J'éclate souvent de rire quand ca arrive… jusqu'à ce que l'eau se réchauffe
un peu sur ma peau. Depuis que LA grande vague a rempli mon ciré, il y a
quelques jours, le confort est devenu bien relatif. Alors, quand l'océan me
lance un embrun au visage, je ris que le sel goute bon.
Durant la première semaine de transat, j'avais rarement été seule et heureuse
en même temps. La mer m'arrachait systématiquement tout ce que je tentais d'
avaler et provoquait en moi un malaise et une nausée persistante et aussi
grosse que la mer à l'extérieur. Ce mal de mer faisait de moi une larve
humaine. Malgré mon état lamentable, je persistais à faire mes quarts et à
aucun moment j'ai douté d'avoir affaire ici.
À l'ouest de l'Irlande, un système dépressionnaire résistait à notre
progression vers l'ouest. Comme s'il s'était stationné sur notre position, ce
système nous a offert plus de 72 heures de vents forts avec des rafales
avoisinant les 40 nœuds, en plu d'une navigation difficile au près serré, il
nous a transporté dans un moment qui semblait appartenir à l'éternel. Après
quatre jours de gite et d'embruns, à l'intérieur de Namasté, c'était assez
chaotique.
Régulièrement, lorsque le bateau quittait une crête pour atteindre un creux
plus bas, je me réveillais un moment en apesanteur et le moment suivant
pulvérisée avec un tel choc sur le matelas de ma bannette ou sur le bois l'
entourant.
Dans ces moments de haute voltige, il m'arrive de penser à mon ami Pierrot.
En apprenant que je ferais partie de l'équipage pour traverser l'Atlantique à
la voile de la France au Québec en passant par le Groenland, j'avais trop
souvent cassé les oreilles de mon colloc adoré en gambadant dans le loft et
en criant à tue tête « Groenland, Atlantique, je vais être en mer six
semaines… six semaines, six semaines, six semaines, Gro-en-land, Gro-en-land,
Gro-en-land!!! »
Ces trois derniers jours ont étés plutôt tranquilles. Le vent s'est calmé des
fois à presque néant nous obligeant à sortir la voile Volvo 4 temps entre nos
navigations sous spi ou entre nos allures de grand-largue. Depuis, des
rafales de vent ont dicté au spi de retrouver sa chaussette et nos fichiers
météo nous ont annoncé une autre basse pression. D'ici quelques heures, et
c'est déjà commencé, le vent se mettra à souffler depuis notre direction; le
Nord Ouest. Avec que 500 miles nautiques à parcourir avant d'atteindre le
Groenland, je crois que l'océan devait nous en faire voir un peu plus.
Une chose est certaine en tout cas pour mon quart la nuit prochaine; je vois
déjà quelques éclats de rire et des embruns.
Courage Mylène ! :)
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