Quand j’ai appelé mon amie Pascale d’Alma, c’était pour lui demander conseil. Je voulais connaître sa position, selon elle, combien de temps me faudrait-il avant le début de mon quart de rame pour me préparer. En lui demandant, je n’avais pas idée de ce que j’aurais à faire dans ce cours laps de temps, certes mettre mes gants et mon harnais mais encore...
J’ai demandé à Pascale Maltais, parce que Pascale, c’est MA championne! C’est mon petit modèle, du haut de ses 16 ans, elle se dépasse à chaque jour et m’inspire beaucoup. Pascale est rigoureuse, talentueuse, énergisante et passionnée. Disciplinée et travaillante, j’ai beaucoup appris auprès d’elle lorsqu’on a fait un double lors d’un marathon à Ottawa en août dernier. Sa petite voix me revient parfois en tête en pleine nuit… « on reste efficace dans l’eau Mylène », « garde ton dos droit », « respire ».
Quand j’entends Pedro crier « Myleene, Myleene, Twelve minutes» I Say : « All right » … je pense parfois : « mais pourquoi Pascale a dit 12! 10, c’est pas assez, non? » Des fois, j’obéis, d’autres je reste au lit 2 minutes ou 3… je paye mon manque de discipline par la suite. Quand je pense à combien mon amie Pascale est rigoureuse, je me lève, je pense qu’elle, elle aimerait tellement çà être ici au centre de nulle part et n’avoir qu’a ramer et se dépasser! Je pense à nos oiseaux, je ris, je remet tout en perspective, je réalise combien je suis chanceuse de réaliser le rêve d’une vie… bien qu’il y en a bien d’autres qui viendront, je me dis «Pascale avait raison, j’ai besoin de ce 12 minutes pour me focusser, me préparer et me glisser dans la peau d’une vraie OCEAN ROWER. Parce que mon rêve c’est çà d’abord; être une ocean rower!
Pascale pour toi, voilà ce que je fais de mon 12 minutes:
Pedro m’appelle, je grogne, je réfléchi et je me tortille et me déplie pour me rendre à ma lampe torche que j’installe sur mon front. L’espace entre la couchette et le plafond de notre cabine n’offre qu’un petit 40 centimètres d’espace, il suffit de me plier un peu. Sortir du lit, c’est une série d’abdos en soi! Je regarde l’heure. XXh28! Je commence a XXh40. Mettre mes shorts ou mes « throussers », trouver mon ipod, prendre une barre chocolat ou une barre protéinée. (sans oublier mes Gaviscon qui pourront rétablir mes excès alimentaires) La nuit je choisi la tuque noire au lieu de la rose, reçues a noël de ma sœur, ce sera le cadeau le plus utile jusqu’ici. Non pas qu’il fait froid mais c’est super utile de me libérer de mes petits bébés cheveux agressants qui chatouillent mon visage durant la rame, avec tout le vent qu’il y a ici, on doit trouver les moyens.
Si je suis bien sortie du lit à XXh28, j’ai le temps de faire un café ou un chocolat chaud. C’est James et Matt qui en profitent avec moi dans les minutes qui suivront. Je mets mon imper rouge vif, Je mets mes gants Gill. J’ai choisi d’éliminer les étapes parasites… par exemple mettre des bas! Avant de partir du Maroc, j’ai acheté des souliers de surf, ils se mettent en un instant et restent mouillés. (Oui maman, j’ai les pieds mouillés 12 heures par jour) ils resteront à la température de mon corps et à chaque vague que la mer délivre sur le pont, mes pieds retrouveront la fraicheur de l’océan.
J’enfile mon harnais, ce qui peut devenir un vrai casse tête en pleine nuit (quelle sangle va où et comment?) En sortant sur le pont, je cherche des yeux ma ligne de vie sur laquelle mes amis ont écrit des mots d’encouragements et mon neveu Loïc, un dessin. L’étape cruciale, c’est de faire UN avec mon bateau, clip, clip, tout droit sur le dessin de Loïc, à chaque fois, je pense à lui. Je fais un Look-Out et scrute l’océan très longuement pour les cargos. Je choisis une nouvelle combinaison de foams, jel set ou skin cheap pour protéger mon derrière sur mon siège à coulisse. Je m’installe.
Les rames n’attendent qu’à retrouver l’eau, pour les rameurs que je connais, mes rames ont plutôt l’air des rames de pointes, longues et robustes. Rien à voir avec des rame des couples qu’on a quand même à bord au cas ou... Les manches sont fait de tulipe et le reste de carbone, noir et jaune. La pelle est une culière blanche qui coupe l’eau gracieusement. Je cherche les points lumineux réfléchissants sur les gros manches de bois, ces marques qui témoignent de la position des pelles dans l’eau et une fois prête j’enfile les rames dans les dame de nage où elle attendaient patiemment et m’élance à l’attaque. 2 heures durant…
Mes rames font office de prothèses, comme une extension de mon propre corps à moi, c’est mon contact direct avec la mer. Je ressens la pression, le courant, les flots, la vitesse et la résistance de l’eau du bout de doigts, je ressens même le vent si je les laisse en agripper un souffle. Malgré qu’elles soient résistantes au point de me jeter parfois au sol de l’embarcation, je les trouve agréables à manipuler, elles sont faites pour l’océan et toutes ces conditions.
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