaines estime l'équipage avant de voir la terre (entre le 7 et 10 mars).

Pour ce qui est de ses pieds, orteils, ongles etc... Qu'on se rassure! D'abord, le fond du bateau est sec maintenant. Elle ne rame plus les pieds dans l'eau et l'humidité. En fait, elle rame nu pieds avec du ruban épais qui lui protège les pieds contre le contact des étriers; ses souliers de rame ont rendu l'âme il y a longtemps, déchirés, éventrés et en lambeaux. Ses ongles sont décollés mais pas partis et aucune infection en vue. Elle veut rassurer tout le monde sur ce sujet qui en a fait paniquer plus d'un.

Une autre nuit va commencer dans quelques heures. Elle me dit les trouver pas mal plus longues maintenant que son iPod n'est plus là pour lui tenir compagnie et commander ses émotions par la musique du moment. Seule la cadence des rames dans l'eau, ses équpiers avec qui elle jase et les longs silences, lui tiennent compagnie. Elle dit que c'est souvent difficile de rester réveillée sans iPod. Elle combat, combat, combat et termine dans une grande fatigue ses deux heures. Tout cela rajoute à son envie de bientôt arriver, qu'elle COMMENCE à avoir.

C'était tellement bon de l'entendre, une note plus proche de sa réalité que le ton qu'elle a en entrevue radio ou télé. La Mylène qu'on aime et connait. Juste une personne ordinaire qui fait quelque chose d'extraordinaire. Une voix découpée par le fait qu'elle venait de se réveiller pour prendre son quart. Les mots prononcés avec une tite patate dans la bouche et probablement encore un oeil fermé en me jasant. Deux fois interrompu par un équipier qui comptait scrupuleusement les minutes derrière elle. ''Bon, faut que j'aille ramer Luc''. Shlack. Les précieuses minutes sont écoulées.

Non mais, comment vous dire? Je ne lui avais pas parlé depuis son départ de Dorval le 25 décembre dernier et là, j'ai droit à 5 minutes! Difficile, difficile.... :-)

Je la sais qui prend sa place, met ses gangs, encastre ses pieds dans les étriers, aggripe ses deux rames, lève les yeux vers un soleil qui se couche dans deux heures, prend un grand respire d'air pur et.... plunch! Le premier coup de rames de son quart vient d'être donné.

Ses derniers mots avant de raccrocher: ''Dis à tout le monde de regarder la Lune ce soir, à 19h00 (TU); je ferai pareil'' J'ai pas eu le temps de lui dire qu'il ne sera que 14h00 à Montréal.... Mais c'est pas grave. On regardera tous la Lune ce soir, à 19h00, peu importe où nous sommes.

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