samedi 20 août 2011

Changement de programme / Change of Tack


Since arriving in Bic, my experience has changed. I have much fewer opportunities to train and keep on heading towards the Magdalene Islands. The Nordet too often took control and I’ve had to reassess whether my goals were realistic. During my training runs on the St. Lawrence last week, a small incident slightly disturbed me. With no visibility, I had been trying for a few hours to move away from the shore to avoid its dangers and was constantly being pushed back by relentless currents. Without warning, and with much surprise on my part, I caught sight of two very big rocks on the starboard side. I then realised that I might get shipwrecked. My boat would be up to high sea conditions only, far from rocky coasts.

After that incident, I had the opportunity to discuss the situation with people from Matane, in order to find solutions.

One possibility: being escorted. A boat could tow me out to and back from the main channel before and after each run, so that I might row in open water far the shore. Unfortunately, it would be almost impossible to manage this option because of the difficulty of finding available boats at all my stops beyond Matane, and with the bad weather conditions, some boats would not be able to rendezvous with me. Last resort: being towed on land. I would have to ditch the Matane-to-Percé leg and travel directly on the road to Anse-à-Beaufils where I could quite safely set off once more, by myself and without help, with no shores or reefs to block my progress. The latter solution seemed awful to me. I reminded myself of my goals for the summer: train with the boat, acquire a better knowledge of the St. Lawrence River, and meet the public.

Mr. Hermel was the one who had a flash of inspiration: an outboard engine! It would allow me to avoid the dangers of the coasts, to get to the open sea, to come back swiftly if conditions deteriorated, to move away from danger, and to make up lost time and arrive as fast as possible at Anse-à-Beaufils, thus getting a good opportunity to sail off to the Magdalene Islands as soon as possible.

One must understand that the later I leave for Anse-à-Beaufils, the more I will potentially be impacted by anticyclone wakes in the Gulf. As the Nordet has made me lose more than two weeks, I'm forced to consider various unexpected alternatives and possibilities.  

People in Matane have been great; Mario, Jérome, Marie Giroux, Pierre, John, Delphis, and even my Radio-Canada friends have provided me with their advice and support. I quickly became aware of the positive aspects of this situation. Beyond the physical training, I was training mentally; I was learning to make decisions, to compromise, and to come to my own conclusions. Special thanks to Marie Giroux for supporting me, for repeating so often that my decision was the right one, as I was the only one who really knew my boat, and for convincing me that nobody else would do what I was doing.

A bombshell Wednesday afternoon. Since the Nordet was pinning me down in Matane, I was forced to drive to an event organized for my arrival at Sainte-Anne-des-Monts. Just before leaving Matane, I was surprised to see a trailer behind a city truck. Never have I felt so adored with no cause once there. Even though my boat had yet to arrive, I was treated to an honour guard and an eloquent speech by the Lady Mayor of Sainte-Anne. Not to be outdone, the local priest blessed my Peta on the jetty. Awesome!

Having found Marie-Eve Beaupré to be such a dynamic person on the phone, I had invited her some months ago to come aboard Peta for a test, perhaps even a quick outing. We thus left Sainte-Anne-des-Monts together to try to reach Rivière-au-Renard as quickly as possible, i.e. over two days. Despite a number of setbacks, Marie-Eve stayed on with me for a third consecutive night in Rivière-au-Renard. I simply adored having Marie-Eve on board – she is funny and cheerful and I missed her as soon as I set off.

Mr. Hermel and Gilles drove to Rivière-au-Renard in the motor vehicle to join me. With a support team on land now, I know that somebody has my back! From Rivière-au-Renard to Gaspé, Mr. Hermel took part in the journey and was in charge of the engine in rougher seas. With two-metre waves and a headwind, I was very happy to have someone taking care of the contraption for me! Whenever possible, as conditions allowed, I would row. Very slowly, I was able to accumulate eight and a half hours of rowing over the 18 nautical miles.

My stop in Gaspé was decided the previous day. As the weather was not conducive to my leaving Anse-à-Beaufils today or tomorrow, we opted for this small necessary detour so that I might better explore the area with a view to next year’s departure.

Ready this morning to take oars in hand and leave Gaspé, I’ll picture myself rowing towards France. On to Anse-à-Beaufils. The sun is rising, a light breeze whispering along with me. This passage in the bay will be unforgettable.


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Depuis Bic, mon expérience s’est transformée. J’ai beaucoup moins l’occasion de m’entraîner et continuer de progresser vers les Îles. Le Nordet s’est trop souvent imposé et j’ai du revoir si mes objectifs étaient raisonnables. La semaine dernière lors de mon entraînement sur le fleuve, tout juste avant mon coup de téléphone à Jérome, commodore de la marina de Matane, un petit événement m’a légèrement troublé. Sans aucune visibilité, je tentais depuis quelques heures de rejoindre le large afin d’éviter les cotes dangereuses, j’étais sans cesse repoussée vers la rive par des courants indomptables sans avoir la chance d'apercevoir le rivage. Sans avertir, j’ai eu la surprise d’entrevoir deux très gros rochers à tribord. J’ai alors réalisé que le naufrage me guettait, mon bateau serait en état d’assumer performance en haute mer seulement, loin des cotes rocheuses. 

Après cet épisode, j’ai pu discuter avec les gens de Matane afin d’entrevoir des solutions. Ironiquement, ma conférence présentée aux Méchins le dimanche soir était accompagnée du visionnement du film Mémoires de Marées. Le film traite de l’histoire des naufrages sur le Saint-Laurent, plus spécifiquement entre Rimouski et Sainte-Anne des Monts! 

J’ai du entrevoir différentes possibilités pour m’assurer plus de sécurité et me permettre de continuer mon entraînement sur le fleuve. Première solution; l’accompagnement. Un bateau pourrait venir me porter et me chercher au large avant et après chaque sortie afin de me permettre de ramer au large, loin des cotes. Malheureusement, il devenait presque impossible de gérer cette option vu la difficulté de trouver des embarcations disponibles à tous mes arrêts au-delà de Matane et avec les mauvaises conditions climatiques, certaines embarcations ne pourraient se permettre de venir à ma rencontre. Dernier recours; remorquage sur route. Je devais avec cette option laisser tomber la portion Matane à Percé et me rendre directement par voie terrestre à l’anse à Beaufils d’où je pourrais repartir seule et sans assistance en toute sécurité sans cotes et récifs pour entraver ma route. Cette solution m’apparaissait épouvantable. Je ne pouvais entrevoir la possibilité de sortir ma Peta de l’eau et de ne pas connaître le fleuve au complet. Je me suis rappelé mes objectifs de l’été; l’entraînement avec le bateau, mieux connaître le Saint-Laurent et rencontrer le public. 

C’est Monsieur Hermel qui a eu l’éclair de génie; un moteur! Effectivement, un engin à quatre temps me permettrait de me libérer des cotes, me diriger vers le large, revenir rapidement en cas de mauvaises conditions, m’éloigner des dangers et rattraper le temps perdu pour me rendre le plus vite possible à l’Anse à Beaufils et espérer un départ vers les îles de la Madeleine le plus tôt possible.

Il faut comprendre que plus j’accuse du retard pour mon départ de l’Anse à Beaufils, plus j’accumule les chances de frapper des restes d’anticyclones dans le golfe sur mon parcours vers les Îles. Le Nordet m’ayant retardé de plus de deux semaines m’oblige à repenser mon projet, d’entrevoir différentes alternatives et possibilités jusqu’alors insoupçonnées.  

Les gens de Matane ont été extraordinaires, Mario, Jérome, Marie Giroux, Pierre John, Delphis et même mes amis de Radio-Canada ont su me conseiller et m’apporter leur support. J’ai tôt fait d’observer ce que cette situation m’apportait de positif; loin de m’entraîner physiquement, je m’entraînais mentalement; je m’entraînais à prendre des décisions, à faire des concessions et à tirer mes propres conclusions. Merci Marie Giroux de m’avoir supporté de répété si souvent que ma décision était la bonne, parce que moi seule connaissait mon bateau et que personne d’autre ferait ce que je fais.

Mercredi après-midi; coup de théâtre; comme le Nordet me retenait à Matane, j’étais contrainte de me rendre à un événement organisé pour mon arrivée à Sainte-Anne des Monts en voiture. Tout juste avant de quitter Matane, j’ai eu la surprise de voir arriver une remorque derrière un camion de la ville. Jamais je ne m’étais sentie aussi adulée sans mérite une fois sur place, arrivée avant même mon bateau, j’ai eu droit à une haie d’honneur et à un éloquent discours de Madame le Maire de Sainte-Anne. Digne d’une pièce de théâtre curé est venu bénir ma Peta sur les pontons. C'était génial! 

Ayant trouvé Marie-Eve Beaupré super dynamique par téléphone, il y a de ça plusieurs mois, je l’avais alors invité à monter à bord de Peta pour un essai voir une petite promenade. Super enjouée, Marie-Eve désirait toujours monter à bord et ce même après mes mésaventures de Nordet. Nous sommes donc parti de Sainte-Anne des Monts ensembles pour tenter de rejoindre Rivière au Renard le plus rapidement possible sur deux jours. Même après avoir touché le fond à Mont-Louis, eu des problèmes moteur durant la nuit, avoir été percuté par un MMNI (mammifère marin non identifié) Marie-Eve est restée pour une troisième nuit consécutive avec moi à Rivière au Renard. J’ai adoré avoir Marie-Eve à bord moi, drôle et enjouée, le temps s’est écoulé trop vite, sa présence m’a manqué dès son départ.

À Rivière au Renard, Monsieur Hermel et gilles sont venus me rejoindre avec le véhicule motorisé. Maintenant, équipée d’un support physique au sol, je me sens bien entourée! De Rivière au Renard à Gaspé, Hermel faisait partie du voyage et s’est occupé du moteur dans les mers difficiles. Devant les creux de deux mètres avec le vent contraire j'étais bien heureuse de voir quelqu'un s'occuper de l'engin pour moi! Aussitôt que possible, lorsque les conditions le permettait; je ramais. Très lentement, j’ai pu cumuler 8h30 de rame sur les 18 miles nautiques.

Mon arrêt à Gaspé s’est décidé la veille, comme la météo ne serait pas favorable à mon départ de l’anse à Beaufils aujourd’hui ou demain, nous avons opté pour ce petit détour nécessaire pour que je puisse mieux explorer les lieux pour un départ l’an prochain. 

Maintenant prête à partir sur mes avirons, je vais m’imaginer ramer pour la France en quittant Gaspé ce matin. Direction Anse à Beaufils. Le soleil se lève, une brise légère est avec moi. Un grand trois mats est prévu quitter à la même heure. Mon passage dans la baie sera inoubliable.

1 commentaire:

  1. Yvonne Bouchard20 août 2011 à 09:57

    Bonjour Mylène,
    Quel récit passionnant. La vie se charge parfois de nous offrir des sentiers difficiles qui nous forcent à grandir. Elle se veut aussi une bonne conseillère à qui veut bien l'écouter, comme toi Mylène, en mettant sur notre route des personnes sages qui peuvent nous guider et nous aider à faire de bon choix. L'important au fond est d'atteindre ton objectif peu importe le parcours.
    L'Anse à Beaufils sera ton prochain tremplin vers ton but. Garde espoir Mylène.
    Chapeau pour tout ce que tu fais, pour ta détermination et ton courage à chaque coup de rame!
    Allez, je continue de te suivre!
    Bise amicale.
    Yvonne xx

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